Toyota, l'apôtre du "made in France"

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  536  mots
Le constructeur japonais vient discrètement d'installer une troisième équipe dans son usine française de Valenciennes, avec l'embauche de 800 intérimaires à la clé. Des embauches qui portent l'emploi à 4.300 personnes sur le site du Nord. Photo : Reuters (Crédits : (c) Copyright Thomson Reuters 2011. Check for restrictions at: http://about.reuters.com/fulllegal.asp)
Le constructeur nippon vise un retour aux profits de son site de Valenciennes (Nord) cette année grâce à des volumes en hausse. Le PDG de Toyota Motor Europe explique que la production en France n'est nullement un handicap. Mais au contraire un atout clé.

En plein débat sur les délocalisations et les difficultés du "made in France", Toyota persiste et signe! Le constructeur japonais vient discrètement d'installer une troisième équipe dans son usine française de Valenciennes, avec l'embauche de 800 intérimaires à la clé. Des embauches qui portent l'emploi à 4.300 personnes sur le site du Nord, dont plus de 3.000 à contat à durée indéterminée (CDI). Sur les 800 nouveaux intérimaires, quelques centaines de postes pourraient se transformer en CDI si le succès de la Yaris se confirmait. Le constructeur nippon s'apprête justement à introduire une nouvelle version, très attendue, la Yaris III hybride. Son arrivée sur les chaînes pour une production de série est prévue en avril, en vue d'une commercialisation en juin. Toyota produit la Yaris III essence et diesel sur place depuis la mi-juillet 2011.

Une autre façon de travailler

Mais comment fait donc le premier groupe automobile nippon, alors que la production de Renault et PSA en France ne cesse, structurellement, de se réduire au fil des années? "On peut produire une petite voiture en France à condition de remettre en cause le mode d'organisation, de conception, de production de la voiture, la façon de travailler avec les fournisseurs ", explique Didier Leroy, le PDG de Toyota Motor Europe. Cet ancien de Renault ne nie pas l'importance des coûts salariaux.  Mais, ceux-ci ne représentent que  "7 à 15% du prix d'une voiture hors taxes". Dès lors, "si votre voiture est conçue pour être plus simple à assembler, elle demandera moins de temps de main d'oeuvre". CQFD... 

80% des achats effectués en Europe

Et "si on produit une voiture dans un pays à bas coûts, ce que l'on économise en main d'oeuvre peut être entièrement contrebalancé par les coûts logistiques", précise celui qui a mis en place le système de production de l'usine de Valenciennes. Lesdits coûts logistiques pour réacheminer vers l'Europe occidentale des véhicules produits en Europe de l'est peuvent "représenter plus de 50% du différentiel de coûts salariaux". Or, le gros du marché "reste en Europe occidentale. Ce qui compte, c'est de produire là où on vend". Or, "à 350 kilomètres de rayon autour de Valenciennes, on a un potentiel de 130 millions de clients". Du coup, le fait de fabriquer dans l'Hexagone "n'est pas en soi un handicap". D'ailleurs, "43  fournisseurs pour la Yaris III sont  installés en France et 80% des achats sont effectués en Europe occidentale".

"Un retour aux profits cette année"

Une usine de petits véhicules peut-elle être rentable dans l'Hexagone? "Valenciennes a gagné de l'argent entre 2003-2004 et 2009, sauf en 2006". Elle en a "perdu en 2010 et 2011 à cause des investissements pour les nouveaux modèles". Toyota aura en effet déboursé 125 millions dans le Nord pour l'industrialisation de la nouvelle gamme Yaris III. Mais le PDG  vise "un retour aux profits cette année", avec un remontée de la production du site à "235-240.000 véhicules", contre 150.000 l'an dernier" au égard au changement de génération de Yaris. Pour l'année prochaine, Didier Leroy pronostique carrément une" production record", au-delà des 267.000 de 2007. Sauf écroulement du marché européen, évidemment.