Malgré les nouvelles concessions d'Attal, les agriculteurs attendent Macron de pied ferme samedi Porte de Versailles

Le Premier ministre a tenté aujourd'hui de déminer le terrain du Salon de l'agriculture qui s'ouvre samedi, en annonçant de nouvelles concessions aux agriculteurs en colère. Mais il n'a pas obtenu leur totale satisfaction. Le président de la République est sous pression pour préciser les contenus et le calendrier du « projet de loi pour une agriculture souveraine ».
Giulietta Gamberini
La forme de l'intervention d'Emmanuel Macron, qui d'habitude se promène pendant des heures et des heures dans les allées du salon sans tenir de véritable discours, n'est pas encore claire. Mais un format, proposé par la FNSEA et les JA, semble plaire à l'Elysée: celui d'un « grand débat » avec les agriculteurs -et non pas des représentants des syndicats.
La forme de l'intervention d'Emmanuel Macron, qui d'habitude se promène pendant des heures et des heures dans les allées du salon sans tenir de véritable discours, n'est pas encore claire. Mais un format, proposé par la FNSEA et les JA, semble plaire à l'Elysée: celui d'un « grand débat » avec les agriculteurs -et non pas des représentants des syndicats. (Crédits : Reuters)

Face à la menace de nouvelles actions des paysans, notamment samedi pour l'ouverture du salon de l'Agriculture que doit inaugurer Emmanuel Macron lors d'une déambulation, l'exécutif fait feu de tout bois pour calmer la fronde. Lors de sa troisième conférence de presse depuis le début de la crise agricole, ce matin, le Premier ministre a fait le compte des promesses et des engagements. Depuis le 1er février, lorsque, pour calmer leur colère, le gouvernement avait pris 62 engagements vis-à-vis des agriculteurs, « 100% des chantiers ont été ouverts » et 80% ont abouti ou sont sur le point d'être finalisés. « Jamais, je le dis, autant d'avancées n'auront été mises en œuvre pour nos agriculteurs », a insisté Gabriel Attal qui répète inlassablement son nouveau mantra : « Pas de Pays sans Paysans » !

Mais malgré ce bilan, ainsi que de nouvelles concessions réclamées depuis longtemps par les agriculteurs, comme l'abandon de l'indicateur français pour mesurer le succès du plan national de réduction des pesticides, une fin de leur mobilisation n'a pas été obtenue, trop de points n'étant pas encore suffisamment clairs à leurs yeux. Des manifestations locales continuent de voir le jour au travers de la France, et un « cortège » d'agriculteurs avec 14 tracteurs est prévu samedi à Paris.

Lire: Agriculteurs : pesticides, Egalim, aides de la PAC... Ce qu'il faut retenir des annonces du gouvernement

« A l'heure actuelle, tout est dans les mains du Président de la République », qui doit visiter le 24 février, lors de son ouverture, le Salon international de l'Agriculture, a ainsi déclaré lors d'une conférence de presse le président des Jeunes Agriculteurs (JA), Arnaud Gaillot. « C'est à lui qu'il revient désormais de faire les arbitrages », a-t-il estimé, en prévenant que « samedi sera le vrai rendez-vous ».

Une voix d'autorité

Interrogé par La Tribune sur les arbitrages encore attendus, Arnaud Gaillot a d'abord souligné la nécessité qu'Emmanuel Macron « réaffirme » des promesses déjà formulées par le Premier ministre, pour y conférer un surplus d'autorité. C'est le cas des contenus et du calendrier du « projet de loi pour une agriculture souveraine ».

Gabriel Attal a assuré qu'aux cotés d'un volet sur l'installation des agriculteurs et la transmission des exploitations, qui figurait déjà dans une version présentée en décembre, une partie de ce projet de loi sera consacré à la formalisation de certaines avancées en matière de simplification, et une autre à la reconnaissance « noir sur blanc » de l'« objectif de souveraineté agricole et alimentaire » et de l'agriculture « au rang des intérêts fondamentaux de la Nation, au même titre que notre sécurité ou notre défense nationale ». Il doit être transmis cette semaine au Conseil d'Etat, et le gouvernement mise sur une adoption par le Parlement avant juin.

