PSA : quatre projets communs avec Opel (GM) pour survivre

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  942  mots
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PSA et son allié GM annoncent quatre projets de véhicules communs: deux sur les monospaces, un sur les petits véhicules et un autre sur les familiales. Le chiffre d'affaires trimestriel de PSA est en baisse et l'Etat doit voler au secours de Banque PSA Finance en difficulté.

PSA Peugeot Citroën et General Motors annoncent ce mercredi quatre projets communs de véhicules. Et ce, alors que PSA annonce des ventes en forte baisse au troisième trimestre et que l'Etat doit voler au secours pour renflouer sa filiale Banque PSA Finance. Dans un tel contexte de crise grave, PSA et Opel, branche allemande chroniquement déficitaire de GM, essayent de faire front commun. Un communiqué annonce ainsi un programme commun pour un "nouveau monospace compact de marque Opel-Vauxhall" (filiales allemande et britannique de GM) et un "CUV" (faux 4x4) compact de marque Peugeot" qui remplacera le 3008 actuel. Un deuxième programme de "petits monospaces", également pour Opel-Vauxhall, mais aussi pour Citroën (sucesseur du C3 Picasso) est prévu. Par ailleurs, une "plateforme existante, mais modernisée", servira de base aux petits véhicules de GM en Europe (Corsa) ainsi qu''à ceux des deux marques de PSA en Europe comme en dehors". Enfin, un projet de berlines  familiales "moyennes supérieures" verra aussi le jour pour remplacer les Opel Insignia, les Citroën C5 et Peugeot 508. L'Alliance "prévoit de commercialiser les premiers véhicules issus de ces programmes communs d'ici à la fin de 2016", selon le laconique communiqué de PSA.

Prochaine étape dans l'organisation conjointe des achats

Les deux partenaires ont également confirmé les prochaines étapes dans l'organisation conjointe des achats. Cette collaboration "s'appuiera sur la puissance d'achat des deux entreprises pour développer des synergies bénéficiant aux deux groupes". La "création de l'organisation conjointe des achats est soumise à l'approbation des autorités de la concurrence compétentes".

Les synergies se confirment

Sur la base des programmes engagés, les deux alliés confirment les objectifs de synergies précédemment annoncés, "soit 2 milliards de dollars par an d'ici cinq ans".  Les "projets communs (plateformes de véhicules et organisation des achats) étant confirmés, les équipes travaillent à présent à la finalisation des accords définitifs correspondants", signale le constructeur français. Aucune autre précision, notamment sur les usines de production, n'a été donnée à ce jour..

Opel-PSA?

En revanche, le projet de mise en commun dans une co-entreprise à parité des activités d'Opel et de la division automobile de PSA, révélé récemment par La Tribune, n'est pas encore mûr selon nos informations. PSA et GM étudient ce projet de société conjointe. Une décision devrait être prise d'ici à la fin décembre, selon nos sources.

Chiffre d'affaires en berne

PSA a par ailleurs annoncé ce mercredi un chiffre d'affaires du troisième trimestre 2012 à 12,93 milliards d'euros, en baisse de 3,9%. Celui de la division automobile s'inscrit en recul de 8,5%, dans un marché européen en forte baisse de 7,8% à fin septembre et une pression sur les prix. Les ventes mondiales du groupe s'élèvent à 625.267 unités, en baisse de 6,3% hors éléments détachés.

Pertes semestrielles

PSA avait affiché au premier semestre une perte nette de 819 millions d'euros. La perte opérationnelle courante de la division automobile s'élevait à 662 millions, avec une marge négative de 3,3% par rapport au chiffre d'affaires, lequel reculait de 10,5%. Sur le Vieux Continent, les volumes chutaient carrément de 15,2%. Philippe Varin, président du groupe, avouait alors brûler 200 millions d'euros de cash par mois. Et il espèrait à peine diviser par deux cette consommation en 2013, soit encore 100 millions par mois! Dans son communiqué de ce mercredi, PSA se borne a affirmer que, en 2012,  "la dette nette du groupe à fin décembre 2012 devrait s'élever à environ 3 milliards d'euros".

Banque en difficulté

Mal en point, PSA doit aussi faire face à la crise de sa filiale Banque PSA Finance! L'Etat français a même dû se porter à son secours. Le gouvernement a annoncé son intention d'apporter sa garantie de refinancement pour des émissions obligataires nouvelles de Banque PSA Finance pour des tirages à effectuer sur la même période 2013-2015, jusqu'à un montant de 7 milliards d'euros. Un comité de suivi de la garantie sera constitué, intégrant des représentants de l'Etat et du groupe.

Outil surdimensionné

Outil de production "surdimensionné" en Europe (61,4% de taux d'utilisation à peine des usines de petits modèles) à cause d'une croissance ratée et développement international trop "tardif" avec un "manque d'ambition", telles sont les erreurs stratégiques cruciales du constructeur auto français pointées par Emmanuel Sartorius, l'ingénieur des Mines auteur du rapport remis au gouvernement le mois dernier, qui rendent aujourd'hui inévitable la restructuration de PSA qui doit supprimer 8.000 poste sen France et ferme le site d'Aulnay, en région parisienne. Conjoncturellement, et en corollaire, le rapport notait que PSA était trop "dépendant" du marché européen en crise, lequel absorbe encore 58% de ses ventes, contre 48,6% pour Volkswagen. En outre, PSA, "dont l'outil de production reste largement centré sur la France", demeure un "constructeur généraliste", présent principalement sur les voitures "petites" et "compactes", les créneaux "les plus concurrentiels" qui génèrent 77% de ses ventes (en 2011). La firme "se trouve prise en tenaille entre les autres généralistes produisant des voitures à bas coûts en Europe de l'est et les constructeurs allemands premium"...

Scepticisme sur PSA-GM

Les experts demeurent sceptiques sur cette alliance GM-PSA annoncée en avant-première par La Tribune et scellée fin février dernier, car les deux constructeurs sont directement concurrents, sur les mêmes marchés, avec des gammes exactement rivales. Opel, la filiale allemande de GM étant chroniquement malade et perdant régulièrement des parts de marché, l'addition d'un malade et d'un PSA en crise structurelle profonde risque de ne pas déboucher sur un ensemble en... bonne santé!