DCNS victime d'une fuite massive de données sur son sous-marin Scorpène

Par latribune.fr  |   |  528  mots
Les fuites pourraient venir d'Inde, où un Scorpène a été livré en fin d'année dernière à Bombay (photo) et devrait intégrer la marine indienne dans quelques semaines.
Les 22.400 pages de données, consultées par le journal The Australian, décrivent les sondes des vaisseaux et les systèmes de communication et de navigation. De quoi inquiéter l'Inde et le Brésil, qui utilisent le sous-marin, ainsi que l'Australie, où DCNS a remporté un contrat en or fin avril.

[Article publié à 8h59 et mis à jour à 14h15]

Les révélations sont fâcheuses, et préoccupantes pour DCNS. Le constructeur naval français a été victime d'une fuite massive d'informations techniques sur ses sous-marins Scorpène, rapporte mercredi le journal The Australian. Le groupe DCNS, détenu à 62% par l'Etat français, a indiqué à l'AFP que "les autorités nationales de sécurité" françaises "enquêtent", sans donner plus de détails. "Cette enquête déterminera la nature exacte des documents qui ont fait l'objet de ces fuites, les préjudices éventuels pour nos clients ainsi que les responsabilités", a ajouté le groupe.

Des informations sensibles mais non confidentielles

Les 22.400 pages divulguées, que le quotidien australien affirme avoir consultées, détaillent les capacités de combat des Scorpène de la DCNS, conçus pour la marine indienne et dont plusieurs unités ont été achetées par la Malaisie et le Chili. Le Brésil doit lui aussi déployer ces submersibles à partir de 2018. Concrètement, les documents décrivent les sondes des vaisseaux, leurs systèmes de communication et de navigation, et 500 pages sont consacrées exclusivement au système de lance-torpilles. Selon le quotidien, DCNS aurait laissé entendre que les données pourraient provenir d'Inde plutôt que de France, après avoir été emportées hors de l'Hexagone par un ancien officier de la marine française en 2011. Il s'agirait, selon l'entreprise, d'éléments sensibles mais "non non critiques et non confidentielles".

Le constructeur naval a déclaré mercredi ne pas pouvoir exclure la thèse de la "guerre économique", la concurrence dans le domaine étant "de plus en plus dure""Nous, nous ne pouvons pas nous avancer sur des allégations qui sont faites. C'est pour cela que nous demandons aux autorités de faire une enquête", a toutefois tempéré une porte parole de DCNS interrogée par Reuters.

L'Australie pas concernée par le Scorpène

La fuite pourrait également inquiéter l'Australie, qui a octroyé en avril un contrat de 50 milliards de dollars australiens (38 milliards de dollars US) au groupe DCNS pour concevoir et fabriquer sa prochaine génération de submersibles.

Le Premier ministre australien Malcolm Turnbull a reconnu que cette fuite était "préoccupante" tout en en relativisant l'impact éventuel pour l'Australie. "Le sous-marin que nous construisons ou que nous allons construire avec les Français s'appelle le Barracuda, et est totalement différent du Scorpène conçu pour la marine indienne", a-t-il dit à la chaîne australienne Channel Seven. "Nous avons les dispositifs de protection de nos informations de Défense les plus élevés, que ce soit dans le cadre d'échanges avec d'autres pays ou en Australie", a-t-il ajouté.

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Bien que le contrat des sous-marins australiens soit revenu à la DCNS,  le système de combat secret des 12 sous-marins Shortfin Barracudas est fourni par les Etats-Unis. Les submersibles australiens sont des versions réduites des Barracudas français. Ils devraient être mis en service dans une dizaine d'années.

(Avec AFP)