C'est une voix qui porte dans le dialogue social en Allemagne. Le puissant syndicat allemand IG Metall réclame ce lundi une hausse des salaires de 8% l'an prochain pour les 3,8 millions de salariés du secteur industriel. Une revendication inédite depuis 2008 sur fond d'inflation forte et de ralentissement économique.
« Les employés ont besoin d'être soulagés, notamment en vue de leurs factures, qui augmenteront à nouveau en 2023 », a exigé le président du principal syndicat industriel allemand Jörg Hofmann, qui représente les salariés de 26.000 entreprises au sein de secteurs stratégiques comme l'automobile, l'électronique ou encore la machine-outil.
Jörg Hofmann souhaite des « revenus en hausse et une consommation stable » des paramètres « essentiels » pour la croissance. Le syndicat considère que la « grande majorité des entreprises » industrielles sont capables de fournir ces gains de salaires dans la mesure où elles « se portent bien actuellement ». « Les entreprises peuvent répercuter la hausse des coûts, les employés ne le peuvent pas », a insisté M. Hofmann.
Possibilité de grèves
Outre-Rhin, la flambée des prix continue depuis 18 mois et a atteint 7,9% sur un an en juin en Allemagne, tirée essentiellement par les prix énergétiques mais aussi alimentaires. Face à ce retournement spectaculaire de conjoncture, le gouvernement de la première économie de la zone euro a débloqué plusieurs dizaines de milliards d'euros pour aider les ménages.
Reste à savoir si ces exigences syndicales seront entendues. L'organisation patronale Gesamtmetall les a accueillies froidement, critiquant un syndicat IG Metall « devenu aveugle à la réalité de l'industrie » dont la production est de 12% inférieure à son niveau de 2018, d'après son président Stefan Wolf. « Nous ne pouvons avancer qu'ensemble », a-t-il affirmé, tout en rappelant que « la condition préalable pour cela n'est pas de rester dans un monde fantaisiste ».
Ces dernières semaines, en Allemagne, certains employés de l'industrie sidérurgique n'avaient pas hésité à engager une grève afin de voir leurs revendications salariales satisfaites. Près de 70.000 salariés ont ainsi obtenu une revalorisation de 6,5% suite à une grève de deux semaines dans une cinquantaine d'entreprises du secteur.