Renault n'aurait aucun écrit pour étayer l'espionnage industriel

Par latribune.fr avec Reuters  |   |  790  mots
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Le groupe Renault ne dispose pas de documents écrits sérieux pour appuyer les accusations d'espionnage industriel au profit d'une puissance étrangère, selon le Canard enchaîné publié ce mercredi. C'est un salarié de la société Geos qui aurait mené l'enquête pour la marque au losange et lui aurait rendu compte...par simple appel téléphonique.

L?espionnage industriel chez Renault de plus en plus discuté, comme annoncé le 26 janvier dernier les mystères de l'affaire restent entiers. Le groupe automobile français ne possède aucun écrit sérieux pour étayer les accusations d'espionnage industriel au profit d'une puissance étrangère portées devant la justice contre trois cadres, écrit ce mercredi Le Canard enchaîné.

Alerté par des lettres anonymes à l'été 2010, le constructeur automobile a fait mener l'enquête à titre privé par un seul homme, payé 100.000 euros, correspondant à Alger d'une société privée de renseignement, Geos, selon l'hebdomadaire.

Renault ne souhaite faire aucun commentaire, déclare à Reuters son avocat Jean Reinhart.

Le détective a travaillé avec d'autres personnes qui disent avoir piraté des comptes bancaires et a présenté le résultat de son travail à la direction de Renault par téléphone, sans produire la moindre preuve ou le moindre "justificatif présentable", explique l'hebdomadaire satirique.

Renault a licencié ensuite les trois cadres et porté plainte auprès du parquet de Paris, qui a ouvert une enquête préliminaire officielle confiée à la Direction centrale du renseignement intérieur. Le détective a été licencié par Geos qui lui reproche d'avoir fait cavalier seul.

Selon une source proche du dossier, les enquêteurs de la DCRI ont multiplié ces derniers jours les auditions au sein de Renault et du centre de Guyancourt (Yvelines), où travaillaient les trois cadres mis en cause.

La DCRI a demandé à Renault de livrer le nom de son détective, sans succès, car les témoins interrogés refusent. Des demandes d'aides ont été envoyées au Luxembourg et en Suisse pour vérifier les accusations faisant état de comptes bancaires off-shore, alimentés par des sociétés chinoises, dit le Canard.

La société privée de renseignement Geos a confirmé mardi soir l'implication d'un de ses salariés dans cette affaire d'espionnage. Toujours selon le Canard Enchaîné, c'est un salarié de Geos qui a travaillé avec d'autres personnes qui disent avoir piraté des comptes bancaires et a présenté le résultat de son travail à la direction de Renault par téléphone, sans produire la moindre preuve ou le moindre "justificatif présentable".

"Un salarié de Geos International a fait l'objet, au début de l'été 2010, d'une demande de la part de membres du groupe Renault pour effectuer une étude de solvabilité concernant une entreprise", déclare le président du directoire de Geos, Jean Heinrich, dans un communiqué adressé par mail à l'agence Reuters. "Ce salarié a pris l'initiative, à titre personnel et sans en référer à sa hiérarchie, de servir d'intermédiaire entre ses contacts chez Renault et un tiers investigateur".

"Le salarié ayant reconnu les faits, s'est engagé à présenter sa démission à compter de ce jour. Le Groupe Geos, considérant avoir subi un préjudice, se réserve le droit d'exercer toute action en justice contre les acteurs de cette opération", ajoute-t-il. Personne n'a pu être joint dans l'immédiat chez Geos pour donner des détails sur cette affaire et une porte-parole de Renault n'a pas fait de commentaire dans l'immédiat sur les éléments apportés par la société de renseignement.

Selon Le Canard enchaîné, Renault, alerté par des lettres anonymes à l'été 2010, a fait mener une enquête par un correspondant à Alger de Geos, pour 100.000 euros.

Renault a licencié ensuite les trois cadres soupçonnés d'avoir transmis à l'extérieur des informations sur les véhicules électriques et porté plainte auprès du parquet de Paris, qui a ouvert une enquête préliminaire officielle confiée à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI).

Le président de Geos, le général Jean Heinrich a fait sa carrière dans les opérations spéciales et le renseignement. Il a dirigé le Service Action puis la Direction des Opérations de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE). Il a fondé, puis dirigé la Direction du Renseignement Militaire (DRM). Il a également occupé les fonctions de conseiller auprès de trois ministres de la Défense, lit-on sur le site de Geos.

A en croire Renault, l'opération d'espionnage aurait porté sur le projet de voiture électrique, dans lequel la société a investi quatre milliards d'euros. Les médias s'étant fait l'écho d'une piste chinoise, la France refuse de son côté de faire un lien avec Pékin. Le gouvernement chinois a démenti catégoriquement toute implication dans l'affaire et les trois cadres licenciés se disent innocents. Ils se disent abasourdis et ont déposé des plaintes pour diffamation ou dénonciation calomnieuse.