Mercedes étudie activement la production de véhicules chez Renault en France

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  652  mots
Carlos Ghosn, PDG de Renault et de Nissan ( à gauche) avec Dieter Zetsche, président du directoire de Daimler.Copyright Reuters
L'allemand Mercedes devrait prendre prochainement sa décision. Il pourrait produire des véhicules chez Renault dans l'Hexagone. Au sein du constructeur français, on y croit.

Nissan, c'est oui. Mercedes, c'est peut-être ! "Mercedes pourrait produire des véhicules chez Renault en France. Mais la décision n'a pas encore été prise"; nous explique une source au sein du constructeur français. "La décision devrait être prise avant l'été", selon nos informations. "Ce serait un vrai bonus pour nos usines", précise Renault, qui semble y croire. Les véhicules du groupe de Stuttgart s'ajouteraient donc aux 82.000 Nissan Micra, annoncées vendredi dernier.  La firme au losange et son allié japonais Nissan ont en effet indiqué que l'usine de l'ex-Régie à Flins (Yvelines) allait fabriquer, à partir de 2016, la prochaine petite Micra. L'actuelle Micra vient... d'Inde. Mais, le site de Chennai étant limité, le japonais relocalise en Europe une voiture qui fut d'ailleurs naguère produite à Sunderland, outre-Manche, un site également saturé. Renault devrait par ailleurs produire à Sandouville, près du Havre, des utilitaires pour son partenaire japonais, avait récemment annoncé la CGT. Soit autour de 17.000 unités par an, selon le syndicat. De vraies bouffées d'oxygène.

Accord de fléxibilité

Après la signature de l'accord sur la compétitivité avec les syndicats, le 13 mars dernier, Renault réussit enfin ce qu'il n'avait pu concrétiser précédemment. "Il y a deux-trois ans, Nissan avait déjà fait ses calculs pour la fabrication du futur Qashqai. Mais il en avait conclu qu'il valait mieux pour lui augmenter les capacités à Sunderland, en Grande-Bretagne, que de produire chez Renault à Douai (Nord)", explique notre source.  Signé par les organisations syndicales CFDT, CFE-CGC et FO, l'accord de compétitivité intitulé « Contrat pour une nouvelle dynamique de croissance et de développement social de Renault en France » permet davantage de flexibilité, avec une augmentation de 6,5% du temps de travail, une refonte des comptes épargne-temps, un gel des salaires en 2013 et 7.500 suppressions nettes d'emploi en France d'ici à fin 2016. Cet accord permet d'abaisser de 300 euros le coût de chaque voiture fabriquée en France, selon le constructeur. La firme automobile française s'est engagée en échange à "produire un minimum de 710.000 véhicules en France à horizon 2016, contre un peu plus de 530.000 en 2012, ce qui portera le taux d'utilisation des sites français à plus de 85%". Renault s'est engagé à ne fermer aucune de ses cinq usines d'assemblage dans l'Hexagone.

Chute de la production

En 2012, Renault a  produit à peine 532.571 voitures et utilitaires légers dans l'Hexagone, soit à peine moins que l'ensemble de la production de son allié japonais Nissan dans sa seule usine britannique de Sunderland. Des niveaux quasi-dérisoires par rapport à 2005, par exemple, année où Renault produisait dans ses usines tricolores 1,27 million de véhicules ! Soit un plongeon de presque 60% en sept ans à peine !  Et ce, alors que la production mondiale du groupe au losange est quasiment restée stable sur la période. Flins a assemblé l'an passé 115.500 Zoé et Clio seulement avec 2.600 salariés, contre 270.000 voitures avec 4.750 personnes en 2004. Sandouville, le site phare de Renault en Seine maritime voué à la gamme moyenne et au haut de gamme, a vu ses effectifs passer de 5.300 employés en 2004 à 2.150 aujourd'hui. 

Participations croisées

Renault a pris le contrôle en 1999 du japonais Nissan alors en crise. Il détient aujourd'hui 43,4% de son capital. Par ailleurs, en avril 2010, Daimler, propriétaire de Mercedes, et l'Alliance Renault-Nissan ont échangé des participations, chacun détenant 3,1% de l'autre. Plusieurs projets de coopération sont en cours. Après le lancement par Mercedes de l'utilitaire Citan - un Renault Kangoo restylé et rebaptisé - et l'achat par la firme de Stuttgart de petits diesels français pour la Classe A, la firme tricolore et le consortium d'outre-Rhin vont commercialiser en 2014 des véhicules communs. La Renault Twingo III et la Smart à quatre places partageront leur architecture et seront toutes deux produits chez le français en Slovénie. Par ailleurs, Mercedes fournira notamment des moteurs et une plate-forme à Infiniti, marque de luxe de Nissan.