Ford et GM : le fiasco des constructeurs américains en Europe

Les immatriculations de Ford chutent de 23 % en Europe, celles de GM de 13 %. En pleines fermetures d'usines, les deux groupes américains perdent des parts de marché et ne prévoient pas de sortir du rouge avant 2015.
Ford Kuga II Copyright Reuters

Les deux constructeurs américains continuent de déraper en Europe. Malgré une gamme de véhicules réussis, bien adapatés à l'Europe et renouvelés fréquemment, Ford est en chute libre dans les immatriculations ! Il a plongé dans l'Union européenne de 23 % sur les deux premiers mois, soit une dégringolade des ventes 2,5 fois plus importante que celle du marché total (voitures particulières seules). Sa part de marché est passée sous la barre des 7 %, un score extrêmement faible puisque Fiat fait désormais mieux et BMW n'est plus très loin. GM chute pour sa part de 13 %. En France, les immatriculations de Ford ont chuté de 32 % sur deux mois, celles de GM de presque 19 %. L'année dernière, Ford avait déjà reculé de 13 % dans l'Union européenne et GM de 14 %.

Fermetures d'usines

En pleine restructuration, Ford a annoncé la semaine dernière que la fermeture prévue de l'usine de Genk en Belgique allait lui coûter 750 millions de dollars d'indemnités de départ, selon des termes négociés avec les syndicats. L'usine de Genk emploie 4.300 personnes. Sa fermeture, annoncée en octobre dernier, est prévue pour la fin 2014. Ford doit également fermer son usine britannique de Southampton (utilitaires) ainsi que des ateliers d'emboutissage du site de mécanique de Dagenham. Soit 1.400 supressions de postes supplémentaires. Le groupe de Dearborn avait affiché en Europe une perte avant impôts de 1,75 milliard de dollars (1,4 milliard d'euros) en 2012, avec un chiffre d'affaires en recul de 21 %. Et ça ne va pas s'arranger cette année. Le groupe prévoit une nouvelle perte avant impôts de 2 milliards de dollars (1,5 milliard d'euros) de ce côté de l'Atlantique. Le retour à l'équilibre n'est pas prévu avant 2015.

Forts déficits

Chez GM, ce n'est pas mieux. Opel, filiale allemande de GM, annonçait en effet, vendredi dernier, l'arrêt de la production automobile sur le site de Bochum outre-Rhin dès la fin 2014, après le rejet par ses salariés d'un plan qui prévoyait de manière "trop vague" la poursuite d'une activité jusqu'en 2016, selon une source syndicale. Opel est engagé depuis une douzaine d'années dans des plans de restructuration à répétition, qui n'ont pas empêché General Motors d'afficher de fortes pertes structurelles en Europe. Les réductions progressives de capacités ne suffisent pas à suivre  l'érosion des parts de marché d'Opel et de sa marque soeur britannique Vauxhall. La déprime des marchés européens n'arrange rien, car Opel vend aujourd'hui quasi-exclusivement sur le Vieux continent. General Motors a enregistré l'an dernier un déficit d'exploitation de 1,8 milliard de dollars (1,4 milliard d'euros) en Europe, après 747 millions en 2011. Le consortium de Detroit vise, comme Ford,  l'équibre... d'ici à 2015. GM a en outre passé pour 5,2 milliards de dollars (4 milliards d'euros) de dépréciations d'actifs en Europe dans ses comptes.

Outil en Allemagne

Alors, pourquoi ces difficultés, alors même que Ford et GM sont de très anciens acteurs sur le Vieux continent ? Tout d'abord, les deux groupes ont  historiquement une grande partie de leur outil de production concentrée en Alllemagne, où le coût du travail est élevé. Or, ne jouissant pas de l'image de qualité allemande, ils ne peuvent répercuter ces surcoûts sur leurs tarifs comme Volkswagen ou les constructeurs germaniques de haut de gamme. Leurs usines sont également anciennes, avec du personnel âgé. Et, paradoxalement, les deux sont très peu  présents industriellement en Europe de l'est, contrairement à Renault, PSA, Fiat ou Volkswagen. GM avait pourtant pris l'initiative, à la chute du Mur de Berlin, de s'implanter en Hongrie et en Pologne. Mais, les usines sont restées limitées. Ford s'est certes installé récemment en Roumanie, mais l'investissement est bien loin encore d'être rentabilisé. 

Modèles grand public

Ayant longtemps pâti de problèmes de fiabilité et de qualité de finition - comme leurs rivaux français ou italiens -, Ford et Opel ne sont pas montés en gamme. ils se retrouvent donc en plein dans le créneau si concurrencé en Europe des modèles grand public. Mais sans produits à bas coûts.  Par ailleurs, Ford Europe comme GM Europe travaillent par définition pour le marché européen seul. D'où leurs surcapacités dues à la fois à la contraction du marché et à leurs pertes de pénétration devant l'offensive de Volkswagen, des marques germaniques de haut de gamme ou du coréen Hyundai-Kia. Réduisant la voilure, Ford comme GM se retrouvent en conséquence avec des séries insuffisantes pour justifier et rentabiliser leurs investissements. D'où la politique de modèles communs des deux deux côtés de l'Atlantique pour Ford et les plates-formes communes GM-PSA pour l'autre américain... dont les premier fruits n'arriveront pas avant trois ou quatre ans.

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Commentaires 5
à écrit le 26/03/2013 à 17:33
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Ford et GM ne perdent pas leur énergie en Europe - pour l'instant - parce qu'ils suivent les priorités de la planification gouvernementale, à savoir l'industrialisation des Etats-Unis et les volumes de ventes, notamment par le captage de la technolog...

à écrit le 25/03/2013 à 12:16
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c'est bien pour cela que ces deux groupes prennent des moteurs , boites voire le véhicule utilitaire complet à Renault et PSA

à écrit le 25/03/2013 à 11:33
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C'est un problème de Design. Quand elles ne ressemblent pas à des coréennes, les Ford mimiquent sans jamais faire illusion le style Aston Martin. Pour Opel, on ressent une perte identitaire de la marque qui ne devient plus qu'un badge sur une GM. Ens...

à écrit le 25/03/2013 à 10:45
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PSA comme RENAULT devraient être équipementiers. Il sont le meilleurs en PLATEFORMES et TRAINS ROULANTS .

le 25/03/2013 à 11:22
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et FAURECIA c'est quoi ?

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