L'automobile américaine est repartie plein pot

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  505  mots
infographie La Tribune
GM, Ford et surtout Chrysler ont accru nettement leurs ventes en 2011 aux Etats-Unis. Ils s'appuient sur l'engouement toujours vivace pour les 4×4 et "pick up" à fortes marges.

"America is back." L'Amérique est de retour. Exsangues, pas loin de la faillite en 2009, les ex-Big Three de Detroit font preuve d'une extraordinaire capacité de rebond. En 2011, ils ont ainsi affiché une nette hausse de leurs ventes sur leur marché intérieur. Après des décennies de parts de marché en berne. C'est même le plus fragile, Chrysler, qui réalise les meilleures performances. Détenu désormais à 58,5% par l'italien Fiat, Chrysler a vu ses immatriculations bondir de 26% à 1,37 million d'unités l'an dernier outre-Atlantique. GM les a augmentées de 13% à 2,5 millions, Ford de 11% à 2,15 millions. Soit plus que la hausse du marché lui-même. Ils ont certes profité du séisme au Japon qui a handicapé leurs rivaux nippons.

Mais cela n'explique pas tout. Sur le seul mois de décembre, les ventes de Chrysler se sont même envolées de 37%.

Le marché automobile américain dans son ensemble a crû de 10,2% environ à 12,74 millions de véhicules en 2011, selon Ford. Loin, certes, des 17 millions de 2005, mais aussi du creux de 2009 (10,3 millions). Et les constructeurs anticipent une nouvelle croissance cette année, même si elle se ralentira. Les ventes de véhicules neufs aux États-Unis devraient atteindre 13,5 à 14,5 millions cette année.

Caractéristique typique des Etats-Unis : les "light trucks" se portent bien, merci pour eux. Ils ont représenté l'an dernier 52% du marché. Ceux qui leur pronostiquent un inexorable déclin sous la poussée des prix du carburant et le souci de réduction des émissions de CO2 en sont pour leurs frais. Et ce, pour le plus grand profit des ex-Big Three, qui en sont les spécialistes. Ces gros modèles, simples et costauds, sont, qui plus est, à fortes marges ! Le mois dernier, les ventes de Ford ont reculé de 15% dans les voitures, mais bondi de 16% dans les 4×4, 28% dans les pick-up et monospaces. Son "Full Size" pick-up, le fameux F, demeure, depuis vingt-neuf ans, le véhicule le plus diffusé aux États-Unis. Ses ventes y ont encore crû de 24% en décembre. Quant au nouveau 4×4 Ford Explorer, ses volumes ont décollé de 37%. Dans le même temps, ceux de la petite Fiesta se sont effrités de 30%...

Chez Chrysler, même engouement pour les "light trucks". Les immatriculations de Jeep, l'emblématique marque des baroudeurs, ont grimpé de 41%. Il est vrai qu'un Jeep Grand Cherokee démarre à 27.000 dollars seulement, soit 21.000 euros à peine (hors taxes, mais celles-ci sont faibles outre-Atlantique). C'est globalement le tarif d'une compacte Renault Mégane deux fois moins puissante en France ! Le différentiel avec une "mini" comme la Ford Fiesta est aux Etats-Unis de 1 à 2. Dans l'Hexagone, entre une citadine et un gros véhicule, le différentiel serait de 1 à 3...

Grâce à cette renaissance du marché américain, les constructeurs du Michigan engrangent de gros profits. Chrysler devrait même enregistrer un profit opérationnel de 2 milliards de dollars en 2011, a confirmé dernièrement son patron, Sergio Marchionne, également dirigeant de Fiat. Quant à Ford, il a annoncé récemment qu'il allait redistribuer un dividende trimestriel.