Comment la grande distribution se gave sur les fruits et légumes bio

Par latribune.fr  |   |  431  mots
Pommes de terre, tomates et pommes, le trio de tête des sur-marges les plus importantes entre produits bio et conventionnels/ (Crédits : Eric Gaillard)
Une nouvelle étude de l’UFC-Que Choisir montre que les sur-marges persistent sur les produits frais bio, de 20 % plus chers en grandes surfaces qu'en magasins spécialisés.

C'est vrai, une pomme bio coûte 70% à la production qu'une pomme « conventionnelle ». Mais à la caisse du supermarché, elle est affichée deux fois et demie plus cher. A cela une explication simple : la marge de 149% appliquée par le distributeur sur les pommes bio, au lieu de 70% sur les pommes lambda.

Avec la pomme de terre et la tomate, la pomme est l'un des trois produits bio frais les plus achetés en grande surface. Mais comme le montre l'enquête rendue publique ce 22 août par UFC-Que Choisir, qui porte sur un panier de 24 fruits et légumes, le phénomène s'observe largement sur ces produits. En plus des pommes, les sur-marges les plus fortes sont appliquées sur les produits les plus consommés tels que les pommes de terre (+83%) et les tomates (+109%).  Résultat : sur les 24 fruits et légumes pris en compte, le buget annuel d'un ménage français s'élève à 657 euros en bio contre 379 euros en conventionnels. Et 41% de cet écart est directement imputable aux surmarges. L' association de défense des consommateurs, qui avait déjà épinglé la grande distribution pour ce même motif il y a deux ans, observe que les sur-marges n'ont baissé en moyenne que de 6%.

49% de part de marché pour la grande distribution

C'est largement insuffisant pour ramener les marges appliquées au bio au même niveau que celles appliquées au conventionnel. Pourtant, souligne l'association, aucun frais supplémentaire de distribution (manutention, stockage, mise en rayon, pertes, etc.) ne justifie cette différence de traitement.

Celle-ci est d'autant plus problématique qu'en deux ans, la consommation de produits bio a fait un bond de 36%, et que la grande distribution a accru sa part sur ce marché de 45 à 49%.

En parallèle pourtant, le nombre de magasins spécialisés en produits bio s'est accru de 416 points de vente supplémentaires, une croissance de +18%. Au consommateur, donc, de faire jouer la concurrence, comme l'y incite UFC-Que Choisir, d'autant que sur les fruits et légumes (à l'inverse des autres produits), les prix y sont en moyenne de 19% moins élevés.

Demande de transparence totale

Avec ces sur-marges, la grande distribution surfe sur la « mode » du bio, mais la dessert en même temps en alimentant et même en accentuant l'idée que se nourrir sainement revient nécessairement plus cher.

L'association demande à l'Observatoire de la formation des prix et marges de faire preuve d'une transparence totale en publiant dans ses prochains travaux sur les produits de l'agriculture biologique, les niveaux de marges par enseigne et par rayon.