La consommation déclarée de bio continue de baisser, même si d'une manière un peu moins marquée qu'en 2022. Et plusieurs évolutions dans les représentations des consommateurs viennent expliquer pourquoi. Voici ce qui ressort du dernier Baromètre de perception et de consommation des produits biologiques en France, publié ce mercredi 28 février par l'Agence bio et fondé sur une enquête menée auprès de 4.000 personnes par la société d'études Obsoco entre le 21 novembre et le 7 décembre 2023.
Les principales motivations pour acheter bio, en effet, fléchissent. C'est le cas de la préoccupation environnementale, qui concerne désormais seulement 73% des Français, contre 81% l'année dernière. C'est aussi le cas de l'attention prêtée aux liens entre alimentation et santé, qui concerne 4% de personnes en moins qu'en 2022 (65% désormais), avec déjà des effets sur les habitudes d'achat.
Selon 94% des Français, « les produits bios sont souvent plus chers »
L'attention portée aux labels bio, d'ailleurs, baisse aussi. Parallèlement, le sentiment d'avoir assez d'informations sur les bénéfices environnementaux et sur la santé de ce mode de culture, ainsi que sur la réglementation et les contrôles auxquels sont soumis les produits biologiques, recule également. Et alors que les produits bio préférés sont des aliments bruts (les fruits et légumes notamment), l'envie de cuisiner, qui avait bondi lors des divers confinements liés à la crise sanitaire, cède progressivement la place à la recherche de confort pratique, en pénalisant le bio. 34% des personnes interrogées estiment même que « faire la cuisine est une corvée », contre 30% en 2022.
Surtout, l'enjeu du prix devient de plus en plus prégnant. 43% des Français déclarent avoir désormais le sentiment d'être contraints de se restreindre pour des raisons financières sur les dépenses alimentaires. 86% disent éviter, pour cette raison, les produits issus de l'agriculture biologique. 94% pensent en effet que « les produits bios sont souvent plus chers », et 62% estiment même que « le bio, c'est surtout du marketing ». 53% estiment d'ailleurs que l'offre bio est restreinte voire absente dans les enseignes de hard-discount.
Un intérêt pour plus de bio à l'école
Le baromètre confirme toutefois aussi le potentiel des leviers sur lesquels la filière, avec l'Agence bio, compte s'appuyer depuis le début de la crise pour se redresser. Parmi ceux-ci, mieux expliquer les garanties apportées par le label bio, mais aussi associer davantage la consommation bio avec la recherche de plaisir, qui pour 42% des personnes interrogées correspond désormais au « bien manger » (contre 27% l'année dernière). Le sondage révèle que « les Français plébiscitent les produits bio pour leur goût ».
Lire: Bio: « Les producteurs font de l'apnée » (Laure Verdeau, Agence bio)
Autre levier validé : l'augmentation de l'offre bio dans la restauration hors domicile, collective notamment. 71% des sondés sont intéressés à se voir proposer plus de produits bio au restaurant. 76% en voudraient davantage à l'école. Le gouvernement vient d'ailleurs de promettre une meilleure mise en oeuvre de la loi Egalim 1, selon laquelle, depuis le 1er janvier 2022, la restauration collective publique devrait proposer au moins 50% de produits durables ou sous signe d'origine ou de qualité, dont au moins 20% de produits bio. Aujourd'hui elle reste en effet largement inappliquée.
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