Les constructeurs auto japonais applaudissent aux négociations sur un accord de libre-échange avec l'Europe

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  594  mots
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Comme il fallait s'y attendre, les constructeurs auto japonais se disent ravis de l'ouverture des négociations pour un accord de libre-échange Europe-Japon. Ils pourraient exporter plus de 440.000 véhicules supplémentaires par an vers l'Union, alors que les Européens gagneraient à peine 8.000 unités supplémentaires, selon une étude.

Les Japonais accueillent ce vendredi avec satisfaction le feu vert donné jeudi par les ministres européens à l'ouverture par la Commission de négociations pour un accord de libre-échange Union européenne-Japon. Logique: dans l'automobile du moins, ils ont tout à y gagner ! Une bonne nouvelle pour les constructeurs nippons, qui souffrent d'un marché intérieur en dents de scie et sont confrontés à un yen qui n'est plus sous-évalué comme il l'a été durant des décennies. "Nous sommes convaincus qu'un accord de libre-échange sera de nature à donner un élan aux échanges, investissements et coopérations entre les industriels des deux côtés pour doper la croissance et le secteur de l'automobile de l'Europe et du Japon", a déclaré dans un communiqué Akio Toyoda, patron de Toyota et président de l'Association des constructeurs nippons. Ben voyons!

Les Japonais jouiraient des avantages consentis aux Coréens

Pour les fabricants japonais, la suppression des taxes à l'entrée dans l'Union devrait entraîner une très nette augmentation des exportations de véhicules vers l'Europe. A l'image des Coréens après le traité de libre-échange Europe-Corée, entré en vigueur en juillet 2011. Les Japonais pourraient d'ailleurs reprendre des parts de marché aux Coréens en Europe. Les Européens ont certes prévu une clause de sauvegarde, applicable notamment à l'automobile, qui permet de revenir en théorie sur la libéralisation si un déséquilibre est constaté. Mais, l'accord avec la Corée a démontré que cette clause était difficilement applicable dans la réalité. La France estime toutefois que la clause applicable au Japon serait cette fois pleinement "opérationnelle". La ministre française du Commerce, Nicole Bricq, était venue à Bruxelles jeudi avec pour objectif, justement, d?obtenir une clause de sauvegarde censément plus efficace.

L'association des constructeurs européens ACEA est contre

Si les Japonais se réjouissent, l'Association européenne des constructeurs automobiles (ACEA) réagit défavorablement. Dans un communiqué, l'ACEA estimait jeudi que "cet accord serait à sens unique". Elle citait une étude du cabinet Deloitte, selon laquelle l'afflux de voitures japonaises en Europe ne s'accompagnerait que d'une hausse minime des ventes de véhicules européens au Japon, mais entraînerait la perte de 35.000 à 73.000 emplois dans le secteur en Europe. L?étude démontre que les exportations de voitures européennes vers l?archipel, du fait d?un éventuel accord, pourraient croître de près de 8.000 unités annuelles à peine vers 2020. En revanche, les marques nippones pourraient augmenter de 443.000 unités par an leurs ventes sur le Vieux continent ! Sont en cause, comme en Corée, les barrières non tarifaires, souvent dénoncées comme un moyen utilisé par Tokyo - et Séoul - pour empêcher l'accès de produits étrangers sans en avoir l?air.

Contribution positif au commerce extérieur

L?ACEA rappelle que le secteur automobile en Europe contribue pour 114 milliards d?euros à la balance commerciale de l?Union. Celui-ci fait vivre 11,6 millions de personnes, soit 5,3% de la population active. Les marques nippones occupent 12% du marché des voitures particulières dans l?Union européenne, avec des produits souvent assemblés en Europe (Grande-Bretagne, Espagne, nord de la France) mais aussi des modèles importés du Japon comme la célèbre Toyota Prius hybride. En revanche, les voitures importées au Japon, prises ensemble toutes nationalités confondues, s?octroient à peine 6 à 8% du marché de l'archipel selon les années, en incluant des modèles fabriqués à l'étranger par... les marques japonaises.