Lire: La souveraineté alimentaire, une notion politique dont la définition fait débat

Les Jeunes agriculteurs qui, comme la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), se sont entretenus avec le Président de la République hier, attendent également du chef de l'Etat des assurances sur leurs revendications européennes. La France a déjà obtenu de Bruxelles des concessions sur des mesures réclamées par les agriculteurs, comme les conditions en matière de jachères figurant dans la politique agricole commune. Mais le destin d'autres reste en suspens : c'est le cas des règles concernant les prairies, les plus gros élevages, les centrales d'achat internationales des distributeurs, l'abandon définitif de l'accord de libre échange avec le Mercosur etc.

Un véritable « changement de logiciel »

Enfin, des clarifications sont attendues sur des points encore en discussion. Gabriel Attal a par exemple annoncé le lancement d'une mission parlementaire sur l'évaluation et l'évolution des lois Egalim, censées protéger les revenus des agriculteurs, qui devrait aboutir à la présentation d'un projet de loi avant l'été. Trois points ont été évoqués par le Premier ministre: un encadrement des centrales d'achat européennes, une interdiction pour les industriels de négocier avec les grands distributeurs avant d'avoir conclu un accord avec les agriculteurs, ainsi qu'une meilleur prise en compte des indicateurs des coûts de production définis par les  interprofessions.

Mais le périmètre de l'évaluation pourrait être bien plus large, incluant la question du caractère annuel des négociations, des marges réalisées par les industriels et les distributeurs, du traitement particulier des PME et des ETI, du respect des clauses d'indexation, des effets du relèvement de 10 % du seuil d'interdiction de revente à perte pour les denrées alimentaires. Arnaud Gaillot a même évoqué un « arrêt » de la loi de modernisation de l'économie de 2008, très favorable aux distributeurs, que les lois Egalim devaient contrebalancer. Or, la lettre de mission aux députés Alexis Izard et Anne-Laure Babault, qui doit être signée cette semaine, n'a pas encore été reçue par ces derniers.

Globalement, les agriculteurs disent attendre qu'Emmanuel Macron acte un véritable « changement de logiciel ».

« Ce que nous attendons samedi, c'est que le Président de la République tienne un discours engagé, qu'il casse la baraque », a résumé  Arnaud Gaillot.

Un « grand débat » avec les agriculteurs

La forme de l'intervention d'Emmanuel Macron, qui d'habitude se promène pendant des heures et des heures dans les allées du salon sans tenir de véritable discours, n'est pas encore claire. Mais un format, proposé par la FNSEA et les JA, semble plaire à l'Elysée: celui d'un « grand débat » avec les agriculteurs -et non pas des représentants des syndicats. Afin de déminer le terrain, il devrait se tenir avant toute déambulation.

Des incertitudes subsistent aussi sur les effets de toute nouvelle promesse. Selon une source au sein de l'exécutif citée par l'AFP, le gouvernement ne se fait pas d'illusion sur l'obtention d'un satisfecit des agriculteurs. Ces derniers ne souhaitent toutefois pas que le salon, rendez-vous médiatique mais aussi familial, se transforme en terrain de bataille:

« On doit aussi permettre un temps d'échange » entre les agriculteurs et les Français, a plaidé Arnaud Gaillot.

Giulietta Gamberini
Commentaires 18
à écrit le 22/02/2024 à 17:42
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Aller monsieur le Président, un petit verre de pinard à chaque stand..

à écrit le 22/02/2024 à 17:16
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Ils viennent tout juste de comprendre grâce à Béraud que c' est l' UE, en ouvrant le marché ukraine sur ordre de VDL et des usains, qui les plume comme elle a plumé l' industrie française sur 30 ans depuis Maastricht. ...

à écrit le 22/02/2024 à 15:45
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Les agriculteurs plutôt que de manifester leur colère au président feraient mieux de s'en prendre à leurs instances agricoles et en premier au président de leur principale syndicat qui les manipule comme des marionnettes dans le seul but de la défens...

