Bruxelles va négocier un traité de libre-échange avec le Japon inquiétant pour l'automobile

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  446  mots
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Le Conseil a donné mandat à la Commission européenne pour négocier un accord de libre-échange avec le Japon. L'automobile devrait bénéficier d'une clause de sauvegarde. Mais les constructeurs du Vieux continent sont très inquiets.

Les ministres européens du Commerce ont donné ce jeudi mandat à la Commission pour ouvrir des négociations avec le Japon en vue de parvenir à un accord de libre-échange. Le mandat comprend en principe une clause de sauvegarde pour protéger des secteurs comme l'automobile. Pas question a priori de signer un accord aussi défavorable à l?automobile que le traité de libre-échange avec la Corée entré en vigueur en juillet 2011. Le commissaire européen au Commerce, Karel De Gucht, a averti que les discussions pourraient durer? plusieurs années. La ministre française du Commerce, Nicole Bricq, était venue à Bruxelles avec pour objectif d?obtenir une clause de sauvegarde. Elle a donc obtenu satisfaction, soulignant, au cours d'un point de presse, que "l'automobile est explicitement citée".


Soutien de plusieurs pays à la France

L'accord avec la Corée comportait aussi? une clause de sauvegarde concernant l'automobile. Le hic, c?est qu?elle était inefficace ! La France estime toutefois que la clause qui s'appliquerait au Japon serait au contraire pleinement "opérationnelle". D'autres pays ont d?ailleurs défendu cette clause, tels l'Espagne, l'Italie, la Roumanie et la Slovaquie, a indiqué Nicole Bricq, tout en soulignant que l'Allemagne, moins menacée par les constructeurs japonais, avait  tout de même donné son accord.


L'ACEA est contre

L'Association européenne des constructeurs automobiles (ACEA) a cependant réagi dans un communiqué, estimant que "cet accord serait à sens unique". Elle cite une étude du cabinet Deloitte, selon laquelle l'afflux de voitures japonaises en Europe ne s'accompagnerait que d'une hausse minime des ventes de véhicules européens au Japon, et entraînerait la perte de 35.000 à 73.000 emplois dans le secteur en Europe. L?étude démontre que les exportations de voitures européennes vers l?archipel du fait d?un éventuel accord pourraient croître de près de 8.000 unités annuelles à peine vers 2020. En revanche, les marques nippones pourraient augmenter de 443.000 unités par an leurs ventes sur le Vieux continent ! Sont en cause, comme en Corée, les barrières non tarifaires, souvent dénoncées comme un moyen utilisé par Tokyo - et Séoul - pour empêcher l'accès de produits étrangers sans en avoir l?air.

Contribution positif au commerce extérieur

L?ACEA rappelle que le secteur automobile en Europe contribue pour 114 milliards d?euros à la balance commerciale de l?Union. Celui-ci fait vivre 11,6 million de personnes, soit 5,3% de la population active. Les marques nippones occupent 12% du marché des voitures particulières dans l?Union européenne. En revanche, les voitures importées, prises ensemble toutes nationalités confondues, s?octroient à peine 6 à 8 % du marché japonais selon les années.