« Méga-bassines » : Marc Fesneau veut accélérer la construction de ces réserves d'eau controversées

En pleine colère agricole, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a affiché ce lundi sa volonté d'accélérer les constructions de réserves d'eau, réclamées par les agriculteurs. Elles sont en revanche contestées par d'autres citoyens, qui les qualifient de « méga-bassines », car elles pompent les nappes phréatiques.
La méga-bassine de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, a été le théâtre de violents affrontements en octobre 2022 puis mars 2023 entre les opposants à cette installation et les forces de l'ordre.
La méga-bassine de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, a été le théâtre de violents affrontements en octobre 2022 puis mars 2023 entre les opposants à cette installation et les forces de l'ordre. (Crédits : Reuters)

Parmi les revendications des agriculteurs - qui mènent depuis quelques jours des actions partout en France, bloquant notamment des axes routiers, pour exprimer leur « ras-le-bol » et leur « colère » - se trouve la construction de réserves d'eau supplémentaires pour faire face au dérèglement climatique. En visite en Vendée ce lundi sur une infrastructure de ce type, le territoire en comptant depuis des années, le ministre de l'Agriculture a réaffirmé que le gouvernement allait s'employer à accélérer leur création.

Parmi les axes d'action : réduire les délais. « Les délais d'instruction d'un certain nombre de procédures (...) sont beaucoup trop longs (...) », a-t-il reconnu. Le ministre a ainsi évoqué qu'une loi de simplification des procédures administratives pour les agriculteurs pourrait arriver au printemps. « La simplification c'est un sujet sérieux », a-t-il appuyé devant des journalistes.

En outre, un pacte pour favoriser le renouvellement des générations en agriculture, présenté mi-décembre, prévoit notamment d'accorder une « présomption d'urgence » en cas de contentieux permettant de juger ces dossiers plus rapidement.

Des réserves qui font débat

Mais ces installations sont loin de faire consensus. Elles sont qualifiées de « réserves de substitution » par leurs promoteurs afin d'irriguer les cultures en été, mais de « méga-bassines » par leurs détracteurs, car remplies par pompage dans les nappes phréatiques. Les opposants dénoncent un « accaparement » de l'eau par les gros producteurs, au profit de l'agro-industrie et pour l'exportation, qui perpétue un modèle remis en cause par le réchauffement climatique. Les agriculteurs, de leur côté, les voient comme une assurance-récolte indispensable à leur survie face aux sécheresses à répétition.

Lire aussiPlan eau : le gouvernement s'attaque au rôle délicat de l'agriculture

Un conflit d'usage de l'eau illustré par les violences de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres. Après de premiers épisodes en octobre 2022, la manifestation de mars 2023 avait dégénéré rapidement en affrontements avec les gendarmes, faisant de nombreux blessés. Deux manifestants avaient passé plusieurs semaines dans le coma. Si la Ligue des Droits de l'Homme a dénoncé un « usage disproportionné » des armes (grenades lacrymogènes, LBD) par les forces de l'ordre, une commission d'enquête parlementaire a en revanche conclu mi-novembre à la « responsabilité écrasante » des trois mouvements qui avaient appelé à manifester, en dépit d'interdictions préfectorales. Trois militants anti-bassines ont d'ailleurs été condamnés la semaine dernière à des peines comprises entre 6 et 12 mois d'emprisonnement avec sursis pour l'organisation de manifestations interdites.

Ce qui n'empêche pas les opposants de vouloir poursuivre leur combat. Une prochaine mobilisation contre les « bassines » est en effet d'ores et déjà annoncée en juillet prochain dans le Poitou, juste avant les Jeux olympiques de Paris.

20 millions dans les tuyaux

Marc Fesneau a aussi annoncé le lancement, qui était néanmoins déjà dans les tuyaux, d'un « fonds hydraulique ». Déclinaison du « Plan eau » présenté début 2023 par le gouvernement et prévu dans la loi de finance 2024, il doit permettre d'aider les agriculteurs à investir dans des projets de stockage d'eau, de réutilisation des eaux usées dans les champs ou de modernisation des systèmes hydrauliques. Ce fonds doit donner la priorité aux « projets vertueux : engagement agroécologiques, réduction de la consommation d'eau, évolution des pratiques culturales, etc », a indiqué le ministère. Il doit être abondé de 20 millions d'euros « dès 2024 », selon son cabinet.

