A quoi sert le rapport sur PSA réclamé par Montebourg ?

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  545  mots
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Le rapport Sartorius demandé par le gouvernement sur PSA ne remet pas en cause la fermeture de l'usine d'Aulnay. Le document publié ce mardi pointe de graves erreurs stratégiques: outil de production "surdimensionné" en Europe à cause d'une croissance ratée, développement international trop "tardif", concentration excessive sur les voitures petites et compactes.

Tant de temps pour ça? Ceux qui espéraient une remise en cause de la fermeture du site PSA d'Aulnay seront déçus. " La nécessité d'un plan de réorganisation des activités industrielles et de réduction des effectifs n'est malheureusement pas contestable " dans son principe, affirme en effet  le rapport Sartorius sur la situation de PSA, dévoilé ce mardi par le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg. Celui-ci ne conteste nullement le plan de fermeture du site d'Aulnay en 2014 et les 8.000 suppressions de postes, annoncés par le groupe au début de l'été. Même s'il critique le choix qui l'a amené à condamner Aulnay en évacuant "rapidement la possibilité d'arrêter son usine de Madrid, qui souffre pourtant de nombreux défauts".... Le rapport demandé par le gouvernement, et que les syndicats attendaient avec impatience, ne changera donc rien! 

Faible taux d'utilisation des usines

Outil de production "surdimensionné" en Europe (61,4% de taux d'utilisation à peine des usines de petits modèles) à cause d'une croissance ratée et développement international trop "tardif" avec un "manque d'ambition", telles sont les deux erreurs stratégiques cruciales pointées par Emmanuel Sartorius, l'ingénieur des Mines auteur dudit rapport, qui rendent aujourd'hui inévitable la restructuration de PSA . La firme reste à la traîne en Chine (à peine un peu plus de 3% de part de marché), alors qu'elle  y est allée dès 1985. PSA est aussi en retard en Amérique latine et « reste complètement absent d'Amérique du Nord », pointe le rapport.

58% des ventes en Europe

Conjoncturellement, et en corollaire, le rapport note que PSA est trop "dépendant" du marché européen en crise, lequel absorbe encore 58% de ses ventes, contre 48,6% pour Volkswagen. En outre, PSA, " dont l'outil de production reste largement centré sur la France ", demeure un "constructeur généraliste", présent principalement sur les voitures "petites" et "compactes", les créneaux "les plus concurrentiels" qui génèrent 77% de ses ventes (en 2011). La firme " se trouve prise en tenaille entre les autres généralistes produisant des voitures à bas coûts en Europe de l'est et les constructeurs allemands "premium" "... "Pris entre des ventes qui diminuent, des surcapacités et des perspectives de reprise du marché qui s'éloignent", PSA "connaît un rythme de consommation de cash opérationnel intenable de 954 millions d'euros au premier semestre",  souligne Emmanuel Sartorius.

Limites des coopérations

Le rapport critique aussi la politique de coopérations, sans alliance, menée par le groupe durant des décennies pour maintenir son indépendance, qui « atteint aujourd'hui leurs limites ». Face à la consolidation du secteur, PSA "n'est plus que le huitième constructeur mondial", déplore le rapport , qui pointe dans le même temps  les « près de 450 millions d'euros de dividendes et de rachats d'actions inopportuns à partir de 2011". Côté propositions, le rapport demeure frugal! Sans analyser sur le fond l'alliance avec l'américain GM, nouée en février 2012, le rapport Sartorius se borne à insister sur la nécessité de limiter la casse sociale: "les mesures du plan doivent être limitées strictement à ce qui est nécessaire au redressement de l'entreprise". Bof, ça ne mange pas de pain. Pas sûr que ça suffise à PSA pour aller de l'avant...