à écrit le 22/02/2024 à 13:42
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Si les agriculteurs obtiennent de Jupiter l'assurance du revenu minimal d'un non-chômeur, les Gilets Jaunes, Bonnets Rouges, ... devraient penser à organiser leur propre Salon: la tactique pourrait être plus efficace.

à écrit le 22/02/2024 à 13:11
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Il ne lui reste que la fnsea qui se fait financé par l'état et son patron le grand bénéficiaire de sa politique, alors il va sans doute venir entouré de ces gens qui ont saboté le mouvement social des agriculteurs ! nous en sommes la pour cette raiso...

à écrit le 22/02/2024 à 11:07
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Photo: Avec une vache élevée automatiquement dans leurs usines, il pourrait même pas s'en approcher à 5 mètres notre président ! Alors que c'est 90% de la production mondiale, là ce sont des vaches que les paysans manipulent et chouchoutent exprès po...

à écrit le 22/02/2024 à 10:58
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La dignité de nombreux agriculteurs est inférieure à celle de leurs betes. On ne peut pas blâmer ces dernières.

le 22/02/2024 à 11:13
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hé oui ). 19 MINISTRES MILLIONNAIRES ! le gouvernement n a jamais rassemblé autant de riches. pour quel résultat. ,,? la préférence nationale absente l sans résultat. comment voulez vous que le sens commun existe aujourd'hui. ( il ...

à écrit le 22/02/2024 à 10:56
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ils exagèrent quand on voit leur patrimoine, l'exoneration des droits de succession entre 700 000 et 1 200 000 euros ;etc il faut tout simplement faire comme pour le petit ouvrier n'accorder de pret qu'en proportion avec leur revenu déclaré

à écrit le 22/02/2024 à 10:55
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ils exagèrent quand on voit leur patrimoine, l'exoneration des droist de succession entre 700 000 et 1 200 000 euros;etc il faut tout simplement faire comme pour le petit ouvrier n'accorder de pret qu'en proportion avec leur revenu déclaré

à écrit le 22/02/2024 à 9:35
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Regardez les énormes engins agricoles que possèdent les agriculteurs dans leur manifestations, les hangars équipés de panneaux solaires. Et leur propriété que l'on voit à la TV dans l'émission "" l'Amour est dans le Pré"". Ils ont de très gros patr...

le 22/02/2024 à 10:08
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Vu dans un reportage sur arte de bons gros paysans allemands qui se plaignaient de ne pas gagner assez alors qu'ils ont investi des millions d’euros pour une usine qui élève toute seule les vaches qui leur coute un bras chaque année mais qui leur per...

le 22/02/2024 à 12:35
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c'est le job de m macron d'ejecter le representant de l'onu pour la construction d'une autoroute sur le sol francais l'onu doit plutot aller chercher les otages dans la bande de gaza

à écrit le 22/02/2024 à 9:15
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Pour la McKronie, rien de mieux que de soudoyer des complices pour que rien ne bouge !

à écrit le 22/02/2024 à 7:55
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Ben oui car comme d'habitude les millions ont été versés au lobby agro-industriel mais les petits exploitants eux crèvent toujours de faim et ça durera tant que ce système agro-industriel perdurera. Nos dirigeants sont faibles.

à écrit le 22/02/2024 à 0:52
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En fait, on s'en moque totalement. J'assume totalement de manger de la viande avec des normes allégées, et payée chère grâce à EGALIM Je pense même qu'il faudrait, dans une économie libérale basée sur l'électoralisme, imposer un quota de viandes -...

à écrit le 21/02/2024 à 21:05
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Le salon de l'agriculture, c'est surtout la présentation de l'élevage. Dans un contexte où sur les médias il est conseillé de ne pas manger plus de 450 gr de viande et charcuterie par semaine, ça risque d'être chaud.

à écrit le 21/02/2024 à 19:14
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Quel que soit son titre, ce PM n'est qu'un porte parole qui n'est pas tenu d'en faire plus ! ;-)

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