La famille Peugeot serait prête à céder le contrôle d'un PSA en crise

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  907  mots
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La famille Peugeot est prête à céder le contrôle de PSA Peugeot Citroën, si elle parvient à convaincre GM de renforcer son alliance et d'injecter des fonds, affirme l'agence Reuters. "On discute activement chez PSA, et évidemment au sein de la famille Peugeot, d'une éventuelle augmentation de capital", affirmait fin mai à latribune.fr une source proche du dossier.

La famille Peugeot est prête à céder le contrôle de PSA Peugeot Citroën, si elle parvient à convaincre l'américain GM  de renforcer l'alliance entre les deux groupes et d'injecter de nouveaux fonds, affirme ce mercredi l'agence Reuters, sous la foi de plusieurs sources proches du dossier. PSA et la famille fondatrice du groupe français  se tournent à nouveau vers GM, après avoir examiné d'autres partenariats possibles, notamment avec... le constructeur chinois Dongfeng, allié de PSA via une co-entreprise en Chine, ont ajouté lesdites sources. L'agence Reuters précise que ces discussions exploratoires ont même porté sur une vente de 30% du groupe à un consortium conduit par le groupe chinois, mais celles-ci n'ont pas abouti. "On discute activement chez PSA, et évidemment au sein de la famille Peugeot, d'une éventuelle augmentation de capital", affirmait fin mai à latribune.fr une source proche du dossier. Le problème, c'est que "la famille Peugeot n'a pas les moyens de suivre. Ca s'agite sur la question. Des discussions ont lieu dans la famille sur le pourcentage acceptable de dilution", indiquaient alors nos informateurs.

Les Peugeot contrôlent  37,9% des doits de vote

"GM est confronté au même problème de surcapacités avec (sa filiale allemande) Opel, et c'est pour cette raison que PSA essaie de le convaincre de fusionner les deux", a indiqué une des sources citée par l'agence Reuters. "La famille Peugeot a maintenant accepté qu'elle devra céder le contrôle, donc ce n'est plus un obstacle."  Le groupe familial Peugeot est toujours  le premier actionnaire de PSA, avec 25,2% du capital et 37,9% des droits de vote. La famille fondatrice avait souscrit pour un montant d'environ 140 millions d'euros à l'augmentation de capital de mars 2012. GM détient 7% du groupe français, avec lequel il a scellé une alliance début 2012.

Une problématique sociale et politique complexe

La semaine dernière, le PDG de General Motors Dan Akerson a certes assuré devant des journalistes en Chine qu'il n'avait pas l'intention, à ce stade, d'injecter des fonds supplémentaires dans son partenaire, tout en ajoutant : "si nous voyons que des choses changent, nous évaluerons la situation". La question d'un renforcement de l'alliance avec un rapprochement des activités industrielles de PSA et d'Opel  s'était déjà posée l'an dernier, comme latribune.fr l'avait alors dévoilé. Mais le projet avait été in fine suspendu à cause de sa complexité politique et sociale, qui rique d'entraîner des arbitrages très difficiles et de nouvelles fermetures de sites. Les difficultés de Banque PSA Finance, laquelle bénéficie aujourd'hui d'une garantie de l'Etat français, avaient aussi pesé.

Nouveau plan industriel

L'objectif est d'aller au-delà des projets actuels, axés sur une mise en commun des achats et la conception de familles de véhicules sur des plates-formes communes. "PSA devra présenter un nouveau plan industriel pour convaincre de participer à une augmentation de capital, et le seul espoir c'est GM",  souligne une des sources citées ce mercredi par l'agence Reuters. Les dirigeants de GM sont "prêts à injecter de l'argent supplémentaire s'ils peuvent contrôler l'activité, intégrer PSA et Opel et rationaliser la production", a-t-elle ajouté. L'Etat français pourrait prendre lui-même  une participation dans PSA, directement ou  indirectement, comme nous l'avions également évoqu. Le problème, c'est que, si PSA va mal, GM perd structurellement de l'argent en Europe depuis plus de dix ans!

Besoin d'une nouvelle injection de cash

Le temps presse. Malgré les discours rassurants des dirigeants de PSA,  le groupe aura probablement besoin d'une nouvelle injection de cash. Des décisions devraient êtres prises dans le courant de cette année, selon nos informations.  PSA a certes prévu de supprimer 11.200 postes entre 2011et 2014 en France et de fermer son usine d'Aulnay-sous-Bois en 2014, mais ce n'est pas suffisant. Philippe Varin, président du directoire du constructeur, a indiqué lui-même que le groupe consommerait 1,5 milliard d'euros sur l'ensemble de l'année 2013. Et ce n'est pas fini. PSA en consommera également en 2014, puisque, toujours selon Philippe Varin, le retour à l'équilibre n'est pas prévu avant la fin de l'an prochain. Dans le meilleur des cas. Car cet objectif suppose un maintien de parts de marché en Europe. Or, ce n'est pas le cas. La pénétration du groupe chute dangeuresement sur les premiers mois de l'année.  L'agence de notation Fitch affirmait d'ailleurs récemment que les objectifs de PSA devraient être reportés à 2015 au mieux.

Très mauvaise situation financière

Le constructeur a affiché en 2012 une perte nette de 5,01 milliards d'euros, dont 4,19 milliards pour le second semestre. Celle-ci inclut des dépréciations d'actifs massives, à hauteur de 4,7 milliards. Le groupe a vu son résultat opérationnel courant plonger dans le rouge de 576 millions l'an passé. Dans la seule division automobile, PSA affiche un déficit opérationnel de 1,5 milliard, soit une marge négative de 3,9%. Les ventes mondiales du groupe avaient chuté l'an dernier de 8,8% à 2,82 millions (véhicules montés). Sur le premier trimestre 2013,  le chiffre d'affaires trimestriel du constructeur français a reculé encore de 6,5% à 13 milliards d'euros, et même de 10,3% pour la seule la division automobile à 8,72 milliards. Sur trois mois, les ventes de PSA ont fléchi de 14,6% à 674.600 véhicules  dans le monde. Les résultats semestriels dévoilés fin juillet ne s'annoncent pas fameux du tout... Des précisions pourraient alors être données sur les grands projets en cours.