Guerre des prix : interpellés par Hollande, les distributeurs se défendent

Par latribune.fr  |   |  632  mots
"Les enseignes de la grande distribution (...) vendent quasi exclusivement de la viande française", assure la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution.
Le président de la République a prié Carrefour, Casino et Auchan entre autres d'augmenter les prix de la viande payés aux éleveurs. La Fédération des entreprises du commerce et de la distribution s'est défendue samedi en rappelant qu'elle ne se fournit qu'auprès des industriels.

Publié le 19/07/2015 à 10:35. Mis à jour le 19/07/2015 à 16:48.

En visite en Lozère samedi 18 juillet, le chef de l'État a demandé aux enseignes des grandes surfaces, qui représentent près de 80% des achats de viande en France, d'augmenter leurs prix pour soutenir les éleveurs en détresse. "Je lance encore un appel à cette grande distribution, pour qu'elle offre aux consommateurs la qualité et aux agriculteurs un prix", a lancé le président, rappelant les engagements souscrits le 17 juin lors d'une table-ronde autour du ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll. François Hollande en a ensuite appelé au patriotisme économique, en incitant "les consommateurs à faire aussi un effort" face à la gravité de la crise et "à manger autant qu'il est possible les produits de l'élevage français".

La réponse de la grande distribution ne s'est pas fait attendre. Dans un communiqué publié samedi 18 juillet, la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), qui regroupe les principaux acteurs de la grande distribution, indique que celles-ci "confirment les engagements déjà pris individuellement" lors de la table-ronde de la filière au ministère de l'Agriculture, mi-juin. Et de rappeler "qu'elles n'achètent pas de viande en direct aux agriculteurs, mais qu'elles se fournissent auprès d'industriels".

"La grande distribution vend quasi exclusivement de la viande française"

"Les hausses de prix doivent être intégralement répercutées aux producteurs en difficulté, ce qui ne semble, hélas, pas être toujours le cas", insistent-elles.

"Tous les intervenants doivent faire des efforts pour résoudre la crise grave de l'élevage français", juge la FCD en assurant également que "les enseignes de la grande distribution (...) vendent quasi exclusivement de la viande française" .

Elles demandent enfin "solennellement que le médiateur du Gouvernement rende au plus vite un rapport sur le rôle de chaque intervenant : distributeurs, industriels et restauration hors domicile", un rapport attendu mercredi à 17 heures.

Actions coup de poing lors du Tour de France

Cet échange entre les distributeurs et le président de la République se déroule dans un contexte tendu. Le 14 juillet, des dizaines d'agriculteurs de la FDSEA et autant des Jeunes agriculteurs (JA) avaient bloqué les caravanes publicitaires des marques Cochonou et Carrefour, mardi à Tarbes, avant le départ de la 10e étape du Tour de France jusqu'à La Pierre-Saint-Martin (Pyrénées-Atlantiques).

Christian Fourcade, président de la Fédération départementale des syndicats agricoles (FDSEA) des Hautes-Pyrénées expliquaient alors que:

"Cochonou utilise très peu de porc de France pour ses saucissons et Carrefour ne veut pas augmenter les prix afin de maintenir des prix décents pour les agriculteurs."

Le 11 juillet, toujours dans le cadre du Tour de France, plusieurs agriculteurs avaient déjà bloqué des véhicules des deux marques, excédés par une situation économique difficile pour le secteur.

En outre, ce dimanche, plusieurs centaines d'éleveurs de porcs, de bovins et producteurs de lait du Calvados manifestaient près de Caen contre la faiblesse des prix de leurs produits et la "situation très tendue" du monde agricole, a constaté un photographe de l'AFP.

Entre "22.000 et 25.000" exploitations d'élevage, soit 10% du total, "sont cet été au bord du dépôt de bilan", avait affirmé le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll dans Le Parisien/Aujourd'hui en France de vendredi.

Des enseignes assignées

Par ailleurs, ce n'est pas la première passe d'armes entre le gouvernment et la grande distribution. Accusée de pratiques abusives à l'encontre de ses fournisseurs, l'enseigne de distribution alimentaire française Système U a été assignée le 12 juin par Bercy devant le tribunal de commerce de Créteil. Fin avril, Intermarché avait confirmé être également dans le collimateur de la DGCCRF.

(Avec AFP)