Salon de l'agriculture : « un rendez-vous manqué » avec l'exécutif, regrette la FNSEA

Par latribune.fr  |   |  664  mots
Pas de mobilisation nationale attendue mais des mobilisations locales à venir. (Crédits : Giulietta Gamberini)
Le Salon de l'agriculture se clôture ce dimanche, émaillé de tensions autour des venues politiques. Le principal syndicat agricole ne décolère pas et regrette des annonces gouvernementales peu claires. Des actions sur le terrain vont continuer.

Clap de fin de la 60e édition du Salon de l'agriculture ce dimanche, après un début chahuté lors de la venue présidentielle le week-end dernier. Le principal syndicat agricole, la FNSEA, regrette « un rendez-vous manqué » avec l'exécutif et prévient :

« On continuera à avoir des actions sur le terrain » car « sur le plan politique, les choses ne sont clairement pas terminées », a déclaré le président du syndicat, Arnaud Rousseau, sur BFM TV.

« On considère qu'on a manqué un rendez-vous. On attendait du président de la République une stratégie et la définition d'un cap pour l'agriculture », a renchéri auprès de l'AFP Jérome Despey, premier vice-président du syndicat. Selon le syndicat majoritaire, la colère est toujours présente parmi les allées du Salon.

« On n'a pas pu avoir un débat de qualité », regrette M. Despey.

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Des annonces peu claires

Après les promesses du gouvernement, les exploitants attendent des « réalisations très concrètes » dans leur ferme, et même si la FNSEA n'appelle pas à une mobilisation nationale, « chaque département garde l'initiative de pouvoir faire un certain nombre d'actions », a expliqué Arnaud Rousseau, avant de dénoncer des annonces « pas très claires », notamment en termes de simplification et « une forme de cacophonie » autour du Pacte vert européen.

Par exemple, le Premier ministre Gabriel Attal promet « un contrôle unique administratif annuel », initiative « que les ministres confirment », mais « un certain nombre de corps de contrôle disent que ce n'est pas possible », a-t-il raconté.

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« La traduction pour l'agriculteur, c'est qu'il y a un décalage entre ce qui est dit au gouvernement et ce que disent les représentants de l'administration ».

Jérôme Despey évoque quant à lui le besoin d'avancées sur la question des retraites et la déclinaison de la simplification pour les haies.

Si la FNSEA salue globalement l'engagement d'Emmanuel Macron à reconnaître l'agriculture « comme un intérêt général majeur de la nation », le syndicat regrette un message politique brouillé par « des joutes verbales et des maladresses » et un manque de considération pour les « corps intermédiaires » que sont les syndicats.

Des venues politiques chahutées

Le gouvernement a tenté de calmer la colère en multipliant les annonces : plans pour l'élevage et le blé dur, 40 millions d'euros supplémentaires pour l'agriculture bio, 100 millions de plus pour la filière fruits et légumes. Ont aussi été publiés des décrets sur la dénomination des viandes ou les métiers en tension.

Samedi dernier, le Président a fait sa traditionnelle inauguration du Salon, cette fois-ci chahutée par des dizaines de manifestants, décidés à se faire entendre du chef de l'Etat.

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« On montre les muscles une fois de plus contre un peuple qui souffre et qui en a marre », tempête Moïse Blin, éleveur en Bretagne.

Les ministres Christophe Béchu (Transition écologique) et Marc Fesneau (Agriculture) ont été la cible d'oeufs, tandis que Gabriel Attal a déambulé tranquillement. À l'extrême droite, Marion Maréchal a été aspergée de bière quand le président du RN Jordan Bardella a multiplié les selfies.

Dans l'ensemble, malgré ces déambulations politiques perturbées, le Salon n'a pas perdu de son affluence et a rassemblé 603.652 visiteurs, un tout petit peu moins que l'année dernière, à 615.000 visiteurs. Le vice-président de la FNSEA se réjouit : « Les visiteurs sont venus nombreux nous apporter leur soutien. Je n'ai jamais vu une telle adhésion de nos concitoyens », a-t-il affirmé, saluant le rôle du Salon de l'agriculture comme trait d'union entre ville et campagne.

(Avec AFP)