Faire pousser des champignons chez soi en une semaine

Par Dorian Perron  |   |  945  mots
Les pleurotes des kits à champignons Prêt-à-pousser sont pour l'instant disponibles en trois coloris : gris, rose et jaune.
La jeune start-up française Prêt-à-pousser a créé un kit à champignons "faits maison" et prêt à l'emploi. Résultat d'une découverte qui doit tout au hasard, cette innovation est comme un pied de nez au tout-numérique.

Ce n'est pas l'innovation la plus glamour de l'année, mais cela ne l'a pas empêchée d'être l'un des 15 produits - sur 7.000 participants! - à obtenir le Grand prix Innovation du Salon international de l'agro-alimentaire (SIAL). Créé par une jeune start-up française, ce kit prêt à l'emploi permet à son acquéreur de faire pousser très facilement chez lui une botte de champignons en quelques jours.

Une semaine pour une botte de pleurotes

Le kit Prêt-à-pousser se veut le plus facile d'utilisation possible : il suffit d'arroser une fois par jour pendant 7 à 10 jours pour obtenir une botte de pleurotes d'environ 300 grammes, soit de quoi cuisiner un plat pour 4 personnes. Prêt-à-pousser garantit au minimum deux récoltes par kit, mais leur nombre "peut être bien supérieur", selon Jérôme Devouge, joint par La Tribune. Le jeune co-fondateur de Prêt-à-pousser indique que, dans leur environnement naturel, les pleurotes mettent de 2 à 3 semaines à pousser; et explique comment sa startup est parvenue à obtenir ce rendement deux fois supérieur :

"Il y a encore trois mois, une botte de pleurotes mettait deux semaines à pousser. Depuis nous avons remplacé le marc de café, qui servait de terreau à nos champignons, par de la sciure de bois recyclée. Dans le même temps, nous avons sélectionné des variétés de pleurotes qui poussent plus rapidement que la plupart. Le gain de temps et d'efficacité a dépassé nos espérances en diminuant la durée de pousse par deux !"

Une clientèle jeune, urbaine et connectée

"2000 'colis' en moyenne sont délivrés chaque mois, et nous nous attendons à en livrer 10.000 pour Noël", confie Jérôme Devouge. Les commandes sont "pour deux tiers à trois quarts d'entre elles" effectuées depuis le site internet de Prêt-à-pousser à un prix unitaire avoisinant 20 euros pour les pleurotes gris, 30 euros pour les pleurotes roses et jaunes, les frais de livraison étant offerts à partir de 2 kits commandés. Cependant, la distribution des kits à champignons en points de vente physique est amenée à se développer, le produit étant déjà référencé chez Truffaut ainsi que dans des épiceries fines. Il sera également vendu aux Galeries Lafayette, au BHV et à Nature & Découvertes à partir de début 2015.

D'après Jérôme Devouge, Prêt-à-pousser ne ciblait pas un profil-client en particulier à son lancement, "le produit étant nouveau". Mais, après un peu plus d'une année de développement, le cofondateur de la start-up s'est fait une image plus précise de sa clientèle : féminine, urbaine et jeune (25-34 ans).

Un produit innovant et ... rentable !

Alors que la plupart des start-up suivent la vague du numérique pour se développer, Prêt-à-pousser a choisi le secteur plus palpable du potager privé pour citadin. Pour le cofondateur de Prêt-à-pousser, ce choix, pas anodin, semble, après coup, couler de source:

"L'industrie du champignon est figée depuis des années, à tel point qu'il n'était presque plus concevable pour le consommateur d'acheter des champignons autrement qu'en conserve. En donnant à chacun la possibilité de faire pousser des champignons frais chez soi, rapidement et simplement, Prêt-à-pousser participe à relancer un marché que l'on pouvait qualifier d'endormi"

Une stratégie qui se montre efficace puisque "la société est déjà rentable sur le mois d'octobre, et le sera sans doute aux mois de novembre et décembre grâce aux fêtes". De manière réaliste, le jeune chef d'entreprise anticipe néanmoins une baisse des ventes l'été, due à la saisonnalité du produit.

Une découverte par hasard ... Qui en appelle d'autres attendues

Pour pallier le manque à gagner dû au fait que les champignons sont "des produits d'automne", l'entreprise a la volonté de se diversifier avec d'autres plants, "les aromates (basilic, ciboulette, menthe etc.) pour commencer", précise Jérôme Devouge.

Cette diversification demandera "plus de ressources" que pour les champignons, dont la découverte de la potentialité doit beaucoup au hasard. Étudiants à l'Essec, Romain Behaghel et Jérôme Devouge ont en effet observé un jour des champignons pousser au pied d'une plante verte, située au sein-même de la grande école. Passant l'intégralité d'un cours à étudier le sujet, puis leurs soirées à enchaîner tests et études de marché chez eux, ils finissent par se lancer dans l'aventure entrepreneuriale accompagnés par l'incubateur d'entreprises de l'école.

Pour les nouveaux produits que la startup envisage de développer, plusieurs pistes de financement sont avancées par son co-fondateur Jérôme Devouge : "Le crowdfunding, le financement par la dette, mais également des levées de fonds auprès d'investisseurs privés."

Prête à pousser dans d'autres pays

Après un développement rapide depuis 2013 appuyé notamment par une communication soignée - présence médiatique importante (reportages sur France 2, M6, etc.) et site Internet moderne et intuitif-, la startup compte désormais se développer dans d'autres pays, en Europe pour commencer.

"Nous avons une démarche commerciale active à l'international, où notre utilisation efficace de la sciure de bois peut venir concurrencer efficacement nos concurrents, qui utilisent toujours le marc de café, avec toujours les mêmes maîtres-mots pour nos produits : simplicité et rapidité."

Prêt-à-pousser est en tout cas l'exemple même de l'idée que le caractère innovant d'un produit dépasse l'importance du secteur dans lequel il est créé. Il ne reste plus à la startup française qu'à démontrer que son modèle économique est pérenne et non voué à une apparition furtive dans les rayons des épiceries fines ...