Comment Ford va sauver son usine de Bordeaux

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  426  mots
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Ford signera le 24 mai un accord cadre avec les pouvoirs publics pour la réindustrialisation du site de mécanique de Blanquefort, près de Bordeaux. 122,5 millions d'euros devraient être investis. Les collectivités territoriales apporteront 7 millions d'aides.

Un  grand jour pour l'usine française de Ford, sérieusement agitée ces dernières années.  Lors d'un comité de pilotage, le constructeur automobile américain doit  signer, vendredi 24 mai, un accord cadre avec les pouvoirs publics sur la réindustrialisation du  site de mécanique de Blanquefort, près de Bordeaux. L'accord était en négociation depuis plus d'un an. A cette occasion,  Ford confirmera son programme de 122,5 millions d'investissements. Les collectivités territoriales apporteront sept millions d'euros d'aides. 

Une nouvelle production

Premier pas: la mise en production dès juillet prochain des nouvelles boîtes de vitesses automatiques, qui équiperont le 4x4 compact  Ford Kuga et la future grande berline Mondeo. 90 millions d'euros auront été déboursés selon Ford sur ce seul projet, qui concernera 600 personnes. Le constructeur automobile a affiché son objectif de maintenir au moins 1.000 emplois dans son usine girondine, ce qui correspond à son effectif actuel. L'usine employait... 1.500 salariés en 2009. Dès 2014, le constructeur ajoutera la fabrication d'éléments pour d'autres boîtes de vitesses.

Vente ratée à HZ Holding

L'usine, dont le nom officiel est actuellement "First Aquitaine Industries" (FAI), a une histoire compliquée. Elle avait été vendue en 2009 par Ford à l'Allemand HZ Holding, lequel avait finalement échoué à bâtir un projet industriel financièrement viable. Du coup, le groupe américain a dû reprendre les rênes du site... en janvier 2011. Il est vrai que l'usine produisait toujours des pièces pour la firme automobile, en attendant le lancement de nouveaux programmes, notamment de fabrication d'éoliennes, qui ne se sont jamais concrétisés. Ce site, créé en 1973,  était  toutefois réputé pour sa médiocre compétitivté!

Reprise du site

Fermer  Blanquefort purement et simplement  aurait été pour Ford extrêmement onéreux, avec un coût politique et social élevé. Après bien des avatars, le groupe du Michigan s'est donc décidé à y allouer de nouvelles productions. Le personnel a notamment accepté un gel des salaires sur trois ans et une réorganisation du travail, en échange. Mais ce n'est pas gagné. Ford perd beaucoup d'argent dans cette usine aujourd'hui. Et l'ambiance y est assez électrique. Le constructeur n'a pas digéré la manifestation tapageuse et brutale de certains salariés sur son stand au dernier Mondial de l'automobile parisien en octobre dernier. "Nous n'avons pas confiance aujourd'hui dans la multinationale. Ford ne met pas les moyens suffisants (investissements, projets industriels supplémentaires) qui permettraient de tenir réellement les engagements pris", affirmait dernièrement la CGT... Drôle d'ambiance.