Goodyear : les affrontements entre manifestants et forces de l'ordre font 24 blessés

Par latribune.fr  |   |  589  mots
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Six ans après le premier projet de restructuration pour l'usine Goodyear d'Amiens-Nord, les salariés du site Goodyear d'Amiens Nord ont soufflé jeudi les bougies de ce triste anniversaire, en marge d'un nouveau comité central d'entreprise sur le projet de fermeture du site. Des échauffourées entre manifestants et forces de l'ordre ont fait 24 blessés, principalement au sein de la police.

Dans la rue pavillonnaire d'ordinaire paisible, quelques heures après la manifestation, flottait encore une âcre odeur de gaz lacrymogène et de pneus brûlés, vestige d'échauffourées entre manifestants et forces de l'ordre, que la direction de Goodyear a condamnées. Ce jeudi 7 mars se tenait un nouveau comité central d'entreprise sur le projet de fermeture du site d'Amiens Nord du fabricant de pneumatiques.  Le 31 janvier dernier, la direction de Goodyear Dunlop avait confirmé son projet de fermeture de ce site de production, un projet de restructuration qui n'a cessé d'agiter la vie du site d'Amiens Nord depuis 2007. Ce sont 1.173 postes qui sont directement menacés.

Ce jeudi, les syndicats avaient organisé une manifestation devant le siège de Goodyear, à Rueil-Malmaison (dans les Hauts-de-Seine), pour tenter - une nouvelle fois - de faire pression sur la direction pour qu'elle revienne sur sa décision de fermer l'usine. Si d'un côté, les manifestants picards étaient venus par centaines, les policiers étaient aussi nombreux sur le pied de guerre. "Ce déploiement de forces de l'ordre, c'est de la provocation" a considéré Philippe Dufaux, opérateur de 43 ans, depuis 13 ans à Amiens-Nord. "Nous, on veut juste protéger nos familles", a-t-il ajouté.

"Le monde ouvrier en a marre de se faire écraser !"

Les affrontements ne se sont pas fait attendre. Aux jets de bouteilles ou de projectiles de la part des salariés les forces de l'ordre ont répondu par des gaz lacrymogènes et des jets violents de canons à eau pour repousser les manifestants, venus par bus entiers de la Somme. Bilan: 24 blessés légers de part et d'autre (19 dans les rangs de la police, selon une source policière et cinq manifestants hospitalisés, selon les syndicats), un camion anti-émeutes à la tôle partiellement calcinée et des dizaines de bouteilles, cannettes et coquilles d'oeufs jonchant le sol. "Le monde ouvrier en a marre de se faire écraser!", s'est écrié, énervé, Jean-Louis Ditte, mécanicien de 48 ans dont "24 de Goodyear".

Les salariés venus manifester disent garder espoir d'un revirement de situation, même si la direction de Goodyear se montre déterminer à abandonner l'activité sur ce site d'Amiens nord et a présenté cet cessation comme inévitable: c'est la "seule option possible après cinq années de négociations infructueuses", selon elle. "Les effets d'annonce de la direction jouent sur le moral des salariés", a d'ailleurs déploré Christophe Verecque, salarié non syndiqué, énumérant "le projet de 400 suppressions de postes d'abord, puis 800, ensuite un plan de départs volontaires, et le projet avorté de Titan....".

La CGT propose un projet de Scop

Pendant la réunion avec la direction, la CFDT a défendu entre autres la piste d'un repreneur éventuel et celle d'un plan de départs volontaires pour les seniors qui pourrait concerner environ 400 personnes jusqu'à 56 ans, selon Didier Raynaud (CFDT). La CGT quant à elle, a mis en avant, seule, un projet de Scop (société coopérative et participative) qu'elle détaillera le 17 mars. Pendant le comité central d'entreprise (CCE), les élus CGT et CFDT ont également voté quatre résolutions qui vont permettre au CCE d'entamer des actions en justice pour dénoncer des "irrégularités", selon eux, dans la procédure d'information-consultation du CCE et du comité d'entreprise européen. Ils vont aussi faire constater le "défaut d'information sur la situation économique du groupe au CCE" et l'"indigence du PSE au regard des moyens du groupe".

avec AFP