Fruits et légumes : pourquoi les producteurs ne veulent plus payer

Par Marina Torre  |   |  431  mots
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Les producteurs de fruits et légumes se disent asséchés et multiplient les coups d'éclat pour réclamer des aides et une harmonisation des normes européennes. Ils se plaignent en particulier des effets de la "crise du concombre" et de la mauvaise météo de l'été.

Les producteurs de fruits et légumes multiplient les manifestations de colère. Dernière en date : une grève des cotisations patronales décidée par Légumes de France, syndicat affilié à la FNSEA.

Jeudi, d'autres opérations étaient menées, comme le déversement de fruits sur l'autoroute A7 près de Lançon, des blocages de camions frigorifiques provenant d'Espagne ou encore une manifestation dans les Bouches-du-Rhône.

Eté noir pour les fruits et légumes

En cause, un été noir pour les fruits et légumes. Malgré la chaleur précoce au printemps favorable à la production, le mauvais temp en juin et juillet et surtout l'épidémie d'E.Coli ont contribué à faire baisser la consommation.

Le prix de vente des pêches, prunes, poires, melons, tomates, concombres et artichauds est inférieur de 15 à 45% à la moyenne des cinq dernières années selon France AgriMer, organe du ministère de l'Agriculture, qui les a de ce fait déclarés "en crise".

"Nous n'avons plus de rentrée d'argent", s'alarme Angélique Delahaye, présidente de Légumes de France. "Les prix ne remboursent même pas l'emballage", se plaint l'agricultrice qui produit notamment des concombres et des tomates. Avec son association de producteurs, elle a donc décidé de ne plus payer ses cotisations patronales, ni certaines factures comme le gaz ou l'éléctricité, et préfère "privilégier les salaires et les fournisseurs locaux". Elle espère même que 10 à 15.000 de ses collègues agiront de même.

Concurrence espagnole

Leur revendication principale reste la même que celles des agriculteurs les plus irrités qui vont jusqu'à déverser des tonnes de fruits sur les routes. Tous exigent le versement au plus vite de l'aide européenne promise après la crainte - infondée - de contagion à la bacterie E.Coli sur les concombres, salades et tomates.

De manière récurrente, ils demandent aussi une harmonisation des normes environnementales et sociales avec l'Espagne. Les producteurs espagnols sont d'ailleurs accusés d'envoyer en France des cargaisons sans prix ni destinataires, ce qui est illégal. La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) doit prochainement publier des chiffres sur ces pratiques.

En attendant, une réunion d'urgence des représentants de la filière est prévue le 17 août. Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, doit aussi s'entretenir avec son homologue espagnol, Rosa Aguilar, pour évoquer cette crise qu'il a qualifiée de "bien réelle" ce vendredi.