Pourquoi Thales peut être soulagé d'avoir vendu quatre satellites espions à la Corée du Sud

Par Michel Cabirol  |   |  507  mots
Thales Alenia Space a vendu à la Corée du Sud quatre satellites d'observation radar. (Crédits : Thales Alenia Space)
Cinq ans après avoir lancé sur fonds propres son programme de satellite d'observation radar (Earth-Observer SAR) destiné à l'exportation, Thales Alenia Space a enfin signé son premier contrat.

C'est un très beau coup commercial qu'a réalisé Thales Alenia Space (TAS) en Corée du Sud en vendant quatre satellites d'observation radar pour un montant estimé, selon nos informations, à 250 millions d'euros. D'abord parce qu'il a soufflé le contrat au nez et à la barbe à son meilleur rival Airbus, qui a fait longtemps la course en tête à Séoul. Surtout  parce que TAS Italie vend pour la première fois son petit satellite d'observation radar Earth-Observer SAR (un satellite radar à synthèse d'ouverture pesant 700 kg environ), lancé à Rome mi-2013 sur fonds propres pour le marché export. On pourrait dire enfin... Car un premier contrat pour ce programme était attendu depuis 2016, voire 2015.

Cette constellation sera utilisée par les autorités coréennes pour des "applications de surveillance, d'intelligence et de contrôle de zones d'intérêts spécifiques par l'acquisition d'images haute résolution", a expliqué TAS dans son communiqué. Très clairement, des satellites espions... Expert européen en imagerie radar de haute résolution, la société franco-italienne avait déjà fourni les instruments radar du satellite d'observation sud-coréen Kompsat 5.

Signature de deux contrats

Dans ce cadre, TAS, société conjointe entre Thales 67% et Leonardo 33%, a signé deux contrats, l'un avec la Korean Aerospace Industries (KAI) et l'autre avec Hanwha Systems Corporation (HSC), pour développer une constellation de quatre satellites d'observation radar haute résolution appelée Korea "425 Project" pour le compte de l'agence en charge des programmes de défense en Corée ADD (Agency for Defence Development).

Les deux contrats prévoient une coopération technique entre TAS et les entreprises coréennes, notamment KAI. D'ailleurs, certains savoir-faire requis pour développer des satellites radar à synthèse d'ouverture (SAR) seront transférés progressivement aux entreprises coréennes "avec une implication maximale de leur part dans la production du quatrième satellite de la constellation, leur permettant ainsi de croître de manière significative dans le domaine de la conception et du développement des systèmes d'observation de la Terre", a expliqué TAS dans son communiqué. Ainsi à terme, les sud-coréens deviendront de féroces concurrents aux constructeurs européens.

Héritage de Cosmo-Skymed

Ces satellites sont l'héritage de la maîtrise d'œuvre du système spatial dual italien d'observation radar Cosmo-Skymed, constellation composée de quatre satellites. En 2014, TAS avait obtenu de l'Agence Spatiale Italienne (ASI) une nouvelle tranche du financement pour le programme COSMO-SkyMed nouvelle génération, comprenant deux satellites d'Observation radar de la Terre.

Les sud-Coréens bénéficieront de nouvelles technologies développées par TAS : Dancing Satellite, qui permet au satellite après un "mouvement de déhanché" grâce à un rotor rotatif de se recaler et optimiser la performance de ses sondeurs, et d'une nouvelle antenne d'un diamètre de cinq mètres, qui déploiera dans l'espace ces 24 pétales. L'agilité est, selon TAS "l'atout principal nécessaire pour mener à bien les missions dévolues à cette nouvelle génération de satellites haute résolution".