PSA gèle ses livraisons de pièces à l'Iran, Renault continue

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  699  mots
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Présent sur place depuis le temps du Shah, le constructeur va interrompre jusqu'en juillet ses fournitures de composants pour les 405 et 206 assemblées sur place sous licence. Son concurrent français, lui, poursuit ses activités, à travers une co-entreprise locale.

C'est marginal en chiffre d'affaires, mais pas en ventes. L'Iran est en effet le deuxième débouché mondial de... PSA derrière la France. Or,  le groupe a "décidé la suspension de ses livraisons de pièces jusqu'à juillet. Avec une réévaluation de la situation en septembre", selon un porte-parole, qui confirmait les déclarations jeudi de la CGT. La direction du groupe a l'intention de reclasser en interne les 350 salariés concernés, selon le syndicat., sur le site de Vesoul (Vosges) qui emploie 3.000 personnes au total. Le constructeur tricolore n'a, toutefois, nullement l'intention de quitter un marché-clé, ce dont profiteraient immédiatement des rivaux asiatiques moins scrupuleux! Et ce, d'autant que Renault poursuit ses activités...

Gel de l'activité décidé en février dernier

Indépendamment de son alliance avec GM, paraphée fin février, PSA avait décidé en février dernier  de "geler son activité" avec l'Iran. La politique internationale de sanctions internationales à l'encontre de l'Iran entraîne en effet une interdiction des transactions avec des banques iraniennes. Du coup, PSA ne peut plus financer ses fournitures de pièces ni bénéficier de garanties de paiement. En conséquence, le programme de livraisons avait été suspendu dans un premier temps pour les mois de mars puis d'avril. La marque Peugeot avait écoulé 467.000 véhicules en 2010 sur place et 457.000 en 2011. La marque s'octroie grosso modo 30% du marché local.

 Renault présent

Renault est aussi fortement implanté en Iran aujourd'hui. La firme au losange fournit des composants à Iran Kohodro mais aussi à son concurrent Pars Khodro. Les deux groupes locaux fabriquent la Dacia Logan, rebatisée Renault Tondar, et la Renault Mégane. Les ventes du constructeur au losange sur place ont doublé l'an dernier à 93.578 unités (83. 243 Logan et 10.335 Mégane). Renault "continue" d'ailleurs, lui, ses fournitures, d'après un porte-parole. Contrairement à PSA, il dispose d'une co-entreprise industrielle et commerciale locale. Renault possède 51% de cette société commune, laquelle "distribue ensuite les composants aux deux groupes industriels et gère les paiements". Le PDG de Renault et Nissan, Carlos Ghosn, a affirmé jeudi dernier que l'Alliance " respectait strictement" les réglementations et l'embargo en vigueur. Les lobbies américains se mobilisent, mais Renault rappelle que "l'automobile ne figure pas dans les produits frappés par l'embargo". La firme française pourrait même récupérer les parts de marché perdues par... Peugeot

Des accords remontant au Shah d'Iran

L'implantation locale du groupe PSA remonte aux temps du Shah. Et encore de façon indirecte. La firme au lion avait hérité d'anciens accords passés entre la branche britannique de Chrysler et le groupe local Iran Khodro. Et c'est en reprenant les activités de Chrysler Europe en 1978 que la firme française a trouvé dans la corbeille de mariéée les fournitures de pièces pour le modèle Hillmann Hunter de 1966, un véhicule créé par le groupe britannique Rootes devenu entretemps Chrysler UK. La Hunter a été assemblée sous licence par Iran Kodro sous le nom de Paykan depuis la fin des années 60, avec une intégration locale de plus en plus forte, jusqu'à une date très récente. Tout en continuant à livrer des pièces pour la Paykan, Peugeot a progressivement ajouté sa 405 (de 1985), qui a relayé in fine la Paykan dans le rôle de berline nationale, bonne à tout faire. La firme a aussi introduit sa 206, notamment dans une version spécifique à quatre portes et coffre séparé.

Pas d'implication financière

Le constructeur français n'est  toutefois pas impliqué capitalistiquement, ni industriellement, dans ses activités iraniennes. Il se contente de livrer des composants pour une fabrication sous licence, près de Téhéran. La 405 est intégrée localement à presque 100% et la 206 à 60-80% selon les versions, d'après Peugeot. Cela explique, malgré des volumes très importants, que le chiffre d'affaires généré soit assez faible (de 1,5 à 2% du chiffre d'affaires hors taxes de PSA). La France avait 'très tôt participé à l'éclosion d'une industrie automobile iranienne avec la fabrication locale des Citroën Dyane et de la Renault 5 de première génération.