Renault s'éloigne de l'Algérie

Par Hamid Guemache, à Alger  |   |  371  mots
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Renault a peu de chances d'implanter une usine de voitures en Algérie. Le gouvernement l'accuse de faire traîner les négociations alors qu'il est en grande partie responsable de cet échec.

Le projet d'implantation d'une usine de voitures Renault en Algérie est fortement compromis. Le ministre algérien de l'Industrie, Mohamed Benmeradi, a déclaré ce mercredi que le constructeur français refuse d'implanter cette usine à Jijel, ville côtière située à 360 km à l'est d'Alger, comme l'a proposé Alger par souci "d'équilibre entre les régions" en matière d'investissement.

"Les discussions ont pris plus de temps que prévu. Le partenaire étranger (Renault) a considéré que le lieu proposé pour l'implantation de l'usine est loin du bassin de l'emploi et qu'il n'offrait pas les opportunités nécessaires", a déclaré Mohamed Benmeradi. En 2011, pourtant, ce ministre avait annoncé à plusieurs reprises la conclusion imminente d'un accord avec Renault.

La responsabilité d'Alger est grande

Mais début février, le PDG de Renault, Carlos Ghosn, avait indiqué qu'aucune décision n'avait encore été prise par le constructeur sur ce projet. Le gouvernement a fait semblant de n'avoir pas entendu, avant d'accuser Renault de faire traîner les négociations. Pourtant la responsabilité d'Alger dans cet échec est grande.

Plusieurs raisons expliquent cette incapacité de l'Algérie à attirer un constructeur de voitures en dépit de l'importance de son marché, le deuxième en Afrique, avec 400.000 unités vendues en 2011. "La gestion du projet Renault a été confiée à des bureaucrates qui ne connaissent rien à l'automobile", explique un proche du dossier. L'entêtement des négociateurs algériens de s'occuper de la commercialisation des voitures produites en Algérie illustre cette méconnaissance de l'industrie automobile et de l'indécision du gouvernement algérien. "Les Algériens n'ont pas été clairs sur ce qu'ils veulent faire : doter le pays d'une industrie automobile ou devenir concessionnaire", ajoute la même source.

Autres facteurs : la décision d'Alger d'imposer à Renault d'implanter son usine à Jijel, une ville touristique où l'industrie est quasiment inexistante, l'absence de sous-traitants et la politisation du projet. Le régime voulait l'avoir pour maquiller son maigre bilan à la tête du pays à l'occasion de la célébration cette année des 50 ans de l'indépendance. Et aussi, pour faire comme le Maroc marocain où Renault a implanté sa première usine de fabrication de voitures en Afrique.