Pourquoi le groupe PSA veut fermer Aulnay

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  808  mots
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Un CCE crucial de PSA Peugeot Citroën se tiendra ce jeudi. L'annonce du plan d'aide gouvernemental à l'automobile française semble reporté à une date ultérieure.

Jeudi 12 juillet, PSA tiendra un comité central d'entreprise (CCE) crucial. Pour évoquer "la situation économique du groupe et les mesures contribuant à son redressement". Le patron du constructeur en crise, Philippe Varin, donnera ce jour-là, à 10 heures, une conférence de presse. Les syndicats redoutent à cette occasion l'annonce de la fermeture du site d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis, 3.000 salariés et 300 intérimaires), qui apparaît désormais condamné. Un autre CCE est prévu le 25 juillet, date de la publication des résultats financiers semestriels du constructeur automobile.

Rennes et Sevelnord sur la sellette

Outre Aulnay, les syndicats craignent également des mesures pour l'usine de Rennes, qui risque de perdre la production du successeur de la Citroën C5. On évoque un millier de salariés menacés sur le site breton. Le sort de Sevelnord (utilitaires produits avec Fiat) doit être pour sa part évoqué dès le mercredi 11, dans un comité d'entreprise spécifique. PSA doit notamment annoncer à cette occasion que les 50 % détenus par Fiat dans cette co-entreprise seront rachetés par Automobiles Peugeot et Automobiles Citroën, selon la CGT. Faute d'autre repreneur.

Suppressions d'emplois

Un approfondissement du plan d'économies de PSA d'un milliard d'euros par an n'est pas à exclure. Ce plan prévoit cette année 1.900 suppressions de postes en France et 2.400 chez des prestataires extérieurs. Au total, près de 6.000 postes sont visés en Europe. Le 3 juillet dernier, un syndicaliste de FO avait même évoqué jusqu'à 10.000 postes sur la sellette dans l'Hexagone. Le 30 juin dernier, le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a demandé en tous cas à Philippe Varin de "faire connaître ses intentions au plus vite et de façon précise".

Surcapacités flagrantes

Selon des sources officieuses, le gouvernement français ne se battra pas pour... Aulnay, mais devrait exiger que la production de la future Citroën C3, qui succèdera à l'actuelle, dont la production à Aulnay est assurée jusqu'à 2014, reste en France et ne soit pas transférée en Slovaquie, par exemple. PSA est structurellement confronté à de lourdes surcapacités. Certes, le marché européen est en chute mais les ventes de PSA sont encore plus affectées que celles du marché du Vieux continent dans son ensemble. 

En outre, PSA pâtit de l'échec du fameux objectif des 4 millions de véhicules annuels de l'ex-patron Jean-Martin Folz, qui avait accru inconsidérément son potentiel industriel. Philippe Varin a évoqué, en février dernier, des surcapacités de 25 % en Europe dans les petits véhicules. Il est par ailleurs certain qu'Aulnay fait double emploi avec le site voisin de Poissy, qui fabrique des véhicules sur la même plate-forme. Aulnay est d'ailleurs, aujourd'hui, le seul site français du groupe qui ne fabrique qu'un seul modèle (Citroën C3). Pas très rationnel en tous cas de faire des C3 dans deux usines de la région parisienne, sans parler des minispaces C3 Picasso à Trnava, en Slovaquie.

Problème de climat social

Par ailleurs, Aulnay souffre de problèmes spécifiques... qui ne sont pas nouveaux. "Il y a un vrai problème de climat social. C'est une usine dominée par des syndicalistes extrémistes. La direction a perdu le contrôle du site. Du coup, avec un climat pareil, Aulnay ne fait pas de la bonne qualité du premier coup. Il faut réaliser beaucoup de retouches sur les véhicules en fin de chaîne. Ca coûte cher", explique un industriel, fin connaisseur de l'usine. Créée par Citroën au début des années 70, l'usine, qui a produit notamment des Citroën Cx, Visa, Ax, Saxo, des Peugeot 104, 205, puis 106, a de fait connu des conflits sociaux très durs durant son histoire, en particulier dans les années 80.

Faiblesse logistique

Outre ce vécu éminemment conflictuel, Aulnay pâtit aussi d'une "évidente faiblesse logistique liée à son implantation géographique. Les abords du site sont très encombrés, ce qui perturbe l'arrivée des pièces et les départs des véhicules", souligne cet expert. Dès lors, s'il y a une usine en trop dans le système industriel de PSA, c'est bien celle-là. Il s'est produit à peine 135.700 véhicules l'année passée à Aulnay, contre plus de 400.000 par an de 2002 à 2004. Les effectifs se montaient à plus de 5.700 personnes au début des années 90 et 5.400 encore au début de la précédente décennie. Soit près du double d'aujourd'hui.

Plan gouvernemental

Ce jeudi 12 juillet, le jour du CCE de PSA, le gouvernement français devait annoncer pour sa part son plan d'aide à la filière automobile. Mais, l'annonce en a été reportée à une date ultérieure. Selon des premières informations officieuses, ce plan devrait comprendre des aides aux fournisseurs mais aussi un volet spécifique pour... PSA !