Le constructeur auto chinois Qoros veut s'attaquer au haut de gamme allemand : un pari fou ?

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  582  mots
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Qoros, la nouvelle marque auto chinoise, dévoile les photos de sa future berline haut de gamme GQ3, qui doit arriver dans moins d'un an en France. L'objectif de rivaliser avec Audi ou BMW semble a priori délirant.

Qoros, la nouvelle marque chinoise qui vise l'Europe, dévoile les premières photos de sa future berline "premium". Celle-ci sera présentée officiellement au salon de Genève début mars 2013. Cette voiture de gamme moyenne répondant au doux nom de GQ3 - pour une appellation haut de gamme, c'est plutôt raté! -sera vendue en Chine au second semestre de l'année prochaine et arrivera en Europe, notamment en France,  vers le mois de novembre 2013. Ce modèle veut carrément concurrencer les Audi A4 et BMW 3, voire Mercedes C. Rien de moins. Un pari fou? Dessinée sous la houlette d'une équipe basée à Munich - la ville de BMW justement - et à Shanghai dirigée par Gert Volker Hildebrand, l'auteur des Mini, cette voiture se veut racée, élégante et "high tech". Un dérivé break et un 4x4 compléteront rapidement la gamme. Des coupés et cabriolets sont aussi prévus. Qoros fournira tout un arsenal technologique avec des diesels, des boîtes robotisées, des transmissions aux quatre roues...

Propriété de Chery et d'une holding israélienne

Propriété à 50-50 du constructeur chinois Chery et d'une holding financière israélienne, Israel Corp, Qoros se donne les moyens de ses ambitions, a priori démesurées. La firme a  fait son marché en Europe. Les plates-formes sont  développées par le spécialiste canadien Magna. Qoros travaille avec les grands équipementiers comme Bosch ou Continental. Et la société a recruté des spécialistes chez les constructeurs du Vieux continent. Outre le patron du design, le responsable de la sécurité provient du suédois Saab... Le patron opérationnel arrive de chez Volkswagen. Qoros a recruté aussi des anciens de Volvo, Mercedes et Fiat. La marque compte produire initialement 150.000 véhicules par an dans la banlieue de Shanghai. Mais elle a d'ores et déjà prévu de porter les capacités à 450.000 unités annuelles en cas de succès. Chery est certainement l'un des constructeurs les plus à même de réussir le pari de l'export. Il est en effet le... premier exportateur automobile chinois. Mais ses véhicules aujourd'hui sont très rustres et de qualité médiocre. D'ailleurs, ils ne trouvent preneurs que dans les pays émergents.

Des projets paradoxaux

Ce tout nouveau constructeur chinois tente de s'afficher d'emblée comme le premier label automobile haut de gamme de l'ex-Empire du milieu. Pas moins. Pour paraître un rien délirant, son raisonnement n'en est pas moins logique: pour être reconnu comme un constructeur "premium" en Chine, il est indispensable d'être considéré comme allemand ou à tout le moins de conquérir ses galons en Europe. Seulement, voilà: pourquoi les consommateurs européens se jetteraient-ils sur des véhicules d'une marque absolument inconnue, sans tradition, sans identité? Le pari de la vente en Europe semble paradoxal, quand on voit les difficultés de Lexus, marque haut de gamme de Toyota, à s'imposer en Europe. Et ce, alors que la marque nippone a largement fait ses preuves aux Etats-Unis depuis des décennies, qu'elle jouit d'une réputation à toute épreuve en matière de fiabilité et qu'elle passe pour une référence en technologie (hybride, notamment). Le haut de gamme est un segment  si difficile sur le Vieux continent, où règnent en maîtres les spécialistes allemands, que même le très puissant coréen Hyundai-Kia a renoncé pour le moment à s'y frotter.