La direction de Carrefour sur la sellette

Par Juliette Garnier, mis à jour par Latribune.fr  |   |  603  mots
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Le groupe français qui a dévoilé ce jeudi son chiffre d'affaires trimestriel a lancé un nouvel avertissement sur ses résultats 2011. Les analystes financiers ne croient plus à un rebond. Les cadres de Carrefour n'accordent plus de crédit à son PDG, Lars Olofsson.

Carrefour a lancé ce jeudi un nouvel avertissement sur ses résultats 2011. Le groupe table désormais sur une baisse de son résultat opérationnel courant comprise entre 15% et 20%, au lieu des 15% prévus fin août.

Le broker JP Morgan ne croit plus au redressement de Carrefour à court terme. Il n'est d'ailleurs plus à l'achat. Il a dégradé mercredi le titre Carrefour de « surpondérer » à « neutre » et réduit son cours d'objectif à 23,31 euros, contre 40 euros précédemment. JP Morgan estime que ses problèmes « pléthoriques » continueront de l'emporter sur le potentiel de relance qu'offre Carrefour Planet. Or, depuis un an, le PDG de Carrefour, Lars Olofsson, promet que ce concept de magasin ranimera les hypermarchés en Europe. La note de JP Morgan ajoute que les résultats de Carrefour sont susceptibles de se dégrader davantage. Fin août, le groupe a annoncé que son résultat opérationnel serait en retrait de 15 % en 2011.

Le changement de recommandation de JP Morgan, influent courtier, n'a guère bousculé le titre Carrefour. Au contraire. Mercredi, il a gagné 2,46 % pour se hisser à 17,91 euros. Mais, la valorisation boursière du groupe - 12 milliards d'euros - est toujours au plus bas. Au grand désespoir de Colony Capital et Groupe Arnault, entrés en 2007 au capital du groupe alors que le titre s'échangeait 50 euros.

Alors que la dégradation de l'environnement économique gagne toute l'Europe, la communauté financière n'accorde plus guère de crédit au leader européen de la distribution. La publication de son chiffre d'affaires au troisième trimestre 2011, prévu ce jeudi avant ouverture de la Bourse, ne devrait rien y faire. « Je ne m'attends plus à rien », se désespère un analyste financier. Les ventes du numéro deux mondial de la distribution seraient restées stables au troisième trimestre 2011 alors que celles de Casino ont progressé de 6,3 % sur cette période. En France, selon ING, son chiffre d'affaires devrait avoir progressé de 0,7 %, hors essence. Nomura est plus pessimiste : les ventes des hypermarchés reculeraient de 4,2 % en France, selon lui. Et l'exposition du groupe à l'Europe du Sud fait craindre le pire.

Redresser sa crédibilité

« Le sujet n'est pas là », tranche CM-CIC. Il faudrait à Carrefour démontrer sa capacité à « redresser sa crédibilité, celle de son management et celle de son conseil d'administration ». L'image de Lars Olofsson, ancien patron de chez Nestlé, s'est dégradée mois après mois depuis son arrivée à la tête de Carrefour début 2009. Au siège social de Boulogne-Billancourt, nombreux sont ceux à exiger son départ. Notamment depuis la démission de Ignacio Gonzalez Hernadez, directeur commercial très apprécié en France. « Pour les plus anciens cadres de Carrefour, il devient difficile de rester et d'adhérer aux orientations prises. Les équipes sont résignées », regrette un cadre, qui prie pour la nomination « d'un dirigeant issu du secteur de la distribution ».

Mais l'idée n'aurait pas encore fait son chemin au sein du conseil d'administration où siègent le PDG de LVMH, Bernard Arnault, le directeur général de Groupe Arnault, Nicolas Bazire, et le directeur général de Colony Capital en Europe, Sébastien Bazin. « Son départ serait trop perturbant », juge un fonds actionnaire.

Le départ annoncé lundi d'Eckard Cordes, patron du distributeur allemand Metro, pourrait changer la donne. La presse allemande évoque plusieurs candidats pour le remplacer en 2012. Parmi eux, figurent deux membres de la direction exécutive de Carrefour : Pierre Bouchut, directeur exécutif des marchés de croissance, et Thomas Hübner, directeur exécutif en Europe.