Sous-marins : DCNS remet son offre dans la compétition du siècle en Australie

Par Michel Cabirol  |   |  726  mots
DCNS propose un nouveau sous-marin dérivé du Barracuda, le Shortfin Barracuda Block 1A
En Australie, les constructeurs de sous-marins remettent ce lundi leur offre engageante pour un programme estimé entre 30 et 35 milliards. d'euros.

Pour DCNS et pour les deux autres candidats (l'allemand ThyssenKrupp et le consortium japonais, composé de Mitsubishi Heavy Industries et Kawasaki Heavy Industries), c'est le jour de la remise des copies en Australie. Une compétition pas comme les autres. C'est la compétition du siècle "Sea 1000" en vue d'équiper la marine australienne de 6 à 12 sous-marins océaniques de plus de 4.000 tonnes. Soit un contrat estimé à plus de 34 milliards d'euros pour 12 bâtiments, qui remplaceront la flotte de vieux Collins, dont le premier est entré en service en 1996 et fabriqués par le suédois Kockums. Le premier sous-marin doit entrer en service en 2027 dans la Royal Australian Navy.

Trois candidats internationaux ont soumissionné à cet appel d'offres, a annoncé lundi le gouvernement australien. Les trois candidats sont le groupe naval DCNS, l'allemand ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS) et le gouvernement japonais, a indiqué la ministre de la Défense Marise Payne, après la clôture de l'appel d'offres.

Cette compétition sera structurante pour l'avenir de l'industrie navale mondiale. Pourquoi ? Parce que la marine australienne va consacrer un type de sous-marin de 4.000 tonnes de nouvelle génération qui pourrait prendre un avantage commercial crucial pour les 20 prochaines années, estiment certains observateurs. DCNS propose un sous-marin de 90 mètres de long pour 4.000 tonnes de déplacement en plongée, un navire dérivé du sous-marin nucléaire Barracuda, le Shortfin Barracuda Block 1A.

Offres engageantes

Les trois concurrents remettent ce lundi une offre engageante. Mais la compétition "Sea 1000" pourrait être parasitée par les prochaines élections fédérales australiennes (élections législatives), qui sont prévues pour la seconde moitié de l'année 2016. Plus précisément, elles devront se tenir entre le 6 août 2016 et le 14 janvier 2017. La décision de Canberra est attendue à l'horizon de la fin du premier trimestre 2016.

Que veulent exactement les Australiens? Pour gagner cette compétition, les trois rivaux devront répondre au mieux aux exigences très ciblées de la marine australienne, qui a défini, outre le prix, cinq critères prioritaires : performance des bâtiments, industrialisation, soutien et maintien en condition opérationnel (MCO) au-delà de 2040, capacité à intégrer un système de combat américain (Raytheon ou Lockheed Martin) dans la continuité des Collins et enfin, signature d'un accord de gouvernement à gouvernement.

Canberra est enfin désireux de faire participer l'industrie australienne à ce programme alors qu'il existe des craintes sur l'avenir de l'industrie nationale de construction navale. Marise Payne a précisé dans un communiqué que l'évaluation des offres "incluera le niveau de participation possible de l'industrie australienne en vertu de chaque option".

TKMS remet également une offre

ThyssenKrupp a soumis une offre "très solide" en vue de construire une nouvelle flotte de sous-marins destinés à l'Australie, a déclaré lundi à Reuters le responsable chargé du projet. Le contrat, estimé à 36 milliards de dollars (34 milliards d'euros), serait le plus gros décroché par le groupe industriel allemand s'il l'emportait. Hans Christoph Atzpodien a précisé que ThyssenKrupp soumettrait une offre à prix fixe s'il franchissait la prochaine étape de l'appel d'offres, qui, selon lui, devrait aboutir au choix du candidat final avec pour objectif de formaliser son offre au premier semestre 2016. Hans Christoph Atzpodien a ajouté que le groupe allemand envisageait de créer de 2.000 à 3.000 emplois en Australie s'il remportait le marché.

La chancelière Angela Merkel, avait apporté publiquement le 13 novembre le soutien de son gouvernement à la candidature de TKMS pour l'appel d'offres lancé par l'Australie. "Le gouvernement allemand soutient l'offre allemande", avait déclaré Angela Merkel à la presse après une rencontre avec le Premier ministre australien, Malcolm Turnbull, alors que les membres du gouvernement allemand se prononcent rarement en public sur ce genre de dossier. "Nous pensons que nos entreprises peuvent offrir une qualité élevé et que c'est un élément qui devrait être convaincant", avait-elle ajouté.

A Tokyo, un responsable du ministère de la Défense a affirmé que la proposition du Japon incluait des plans pour construire les sous-marins en Australie. Initialement, les Japonais étaient très réticents pourtant à inclure dans leur offre la construction des sous-marins en Australie. En août dernier, une délégation nipponne avait refusé de s'engager à construire les sous-marins de type Soryu, long de 84 mètres et déplaçant 4.200 tonnes en plongée, sur le sol australien.