Alimentation : le bio en chute libre dans la perception des consommateurs

Alors que la préoccupation environnementale et l'attention pour une alimentation saine reculent, l'enjeu du prix devient de plus en plus prégnant. Le label bio est désinvesti, montre un sondage publié par l'Agence bio.
Giulietta Gamberini
43% des Français déclarent avoir désormais le sentiment d'être contraints de se restreindre pour des raisons financières sur les dépenses alimentaires.
43% des Français déclarent avoir désormais le sentiment d'être contraints de se restreindre pour des raisons financières sur les dépenses alimentaires. (Crédits : Reuters)

La consommation déclarée de bio continue de baisser, même si d'une manière un peu moins marquée qu'en 2022. Et plusieurs évolutions dans les représentations des consommateurs viennent expliquer pourquoi. Voici ce qui ressort du dernier Baromètre de perception et de consommation des produits biologiques en France, publié ce mercredi 28 février par l'Agence bio et fondé sur une enquête menée auprès de 4.000 personnes par la société d'études Obsoco entre le 21 novembre et le 7 décembre 2023.

Les principales motivations pour acheter bio, en effet, fléchissent. C'est le cas de la préoccupation environnementale, qui concerne désormais seulement 73% des Français, contre 81% l'année dernière. C'est aussi le cas de l'attention prêtée aux liens entre alimentation et santé, qui concerne 4% de personnes en moins qu'en 2022 (65% désormais), avec déjà des effets sur les habitudes d'achat.

Selon 94% des Français, « les produits bios sont souvent plus chers »

L'attention portée aux labels bio, d'ailleurs, baisse aussi. Parallèlement, le sentiment d'avoir assez d'informations sur les bénéfices environnementaux et sur la santé de ce mode de culture, ainsi que sur la réglementation et les contrôles auxquels sont soumis les produits biologiques, recule également. Et alors que les produits bio préférés sont des aliments bruts (les fruits et légumes notamment), l'envie de cuisiner, qui avait bondi lors des divers confinements liés à la crise sanitaire, cède progressivement la place à la recherche de confort pratique, en pénalisant le bio. 34% des personnes interrogées estiment même que « faire la cuisine est une corvée », contre 30% en 2022.

Surtout, l'enjeu du prix devient de plus en plus prégnant. 43% des Français déclarent avoir désormais le sentiment d'être contraints de se restreindre pour des raisons financières sur les dépenses alimentaires. 86% disent éviter, pour cette raison, les produits issus de l'agriculture biologique. 94% pensent en effet que « les produits bios sont souvent plus chers », et 62% estiment même que « le bio, c'est surtout du marketing ». 53% estiment d'ailleurs que l'offre bio est restreinte voire absente dans les enseignes de hard-discount.

Un intérêt pour plus de bio à l'école

Le baromètre confirme toutefois aussi le potentiel des leviers sur lesquels la filière, avec l'Agence bio, compte s'appuyer depuis le début de la crise pour se redresser. Parmi ceux-ci, mieux expliquer les garanties apportées par le label bio, mais aussi associer davantage la consommation bio avec la recherche de plaisir, qui pour 42% des personnes interrogées correspond désormais au « bien manger » (contre 27% l'année dernière). Le sondage révèle que « les Français plébiscitent les produits bio pour leur goût ».

Lire: Bio: « Les producteurs font de l'apnée » (Laure Verdeau, Agence bio)

Autre levier validé : l'augmentation de l'offre bio dans la restauration hors domicile, collective notamment. 71% des sondés sont intéressés à se voir proposer plus de produits bio au restaurant. 76% en voudraient davantage à l'école. Le gouvernement vient d'ailleurs de promettre une meilleure mise en oeuvre de la loi Egalim 1, selon laquelle, depuis le 1er janvier 2022, la restauration collective publique devrait proposer au moins 50% de produits durables ou sous signe d'origine ou de qualité, dont au moins 20% de produits bio. Aujourd'hui elle reste en effet largement inappliquée.

Giulietta Gamberini

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Commentaires 12
à écrit le 29/02/2024 à 17:08
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De toute façon, le bio ,c'est pour ceux qui prennent l'avion ,le TGV et qui vont au ski .On va quand même pas donner du bio au grouillot ,il manquerait plus que ça ,de toute façon, il n'a pas les moyens.En plus pourquoi, il devrait manger sain puisqu...

à écrit le 29/02/2024 à 11:30
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"Le bio en chute libre dans la perception des français". C'est le faux bio vendu en grandes surfaces qui a déçu ces français. Ceux qui avec discernement l'achètent dans des magasins d'enseignes sérieuses (cf. Biocoop) ne sont pas déçus et continuent ...

à écrit le 29/02/2024 à 9:32
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On dit que les ventes bio baissent? cela doit être le bio industriel des grandes surfaces... Chez nous le distributeur bio vend de plus en plus et à des prix tout à fait raisonnables. Par contre historiquement cela a pris 5 ans pour la conversion et ...

à écrit le 29/02/2024 à 9:17
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On peut peut-être manger un jour sur deux mais que du bio, pour ne pas exploser le budget. En bio j'ai les pois-chiche France, le riz complet de Camargue, la tisane du soir, du lait 3-4 fois par an, la farine de patate douce (Inde), de la farine de ...

à écrit le 29/02/2024 à 8:00
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Le seul intérêt du bio est la meilleure préservation des terres pour le reste plus cher pas meilleur un produit pour bobo!

à écrit le 29/02/2024 à 3:33
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Avec le bio l'agriculteur économise les pesticides et vend plus cher !

le 29/02/2024 à 10:32
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Ils economisent les pesticides mais ont plus de pertes par nature et donc un moins bon rendement... Ce qui explique un prix plus gros au moins en partie...

le 29/02/2024 à 13:58
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De plus le désherbage chimique doit être remplacés par un désherbage mécanique, ce qui prend plus de temps et coûte matériel et gasoil supplémentaire.

à écrit le 28/02/2024 à 21:36
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seules les étiquettes sont "bio" et made in France

à écrit le 28/02/2024 à 20:20
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Malheureusement, le bio est une totale imposture. Lorsque l'on ne soigne pas où très mal , on a un produit de très mauvaise qualité , mauvais pour la santé des hommes,et , en plus, vendu très cher. Les clients ne croient plus où de moins en moins, a...

à écrit le 28/02/2024 à 16:41
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Fait pas confondre le bio grande distribution qui ne n’ est pas à 100%- et bio distribution spécialisée…. Ex de Mon expérience entre Leclerc et biocoop sur de l’ail et des oignons rose : des oignons de «  Roscoff «  Bio et produits aux pays bas - ...

à écrit le 28/02/2024 à 16:41
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Fait pas confondre le bio grande distribution qui ne n’ est pas à 100%- et bio distribution spécialisée…. Ex de Mon expérience entre Leclerc et biocoop sur de l’ail et des oignons rose : des oignons de «  Roscoff «  Bio et produits aux pays bas - ...

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