« Les économies d'eau doivent être réalisées à l'hectare dans le domaine agricole, en investissant notamment dans du matériel d'irrigation le plus efficient possible et/ou en faisant évoluer des assolements », selon une note de l'administration.

L'objectif est d'irriguer davantage de surface à consommation constante en eau. L'agriculture en France est aujourd'hui à l'origine de 58% de la consommation nationale d'eau pour irriguer les cultures ou abreuver les bêtes.

Lire aussiPlan eau: pourquoi la réutilisation des eaux usées peine à percer en France

(Avec AFP)

Commentaires 12
à écrit le 23/01/2024 à 17:51
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Le problème est que les méga-bassines servent essentiellement à alimenter des productions très gourmandes en eau, comme le maïs, majoritairement destiné à l'élevage industriel ( la France a exporté environ 35 % de sa production). Elles servent avant ...

à écrit le 23/01/2024 à 16:12
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Ne faites pas de vous un relai des folies des faux "écolos". De tout temps, les hommes ont géré l'eau pour survivre et s'adapter. C'est la base du berceau des civilisations de l'Euphrate. Les jardins suspendus étaient alimentés par des bassines et de...

à écrit le 23/01/2024 à 12:03
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Enfin une bonne nouvelle et une victoire contre l'obscurantisme écologique extrêmiste! Je rappelle ,pour ceux qui l'ignore, que ces réserves d'eau sont remplies quand les nappes phréatiques ont atteint leurs niveaux normale (donc pas en période de sé...

à écrit le 23/01/2024 à 10:58
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Enfin une bonne nouvelle et une victoire contre l'obscurantisme écologique extrêmiste! Je rappelle ,pour ceux qui l'ignore, que ces réserves d'eau sont remplies quand les nappes phréatique ont atteint leurs niveaux normale (donc pas en période de séc...

à écrit le 23/01/2024 à 9:32
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Prévoir pour bientôt les cités lacustres; mais en cas de désertification?...

à écrit le 23/01/2024 à 8:47
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Rien ne peut se mettre en travers de la route de l'obscurantisme agro-industriel. Si vous voulez de véritables "méchants", ils ne sont pas dans les quartiers sensibles ni chez les "parents irresponsables" ni chez les délinquants de toutes sortes cont...

à écrit le 22/01/2024 à 22:17
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En tout cas une chose est sûre : l'évaporation de l'argent public ne fait que commencer avec l'augmentation attendue des températures

à écrit le 22/01/2024 à 17:46
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L'acharnement des agriculteurs est suicidaire pour eux , une fois taries les nappes phréatiques ne se reconstituent plus .Mais les médias , les politiques et les syndicats agricoles entretiennent la confusion en confondant bassines et lacs collinaire...

le 22/01/2024 à 21:03
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Oui cette solution semble aberrante sur le papier, je n'ai jamais entendu des arguments convaincants pour la défendre. Cela semble absurde à tous les points de vue (notamment l'évaporation que cela engendre)

le 22/01/2024 à 22:47
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Les mega bassines à l'égal des lacs collinaires se remplissent des eaux en excès qui ne peuvent pénétrer les nappes car déjà pleines. Donc cette eau qui irait les jours suivants dans la mer est pompée dans les bassines. Tout le monde y gagne.

le 23/01/2024 à 8:54
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@Jean - En terrain plat on ne peut pas remplir les mega bassines par du ruissellement collinaire. Il faut donc pomper dans les nappes phréatiques particulièrement mises à mal dans le Sud-Ouest. La première chose à faire serait de réduire la culture ...

le 23/01/2024 à 9:17
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si vous pompaez dans les nappes pour remplir votre bassine, c est forcement de l eau qui a penetre dans la nappe... On ets typiquement dans la nationalisation des pertes et privatisation des profits ici. C ets le contribuable qui paie pour la bassine...

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