Pourquoi les militaires se sont fait massivement voler des explosifs

Par Michel Cabirol  |   |  562  mots
Près de 180 détonateurs, une dizaine de pains de plastique et une quarantaine de grenades ont été volés dans un site militaire de stockage de munitions de l'armée de terre à Miramas
Selon le député "Les républicains" (Haute-Marne), François Cornut-Gentille, "les premières informations transmises par le ministère de la défense révèlent des défaillances majeures de la sécurité". Il met en cause la Direction de la protection et de la sécurité de la défense (DPSD).

Près de 180 détonateurs, une dizaine de pains de plastic et une quarantaine de grenades ont été volés dans un site militaire de stockage de munitions de l'armée de terre à Miramas (Bouches-du-Rhône). Le vol a été constaté lundi et huit ou neuf bâtiments du site de Miramas auraient été visités. "Les autorités militaires locales ont détecté, lundi en début d'après-midi, une intrusion par effraction au dépôt de Miramas du Service Inter-armées des Munitions (SIMU)", a confirmé le ministère de la Défense dans un communiqué publié ce mardi. Le parquet de Marseille a été saisi de cette enquête.

Pourquoi un tel vol ? Pour le député "Les républicains" (Haute-Marne), François Cornut-Gentille, spécialiste des questions de défense, "les premières informations transmises par le ministère de la défense révèlent des défaillances majeures de la sécurité" des sites militairesUne mission qui incombe à la Direction de la protection et de la sécurité de la défense (DPSD) chargée de veiller à leur bonne sécurisation. Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a d'ailleurs ordonné "une enquête de commandement pour analyser les faits, l'organisation et les éventuelles responsabilités", a précisé le communiqué.

Seulement 93% des sites inspectés

Pour François Cornut-Gentille, qui s'appuie sur des documents budgétaires transmis au Parlement, notamment un indicateur dit de performance relatif au "taux des sites du domaine militaire et des sites industriels et économiques liés à la défense inspectés dans les délais prescrits", la DPSD serait en cause. Cet indicateur "a permis de révéler les graves défaillances de la DPSD qui inspectait que les deux tiers des sites prescrits en 2008 et 2009. Depuis, un effort significatif, concomitant à une diminution du nombre des sites sous surveillance, a été accompli pour afficher un bilan dépassant les 90 %, 93 % en 2014".

Mais, assure François Cornut-Gentille, "au regard des menaces qui pèsent sur l'ensemble des sites, il est difficilement compréhensible que l'objectif de 100 % ne soit ni visé, et encore moins atteint. Si le ministère de la défense n'a manifestement pas compris cette évidence, les braqueurs de Miramas l'ont bien intégrée". Dans son communiqué, le ministère de la Défense a expliqué avoir confié à la direction de la Protection des installations, moyens et activités de la Défense (DPID), un organisme nouvellement créé, "la mission d'évaluer, sous quinzaine, la protection de l'ensemble des sites militaires de stockage de munitions et de proposer les mesures correctrices qui s'imposeraient".

Une enquête ouverte

Une enquête a été ouverte mardi après le vol de munitions et d'explosifs constaté lundi sur cette plateforme logistique servant aux opérations extérieures de l'armée de terre, a indiqué le procureur de Marseille, Brice Robin. L'enquête, pour vol avec effraction commis en bande organisée et introduction frauduleuse dans une enceinte militaire, a été confiée à la section de recherches de la gendarmerie nationale de Marseille et à l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale, a-t-il précisé.

"De nombreux moyens ont été mis oeuvre incluant la mobilisation du groupement de gendarmerie départementale des Bouches-du-Rhône ainsi que celle d'un escadron de gendarmerie mobile", a expliqué le procureur de Marseille.