Le climat, une affaire avant tout de satellites

Par Michel Cabirol  |   |  633  mots
Le satellite Merlin va mesurer précisément la quantité de méthane (CH4), un gaz à effet de serre présent dans l'atmosphère
Le rôle du spatial dans l'étude et la préservation du climat ainsi que l'observation de la Terre est crucial.

"Sur les 50 variables climatiques essentielles établies par le GIEC (Groupe d'experts international sur l'étude du climat), 26 ne sont observables que depuis l'espace", a expliqué le 18 novembre le président du CNES, Jean-Yves Le Gall, lors d'une conférence de presse organisée par l'Association des journalistes professionnels de l'aéronautique et de l'espace (AJPAE). Le rôle du spatial dans l'étude et la préservation du climat n'est donc plus à démontrer. Une flotte mondiale de 30 à 40 satellites dédiés au climat est actuellement en service pour mesurer le réchauffement de la planète, l'augmentation des océans et la hausse des concentrations de gaz à effet de serre.

En dépit de l'importance donnée à ces sujets dans le cadre de la COP21, durant laquelle  152 chefs d'État présents vont négocier, pour tenter d'aboutir à un accord historique en vue de limiter le réchauffement climatique à 2°, les crédits n'ont pas pour autant décollé ces dernières années pour l'ensemble des programmes d'observation de la Terre et de l'étude du climat. L'Europe y consacre entre 2 et 4 milliards d'euros par an en moyenne, la France entre 200 et 300 millions par an, selon une estimation de Jean-Yves Le Gall.

 Une industrie française et européenne à la pointe

C'est peu mais il y a néanmoins de très belles surprises programmatiques comme c'est le cas de Merlin (Methane Remote Sensing Lidar Mission). Confié à Airbus Defence and Space, qui avait également été choisi en avril 2014 pour construire la prochaine génération de satellites européens météo (Metop-Second Generation), ce programme est une nouvelle mission innovante dédiée à l'étude du climat. Il va mesurer précisément la quantité de méthane (CH4) présente dans l'atmosphère ainsi que ses variations spatiales et temporelles. "Grâce à ces observations, il sera possible de mieux localiser et quantifier les sources et les puits de ce puissant gaz à effet de serre, a expliqué le CNES. Autant de données précieuses au service des politiques environnementales".

Thales Alenia Space, qui a obtenu la construction du satellite océanographique SWOT (Surface Water and Ocean Topography), n'est pas en reste. Trois satellites dédiés au climat et à l'environnement et construits par TAS, devraient être lancés en 2015 : le satellite météo MSG-4 a été lancé le 2 juillet par Ariane 5 ; le satellite altimètre en orbite basse qui mesure la hauteur des océans avec la précision centimétrique, Jason 3, par le lanceur américain Falcon 9, qui n'est pas encore revenu en vol ; le satellite Sentinelle 3, qui transmettra des données sur la surface et l'atmosphère de la Terre, en fin d'année à Plessetsk par le lanceur russe Rockot.

Le CNES, chef d'orchestre

L'expertise de l'océanographie au CNES remonte aux années 80, avec la mission franco-américaine Topex-Poseidon, lancée en 1992, qui a ouvert une véritable voie dans ce domaine, dont l'héritage perdure aujourd'hui avec les satellites Jason. Depuis lors, les contributions du CNES à la flotte des satellites et missions étudiant le climat ont été très nombreuses, avec notamment les satellites Pléiades pour l'observation, la mission SMOS dédiée à la mesure de l'humidité des sols et de la salinité de l'océan, ou encore les instruments IASI pour l'étude de l'atmosphère.

Le CNES s'apprête désormais à lancer les missions MicroCarb et Merlin, en 2020. La première aura pour mission de mesurer les émissions régionales de gaz carbonique et la seconde scrutera celles de méthane, les deux principaux gaz à effet de serre responsables de la hausse de la température mondiale globale. D'une façon générale, Jean-Yves Le Gall estime qu'il y a une "prise de conscience de l'enjeu climatique partout dans le monde".