PSA scelle une alliance stratégique inégale avec GM

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  597  mots
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Confirmant les informations de La Tribune, les deux constructeurs annoncent ce mercredi leur mariage. GM entrera à hauteur de 7% dans le groupe tricolore et deviendra son deuxième actionnaire après la famille Peugeot. Des produits communs sortiront en 2016.

PSA Peugeot Citroën et General Motors ont annoncé ce mercredi la création d'une "alliance stratégique mondiale". Le groupe tricolore va "procéder à une augmentation de capital d'environ un milliard d'euros", souligne un communique conjoint. La famille Peugeot, qui détient 30,9% du capital de PSA, souscrira à hauteur de 150 millions d'euros à cette augmentation de capital. A cette occasion, l'américain "entrera dans le capital à hauteur de 7 %, devenant ainsi le deuxième actionnaire de PSA Peugeot Citroën derrière le groupe familial Peugeot". Ce nouveau rapprochement stratégique "contribuera à la rentabilité des deux partenaires et améliorera fortement leur compétitivité en Europe", proclame triomphalement le communiqué. Selon les termes de l'accord, PSA et GM "partageront certaines plates-formes, modules et composants, sur une base mondiale, pour réduire les coûts de développement et réaliser des économies d'échelle industrielles.
 

Petites voitures

PSA et General Motors "se concentreront sur les véhicules particuliers de petite et moyenne taille, les monospaces et les "crossovers" (4x4)". Par la suite, les deux partenaires "prévoient de développer conjointement une nouvelle plateforme pour les véhicules à faibles émissions de CO2". L'accord doit permettre par ailleurs aux deux groupes d'"opérer sous la forme d'une seule et même structure d'achat à l'échelle mondiale pour leur approvisionnement en matières premières, composants et services auprès des fournisseurs", avec un "volume d'achat combiné de 125 milliards de dollars (95 milliards d'euros)".
 

1,5 milliard de synergies

Le montant total des synergies "attendues de l'alliance s'élève à environ deux milliards de dollars (1,5 milliard d'euros) par an d'ici à cinq ans." Ces synergies auront certes un "bénéfice limité les deux premières années", préviennent les deux partenaires. Elles devraient se "répartir à égalité entre les deux sociétés". L'alliance "sera dirigée par un comité de pilotage global qui regroupera, à parité, les dirigeants des deux sociétés".
 

Pas de réciprocité

"PSA restera pleinement français, la famille Peugeot en demeurant durablement le premier actionnaire", a aussitôt réagi Eric Besson, ministre de l'Industrie, ajoutant : "cet accord est une bonne nouvelle pour notre industrie automobile et pour ses salariés". Bonne nouvelle? Voire. Car cette alliance apparaît a priori bien... inégale. Si GM rentrera dans le capital de PSA, il n'est pas prévu à ce stade de réciprocité! Rien à voir avec la prise de contrôle du japonais Nissan par Renault en 1999 ! Par ailleurs, les premiers fruits de cette alliance n'interviendront pas immédiatement. "Les premiers véhicules issus d'une plate-forme commune seront commercialisés à partir de 2016", indiquent les deux constructeurs dans leur communiqué. Or, PSA a besoin de solutions rapides pour sortir de la crise dans laquelle il est englué.
 

Casse sociale

Cette alliance sera essentiellement centrée sur l'Europe, où PSA et Opel, filiale allemande de GM, sont en concurrence frontale! Aucune complémentarité sur ce plan. comme l'auraient été des accords avec BMW par exemple.P ar ailleurs, les activités de GM en Europe sont déficitaires depuis une décennie, malgré des plans de restructuration à répétion. Opel est le constructeur malade de l'Europe. Ce n'est donc pas a priori le partenaire idéal pour le français. Dans la perspective des prochaines élections en France, le communiqué conjoint évite toute allusion aux inévitables problèmes de surcapacités qui vont se poser avec cet accord. Opel est fortement surcapacitaire, même s'il a récemment fermé son site belge. PSA aussi. Une casse sociale est à prévoir, très délicate à gérer politiquement.