De plus en plus de Français prennent l'avion pour se déplacer entre deux villes régionales

Par Fabrice Gliszczynski  |   |  463  mots
(Crédits : Stefano Rellandini)
Au-delà de la concurrence et de la complémentarité entre le train et l'avion, il demeure que les lignes aériennes transversales (de région à région) sont nécessaires à la mobilité des personnes et au développement économique des métropoles.

La formule proposée par François Ruffin pour déterminer les lignes aériennes intérieures à supprimer ne concerne pas, pour l'essentiel les lignes transversales (de région à région). Celles-ci sont en effet nécessaires au développement économique des grandes métropoles régionales. Et pour cause : en raison de la longueur des trajets en train et en voiture, le choix de l'avion sur ces lignes est pertinent : la durée moyenne du trajet en train dépasse neuf heures sur les lignes Bordeaux-Nice ou Toulouse-Brest, et dure plus de cinq heures entre Nantes et Strasbourg, quand l'avion assure les mêmes trajets en une heure. Sur ce réseau de lignes transversales, l'avion joue un rôle prépondérant. « Cette partie du réseau français affiche la croissance du trafic la plus dynamique », explique Thomas Juin, le président de l'Union des aéroports français.

Nouvelle clientèle

En 2018 en effet, le trafic aérien sur les lignes transversales a bondi de 10% quand il a diminué de 1,7% sur les lignes reliant Paris à des villes régionales. Cette forte croissance du trafic en région a permis de dépasser le record de 2000 du nombre de passagers voyageant en avion sur des lignes intérieures.

Surtout le profil de clientèle a changé. Pendant des années, les lignes aériennes transversales étaient assurées par les filiales d'Air France avec des prix élevés que seuls les voyageurs d'affaires pouvaient payer. Ses tarifs étaient souvent la conséquence de coûts au siège très importants, accentués par l'utilisation d'avions plus petits. L'arrivée il y a quelques années de compagnies low cost étrangères, comme EasyJet, Volotea et Ryanair, a bouleversé le paysage.

Avec des coûts d'exploitation moins élevés et des avions de plus grande capacité en sièges qu'il fallait remplir (de 100-150 places, voire 188 dans le cas de Ryanair), ces compagnies ont fait chuter le prix du transport aérien entre les villes régionales. Surtout, elles ont attiré une nouvelle clientèle qui n'utilisait pas l'avion jusqu'ici. Il ne s'agit pas pas tant de clientèle touristique que de voyageurs allant rendre visite à des amis ou à des membres de leur famille (clientèle dite « Visit Friend and Family »).

« Par exemple, entre Toulouse et Brest ou Toulouse et Caen, ils représentent respectivement 80% et 50% du trafic . Il y a une attente pour que la mobilité interrégionale se développe », explique Thomas Juin.

Or ce trafic qui n'existe que par la vente de billets d'avion abordables pourrait être fragilisé par un alourdissement de la taxation.

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