Les agences de notation financière dégradent successivement PSA

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  608  mots
Peugeot 2008 Copyright Palexpo (Crédits : <small>DR</small>)
Après Fitch et Standard and Poor's, l'agence de notation Moody's a dégradé d'un cran la note du constructeur français.Moody's redoute que le groupe français ne doive procéder à de nouvelles baisses de coûts. L'usine de Rennes sera en chômage technique pendant plus de trois semaines.

L'agence de notation Moody's a dégradé d'un cran ce jeudi la note du constructeur français PSA Peugeot Citroën, en raison de pertes plus importantes que prévu dans sa division automobile, selon un communiqué. Moody's attribue désormais à PSA la note long terme "B1" contre "Ba3" précédemment, assortie d'une perspective "stable". L'agence souligne que le constructeur français doit redresser la barre dans un contexte difficile pour le marché automobile européen qui continue de se dégrader, notamment pour les modèles bon marché et de moyenne gamme.

Nouvelles réductions de coûts?

"A moins que le marché d'Europe occidentale ne se redresse fortement en 2014 comparé à ce qui est anticipé, PSA devrait être contraint de procéder à de nouvelles mesures de réductions de coûts", estime Falk Frey, vice-président de Moody's, auteur du document. PSA a prévu de supprimer 11.000 postes entre 2011 et 2014 en France (sur un total de 91.000) et de fermer son usine d'Aulnay-sous-Bois. Moody's rappelle que les résultats financiers de PSA l'année dernière étaient bien en dessous de ses prévisions. Elle fait remarquer que malgré le lancement de nouveaux modèles, comme la 208, PSA n'a pas été en mesure de limiter le déclin de ses parts de marché en Europe.

Fitch aussi

En février dernier, l'agence Fitch avait déjà dégradé d'un cran la note de dette à long terme de PSA à B+, contre BB- auparavant. Cette dégradation reflétait la "préoccupation" de Fitch quant aux capacités de PSA à sortir ses activités automobiles du rouge et ramener la trésorerie opérationnelle  à l'équilibre fin 2014,  expliquait l'agence dans un communiqué. Fitch affirmait alors  que les objectifs de PSA devraient être reportés à 2015 au mieux. L'agence jugeait aussi que la marge opérationnelle négative de la division automobile de PSA ( -3,9% du chiffre d'affaires l'an dernier) pourrait être à peine réduite à  -3.4% en 2013. La note de PSA a été aussi dégradée par Standard and Poor's.

Pertes historiques

Le numéro un automobile français a essuyé en 2012 la plus lourde perte de son histoire avec un déficit net de 5 milliards d'euros (contre un bénéfice de 588 millions en 2011), qui inclut 4,7 milliards de dépréciations d'actifs dans sa branche automobile. Le groupe a aussi vu son résultat opérationnel plonger dans le rouge de 576 millions (contre un bénéfice de 1,09 milliard en 2011). Sa division automobile a affiché un trou de 1,5 milliard.

Parts de marché en baisse

Au premier trimestre 2013, PSA a vu ses immatriculations de voiitures en France fléchir encore de 19%, soit davantage que le marché total (-14,7%). Peugeot reculait de 15,3%, Citroën de 23,2%. Dans l'Union européenne, PSA a vu ses immatriculations, sur les deux premiers mois de l'année, plonger encore de 14,8%, alors que le marché total ne chute que de 9,5%. La part de marché du  groupe triclore n'est plus que de 12%, alors que le consortium s'est donné pour objectif de remonter à 13% sur l'année. PSA pâtit de la crise dans ses débouchés traditionnels que sont en Europe la France et l'Europe du sud. Mais le groupe ne parvient pas non plus à tirer tout le parti possible de ses modèles, concurrencés par les Volkswagen et les véhicules des spécialistes allemands du haut de gamme d'un côté, par les voitures du coréen Hyundai-Kia de l'autre. L'usine de Rennes sera d'ailleurs en chômage technique pendant plus de trois semaines à compter du 17 avril, un problème de fournisseur venant s'ajouter à la faiblesse des ventes, indique ce jeudi la direction du site.