Usine PSA de Rennes : les élus bretons montent au créneau

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  631  mots
Citroën C5 produite à Rennes Copyright Citroën
L'usine bretonne de PSA, qui chôme une semaine par mois, produit presque trois fois moins aujourd'hui qu'au milieu des années 2000. Les élus s'angoissent et réclament des engagements fermes sur la fabrication de nouveaux véhicules dans cette usine de 5.400 personnes (10.000 il y a dix ans). 1.400 suppressions de postes sont en cours.

Les élus bretons s'alarment de l'avenir incertain du site PSA de Rennes.  "Il n'est plus acceptable de se contenter de vagues déclarations d'intentions, sans échéancier relatif au lancement effectif de la future C5 (projet industriel X8)", martèle Philippe Bonnin, maire de Chartres de Bretagne, la commune où est implantée l'usine PSA de Rennes. "Il n'est plus acceptable de voir un groupe industriel qui élude tout projet sérieux et directement lié à la filière automobile sur le site", ajoute cet élu socialiste, coordonnateur du récent Livre blanc sur l'automobile. " L'industriel  (doit) s'engager enfin et annoncer de façon certaine, c'est-à-dire avec des échéances contractuelles rendues publiques, les plans de relance de l'activité automobile sur le site". De tels engagements "doivent être annoncés avant l'été", réclame Philippe Bonnin. 

Réunion tripartite "décevante"

Le problème du site PSA de Rennes est double. D'une part, le groupe automobile a annoncé, en juillet dernier, la suppression de 1.400 emplois dans l'usine bretonne, sur un total de 5.400 salariés. Il s'est du coup engagé à réindustrialiser le site avec des partenaires extérieurs. Pour pallier les suppressions d'emploi. Or, ce dossier ne semble guère avancer.

La troisième réunion tripartite du 24 mai dernier sur l'avenir du site entre les représentants de PSA, les salariés, le Préfet avec les services de l'Etat, les parlementaires et les collectivités n'a débouché sur rien de concret, selon les élus locaux et les syndicats. « Nous en sommes arrivés à l'étude de projets (qui) représentent bien peu d'emplois pérennes à terme. De surcroit, leur financement dépend pour l'essentiel des ressources publiques », déplore Philippe Bonnin. La CFDT,  a dénoncé pour sa part  « zéro contrat CDI proposé aux salariés », le syndicat jugeant la réunion "très décevante".

Production fortement réduite

Mais, au-delà du problème des suppressions de postes, se pose globalement la question du devenir de l'usine de PSA elle-même. Le site, qui est en chômage partiel une semaine par mois aujourd'hui, a produit 129.600 unités à peine l'an dernier.... contre plus de 360.000 au milieu des années 2000, pour un potentiel installé qui était alors de 400.000 ! A cette époque, le site employait 10.000 personnes. Sacrée dégringolade. Juste derrière le site d'Aulnay - qui doit fermer l'an prochain -, Rennes est désormais le plus petit site d'assemblage de PSA en France. 

Naguère site phare et orgueil de PSA, l'usine produit aujourd'hui 2,5 fois moins de véhicules que Sochaux ! Spécialisée traditionnellement dans les véhicules les plus valorisants de gamme moyenne supérieure (Ciroën C5, Peugeot 508, aujourd'hui) et haute, l'usine pâtit de la chute continue de PSA dans ces créneaux. Le dernier vrai modèle haut de gamme de PSA, la Citroën C6, vient d'ailleurs d'y être arrêté.

Plate-forme modulable "EMP2"

Elus et salariés s'inquiètent d'autant plus que les futurs remplaçantes des C5 et 508 seront a priori développées sur la base de la nouvelle plate-forme modulable "EMP2" du groupe - commune aux voitures compactes et de gamme supérieure -,  industrialisée actuellement à Sochaux pour la Peugeot 308 II compacte (lancée au second semestre 2013) et à Vigo, en Espagne, pour le C4 Picasso II. De là à craindre que les futures C5 et 508 soient produites plutôt dans l'est de la France, dans une optique de rationalisation industrielle... 

Une angoisse qui se justifie aussi par le fait que Sochaux, berceau du groupe PSA, est très loin d'être saturé. De toutes façons, la prochaine remplaçante de la C5, qui a pris beaucoup de retard, ne devrait pas être lancée avant 2016... Il y a de quoi s'en faire, effectivement.