Trop cher, le drone MALE européen devra passer par le repêchage

Par Michel Cabirol  |   |  466  mots
"Il n'y a pas de chèque en blanc" des Etats pour les industriels qui développent le programme Eurodrone (Crédits : Dassault Aviation)
La France a estimé que la proposition des industriels, qui développent l'Eurodrone, est excessive.

Le programme Eurodrone est dans les turbulences. Le ministère des Armées n'est pas satisfait de la première proposition financière remise fin mai à l'OCCAR (Organisation conjointe de coopération en matière d'armement) de la part des industriels (Airbus, Dassault Aviation et l'italien Leonardo), qui développent et fabriqueront le futur drone MALE (Medium altitude, long endurance) européen. "C'est une offre excessive à ce stade", a-t-on jugé dans l'entourage de la ministre des Armées. En clair, l'offre, qui aurait dû être remise en fin d'année dernière, est "trop chère". Les trois industriels sont donc contraints de revoir leur copie sur l'Eurodrone, dont la maîtrise d'oeuvre a été confiée à Airbus.

"Le fait qu'ils aient pris du retard indique peut être qu'ils ont eu des difficultés à mettre au point" une offre sur le programme Eurodrone, .

A l'Hôtel de Brienne, on reproche surtout au programme Eurodrone "une inflation de ses caractéristiques". D'où le prix excessif. "Il y a donc une nécessité d'engager de nouvelles discussions" pour trouver un point d'équilibre entre les Etats clients et les industriels, a-t-on souligné. "On ne fera pas ce programme à n'importe quel prix", a-t-on précisé. Un avertissement sans frais en direction des industriels. "Nous avons une exigence collective de réussite de ce projet. Mais il n'y a pas de chèque en blanc : c'est d'abord aux industriels de démontrer leur compétitivité", a d'ailleurs expliqué le Délégué général pour l'armement, Joël Barre dans une interview à La Tribune publiée vendredi 14 juin.

Un contrat signé fin 2019

Cette nouvelle négociation va permettre de passer de la phase des études à la phase de réalisation. "Le deuxième semestre de cette année sera consacré à la négociation de l'offre, et nous avons pour objectif de boucler les négociations pour la fin de l'année", a affirmé le DGA, qui a "une exigence très forte de compétitivité pour nos propres drones". L'Eurodrone, qui a obtenu un financement européen grâce au fonds de la défense européen, doit voler dans le ciel du Vieux-Continent en 2025. Doté de 520 millions d'euros pour l'année 2019-2020, ce fonds a alloué 100 millions d'euros à l'Eurodrone développé par l'Allemagne, la France, l'Espagne et l'Italie.

La question du prix est importante. Dans ce contexte, l'Allemagne se serait engagée à prendre à son compte les surcoûts liés à la motorisation de l'Eurdrone. Mi-2017, les pays partenaires avaient conclu un accord sur la configuration du drone, optant in fine pour un système biturbopropulseur. Résultat, la facture pourrait s'élever à plus de 2 milliards d'euros, soit plus du double de l'estimation d'un projet précédent (1 milliard d'euros). Un projet qui sera difficilement exportable en l'état...