Sincérisation du budget de la défense, une arme contre les armées ?

Par Michel Cabirol  |   |  501  mots
En 2017, les armées vont devoir assumer la totalité du surcoût des OPEX (850 millions d'euros en plus des 450 millions inscrits en loi de finances initiale) qui était jusqu'ici réparti entre les autres ministères au nom de l'effort collectif de défense.
La sincérité souhaitée pour le budget de la défense se retourne contre les armées. En 2017 et 2018, elles paieront le surcoût des opérations extérieures.

Et si les armées étaient les victimes de la "sincérisation" du budget des Armées? Si bien sûr la sincérité du budget de la défense, comme le réclament la Cour des comptes et Bercy depuis des années, va dans le bon sens, elle plombe néanmoins déjà les budgets 2017 et 2018 des armées. Et ce contrairement à ce qu'avait promis en mars dernier Emmanuel Macron qui avait précisé construire une trajectoire budgétaire en faveur des armées (50 milliards d'euros en 2025) hors pensions et hors surcoûts des opérations extérieures (OPEX). Ce n'est pas le cas...

Aux armées de payer le surcoût des OPEX

En 2017, les armées vont devoir assumer la totalité du surcoût des OPEX (850 millions d'euros en plus des 450 millions inscrits en loi de finances initiale) qui était jusqu'ici réparti entre les autres ministères au nom de l'effort collectif de défense. En 2016, le budget de la défense avait même été exempté de contribuer à son financement. En 2018, Emmanuel Macron a déjà annoncé en juillet que le budget des Armées serait porté à 34,2 milliards d'euros (contre 32,7 milliards en 2017), dont 650 millions inscrits en LFI pour payer le surcoût des OPEX. Ce qui prive déjà les armées de 200 millions d'euros sur l'enveloppe du budget des armées de 2018 (hors pensions). Et qui financera l'année prochaine le solde, qui devrait s'élever autour de 500/600 millions d'euros?

En outre, les travaux préparatoires de la loi de programmation militaire (LPM) intègreraient d'ores et déjà un financement du surcoût des OPEX par le budget des armées. On est loin du discours de campagne d'Emmanuel Macron. D'autant que la bataille ferait également rage sur les pensions, dont certains (Bercy?) aimeraient les réintégrer dans la trajectoire financière de la LPM.

Les armées inquiètes

A l'occasion de l'université d'été de la défense, le nouveau chef d'état-major des armées, le général François Lecointre a d'ailleurs insisté sur la nécessité de maintenir un financement interministériel des OPEX plutôt que de faire porter l'effort sur le seul ministère des Armées. "Qu'on ne prétende pas atteindre l'inatteignable qui sera extrêmement dangereux, c'est-à-dire le ministère des Armées, quoiqu'il arrive, prendra sous enveloppe la totalité des dépenses des opérations extérieures", a-t-il expliqué. Certains députés sont également inquiets, y compris dans la majorité. Ils sont prêts à monter au front pour défendre la gamelle des militaires.

"Un complément de solidarité interministériel (...) est extrêmement important pour montrer que ce ne sont pas les armées qui décident de leurs engagements mais que c'est bien un engagement des armées de la France qui est voulu par le gouvernement, le président et qui est validé par le parlement", a estimé le chef d'état-major des armées.