Plans sociaux : le gouvernement change de ton avec Renault

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  494  mots
Le PDG de Renault-Nissan Carlos Ghosn. Copyright Reuters (Crédits : Carlos Ghosn - Photo Reuters)
Michel Sapin met en garde Renault contre un éventuel chantage à la femeture d'usines du groupe. La firme française ne produit plus que 17,5% de ses véhicules en France. Ses "Best Sellers" sont fabriqués essentiellement hors de l'Hexagone.

Tiens, tiens. Après la mansuétude, le gouvernement se croit obligé de durcir le ton vis-à-vis de Renault. Le ministre du Travail, Michel Sapin, a ainsi déclaré ce mercredi qu'"il ne devait pas y avoir de chantage" dans la négociation entre la direction de Renault et les syndicats sur un éventuel accord de compétitivité. Les discussions doivent être "loyales" et "tous les moyens ne sont pas bons" pour négocier, a estimé le ministre sur la radio RTL. Mardi, trois syndicats avaient affirmé que la direction du groupe automobile menaçait de fermer deux sites en France si aucun accord de compétitivité n'était trouvé, des menaces aussitôt démenties par la direction. Le gouvernement est opposé à tout "licenciement" ou "fermeture de sites", a pour sa part rappelé, également ce mercredi, Pierre Moscovici, ministre de l'Economie, sur BFMTV/RMC.

Lignes rouges

Certes, l'Etat a 15% du groupe français. Mais les prises de position gouvernementales sur les discussions entre direction de sociétés privées et partenaires sociaux au sein des groupes automobiles apparaissent néanmoins paradoxales... Mardi, c'était l'entourage du ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, qui soulignait que les négociations chez Renault ne devaient pas "s'apparenter à du chantage". Un changement de ton, alors que, la semaine dernière, Arnaud Montebourg avait salué le fait que les "deux lignes rouges" des licenciements et de la fermeture de sites n'avaient "pas été franchies" après l'annonce par Renault de 7.500 suppressions nettes d'emplois.

Volumes divisés par deux

Renault négocie des accords avec les syndicats pour rendre les usines françaises plus compétitives. Des discussions dont Renaut espère qu'elles aboutiront fin janvier ou début février. Renault a fait miroiter, en cas de conclusion d' un accord, la possibilité des produire des véhicules de ses alliés, notamment de Nissan, en France. La firme au losange veut obtenir des accords de flexibilité, à l'exemple de ce qui a été signé à l'automone dernier dans sa filiale espagnole. Renault ne produit plus que 17,5% de ses véhicules en France (contre 35% pour PSA). Sa production a été divisée dans l'Hexagone par plus de deux depuis le milieu des années 2000.

Production hors de France

La plupart de ses "Best sellers" sont fabriqués hors de France (Twingo en Slovénie, Clio à 60% à Bursa et seulement 40% à Flins, berline compacte Mégane en Espagne...). Son tout nouveau (faux) 4x4 Captur est assemblé également dans la péninsule ibérique. Carlos Tavares, directeur général délégué de Renault, affirmait récemment qu'une Clio IV assemblée à Bursa (Turquie) coûtait 1.300 euros de moins que la même produite en France... Les coûts sont un point crucial pour un constructeur comme Renault, qui vend essentiellement des petits modèles d'entrée de gamme., où une différence de quelques centaines d'euros peut être catastrophique pour la carrière d'un modèle, face aux concurrents.