Méga-bassines : les opposants préparent une plainte contre Darmanin pour avoir « menti sous serment »

Par latribune.fr  |   |  479  mots
Le collectif conteste notamment la chronologie des affrontements présentée par le ministre de l'Intérieur. (Crédits : © LTD / DAMIEN MEYER/AFP)
Selon le collectif Bassines non merci, le ministre de l'intérieur aurait menti devant une commission d'enquête parlementaire a propos des violents affrontements du 25 mars 2023 à Sainte-Soline, dans les Deux Sèvres. Le recours, adressé à la commission des requêtes de la Cour de justice de la République, est ouvert à l'« ensemble des citoyens », notamment aux personnes blessées, jusqu'au 1er mai.

Un an après les violents affrontements qui ont opposé à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, les détracteurs des « méga-bassines » et les forces de l'ordre, le ministre de l'Intérieur est visé par une plainte collective. Bassines non merci (BNM), collectif opposé à ces « réserves de substitution » réserves d'eau destinée à l'agriculture, a dévoilé dimanche une plainte qu'il compte déposer contre Gérald Darmanin pour avoir « menti sous serment » devant une commission d'enquête parlementaire a propos de la manifestation violente du 25 mars 2023. L'« ensemble des citoyens », notamment les personnes blessées, sont invités à s'associer à cette démarche jusqu'au 1er mai.

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Dans ce recours, adressé à la commission des requêtes de la Cour de justice de la République, BNM conteste notamment la chronologie des affrontements présentée par le ministre de l'Intérieur lors de son audition le 5 octobre à l'Assemblée nationale, devant la commission d'enquête sur les violences des manifestations du printemps 2023 contre la réforme des retraites et à Sainte-Soline.

La neutralité des observateurs remise en cause par Darmanin

Selon Gérard Darmanin, lors de ce rassemblement interdit par la préfecture des Deux-Sèvres contre une réserve d'eau en construction protégée par 3.000 gendarmes, ces derniers ont subi des jets de projectiles pendant une heure avant de répliquer. D'après BNM, « il est établi que les gendarmes ont bien quitté leur ligne -située le long de la méga-bassine- avant même que les manifestants n'arrivent à leur niveau .

Le collectif accuse aussi le ministre d'avoir menti par omission en affirmant que les antibassines ont « attaqué les interdictions de transporter des matières ou des armes dangereuses ». BNM rappelle que leur recours portait sur l'interdiction du transport d'armes « par destination », et souligne qu'il s'agit d'une catégorie à la définition juridique « particulièrement large » pouvant regrouper tout type d'objets.

BNM déplore enfin que Gérard Darmanin ait remis en cause la neutralité des observateurs des libertés publiques déployés le 25 mars, en accusant notamment la Ligue des droits de l'homme, qui a publié en juillet un rapport sur l'« usage disproportionné » d'armes par les forces de l'ordre, d'avoir « appelé à manifester malgré l'interdiction ». Seules deux sections locales de la LDH l'avaient fait et ce, avant l'interdiction du rassemblement, est-il précisé dans le recours.

Des conclusions orientées?

Pour BNM, le ministre a ainsi orienté le travail de la commission, qui a conclu début novembre à la responsabilité « écrasante » des trois mouvements ayant appelé à manifester à Sainte-Soline, malgré les interdictions préfectorales. Trois militants antibassines, dont Julien Le Guet, porte-parole de BNM, ont été condamnés mi-janvier à de la prison avec sursis et des amendes pour organisation de manifestation interdite.

Contacté par  l'AFP, l'entourage du ministre de l'Intérieur n'a pas réagi pour l'heure.