Automobile : le nouveau bonus-malus est beaucoup plus malus que bonus

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  687  mots
La nouvelle Peugeot 508 de base est taxée e 500 euros
Le nouveau bonus entre en vigueur ce vendredi 1er novembre. Il est en forte baisse. Le malus sévérisé frappera, lui, au 1er janvier 2014. Attention : les familiales "made in France" sont frappées. La Tribune vous propose le tableaux complet du nouveau barême.

Malus toute. Le système de bonus-malus prétendument écologique devait être incitatif. Mais, dans le nouveau barème 2014 dont la partie bonus entre en vigueur ce vendredi 1er novembre, il se transforme in fine en quasi-taxation pure et simple des voitures classiques, pour peu qu'elles soient familiales et roulent à l'essence...

Hormis quelques micro-citadines dotées de mini-moteurs diesel, les voitures classiques ne reçoivent plus de bonus au mieux ou écopent carrément d'un malus, dont le seuil démarre très tôt, et grimpe fort rapidement. Le malus "sévérisé" entrera en vigueur, lui, au 1er janvier prochain.

Les « familiales «  tricolores sont touchées

Dès le seuil des 131 grammes de CO2 au kilomètre, le monospace compact Renault Scénic écope, dans sa version de base, d'une taxe de 150 euros ! Les berlines familiales tricolores « made in France » sont également imposées. Pour la Peugeot 508 la moins chère au catalogue (moteur à essence 1,6 VTi) c'est une amende de 500 euros. Ça ne va pas arranger les affaires de l'usine bretonne de Rennes où elle est fabriquée, qui n'arrête pas de cumuler les jours de chômage technique.

Même punition pour sa demi-sœur la Citroën C5, également produite là-bas. La version diesel HDI 200, une des rares qui puissent concurrencer vraiment les belles allemandes, se retrouve carrément surtaxée de 1.600 euros.

 Les Dacia également frappées

Les voitures à bas coûts ne sont pas épargnées. Le « ludospace » Dokker, le véhicule à gros volume de chargement le moins cher du marché à 9.490 euros, équipé en version d'attaque d'un moteur à essence assez ancien, mais simple et éprouvé. Avec ce 1,6 de 85 chevaux, le propriétaire de ce véhicule devra désormais s'acquitter de 2.200 euros, qui représentent presque le quart du prix de vente !  Même chose pour le monospace le plus abordable du marché français, le Lodgy, à 9.900 euros. Pas sûr que Dacia, filiale roumaine à bas coûts de Renault, puisse maintenir ces versions d'attaque au catalogue.

Le tableau complet du nouveau barème des bonus-malus

NB : Les hybrides de moins de 110 grammes ne sont plus "bonussés" qu'à hauteur de 8,25% du prix de vente dans une fourchette maximale de 3.300 euros.

De moins en moins de bonus

Les seuls bonus, revus sérieusement à la baisse, concerneront désormais des voitures vendues au compte-gouttes. Évidemment, ça coûtera moins cher à l'État. Les modèles électriques, qui s'écoulent  essentiellement auprès d'organismes publics ou semi-publics, recevront ainsi 6.300 euros, au lieu des 7.000 antérieurement.

Les voitures émettant entre 21 et 50 grammes de C02 au kilomètre bénéficieront de 4.000 au lieu de 5.000 euros. Mais il n'y a quasiment pas d'offre dans ce créneau... Seuls quelques hybrides rechargeables vendues très cher rentrent dans cette catégorie, comme la Volvo V60 Plug-In Hybrid, une excellente voiture au demeurant mais coûtant… plus de 60.000 euros.

Les hybrides non rechargeables, eux ne seront plus « bonussés » qu'à raison de 8,25% du prix de vente à hauteur de 3.300 euros, contre 10% à concurrence de 4 .000 euros antérieurement. Rentrent dans cette catégorie les hybrides diesel du groupe PSA (Peugeot 3008 et 508, Citroën DS5).

Un système déficitaire

Chaque année, en fait, c'est le même « psychodrame » : conçu pour être neutre du point de vue des finances publiques, le système de bonus-malus auto lancé en 2008 se retrouve en déficit. Ce qui explique que le gouvernement durcit progressivement les conditions exigées pour obtenir un bonus, afin de tenter vainement de rééquilibrer l'ensemble.

Problème : les ventes de voitures peu émettrices de CO2 augmentent chaque année plus vite que prévu, tandis celles des autos « malussées » diminuent, là aussi, dans des proportions inattendues. Et encore dans le déficit n'inclut-on pas les pertes de recettes de TVA, le marché français s'orientant de plus en plus vers des petits modèles, moins chers et générant donc un volume de taxation moins élevé. Le gain budgétaire attendu pour le gouvernement est estimé à 103 millions d'euros pour… 2014. On peut toujours l'espérer. Ce système de bonus-malus, a-t-il encore du sens?