Comment les marchés se sont réconciliés avec Peugeot-Citroën

Par Nabil Bourassi  |   |  687  mots
Peugeot-Citroën revient en grâce sur les marchés et espère réintégrer le CAC 40 dès cette année.
L'action PSA est monté de près de 40% en trois mois seulement. Les investisseurs ont totalement revu leur analyse de l'entreprise qui ne risque plus la faillite. Elle est désormais une des valeurs les plus en vue du secteur, mais reste encore sous tension...

Les marchés y croient de nouveau! En trois mois, l'action PSA s'est envolée de près de 40%. Une véritable résurrection pour le constructeur automobile français après une longue traversée du désert. En fait, le titre est en train de redevenir la vedette du secteur automobile. Les brokers changent tour à tour leurs perspectives sur le titre dont ils fixent des objectifs de plus en plus haut. Mardi 27 janvier, c'est Citigroup qui changé sa recommandation de "neutre" à "achat", avec un objectif de cours de 12,7 à 14,8 euros. Le titre a terminé à 12,7 euros (+0,7%).

Les investisseurs ont changé d'avis

Pour Yohan Salleron, gérant chez Mandarine Gestion, il y a effectivement un changement d'opinion des investisseurs sur le titre PSA.

"De nombreux analystes révisent leurs chiffres sur PSA pour 2014 mais également leurs perspectives pour 2015. Ils avaient sous-estimé les effets du plan de réduction de coûts du nouveau management, sur les marges et la génération de cash-flow", explique le gérant à La Tribune.

Il faut dire que le constructeur automobile français revient de loin. Il y a encore un an, personne ne donnait cher de sa peau. Début 2014, l'Etat français avait dû organiser et participer à une recapitalisation afin de sauver le constructeur. Il s'était même résolu à faire entrer le groupe chinois Dongfeng au capital et à diluer la part de la famille.

"L'injection de 3 milliards d'euros de fonds propres début 2014 avait permis de lever l'incertitude sur l'avenir de l'entreprise", explique Yohan Salleron.

Carlos Tavarès adoubé par les marchés

Le départ de Philippe Varin a probablement été un autre motif de satisfaction des investisseurs. Ces derniers ont d'ailleurs adoubé son successeur Carlos Tavarès dont la carrière lui conférait une meilleure légitimité dans le secteur automobile.

Ce n'est pas tout. Les très bonnes performances du groupe en Chine ont également soutenu le titre compte tenu des perspectives de croissances que ce marché offre au groupe. Enfin, les investisseurs parient sur une reprise du marché européen - déjà perceptible en 2014 - mais qui pourrait s'accélérer en 2015 et 2016. Les analystes de Citigroup se fondent ainsi sur le programme d'assouplissement quantitatif lancé jeudi 22 janvier par la Banque Centrale européenne pour justifier cet optimisme.

PSA moins cher que Renault?

Il reste à savoir si l'appétence pour le titre PSA est pérenne. Yohan Salleron ne "voit pas de raisons d'un retournement sur le titre PSA à court terme". Il estime d'ailleurs que PSA est probablement une des valeurs qui présente le plus de marges de progression.

"Sur le secteur automobile, les équipementiers sont déjà bien valorisés, il n'y a plus grand-chose à attendre en terme de progression de leurs marges qui ont déjà atteint des niveaux historiquement hauts. Par ailleurs, PSA est moins cher que Renault qui est également bien valorisé", avance le gérant.

Le titre Renault affiche effectivement une progression de 25% sur trois mois soit une performance en-dessous de celle du secteur (+33%). Mais, il n'a jamais décroché contrairement à PSA. Sur trois ans, l'action Renault affiche une hausse de 104% tandis que l'action de Peugeot-Citroën s'est contentée d'un gain de 5%. Pour Yohan Salleron, cette soudaine hausse de PSA est aussi sa principale faiblesse.

"A la moindre déception ou accident du secteur, ce sera l'une des valeurs qui sera la plus sanctionnée compte tenu du parcours boursier de ces derniers mois" a-t-il ainsi relativisé.

Un titre sous tension

Le titre reste donc une valeur sous tension car le constructeur automobile est encore en convalescence. Les marchés y verront plus clair le 28 février prochain lors de la publication des résultats annuels. Toutes les données seront scrutées à la loupe. Il se pourrait toutefois que la tendance reste à la hausse. La prochaine étape pour PSA est de revenir sur le Cac 40 qu'il avait quitté en 2012. Ce retour avait déjà été évoqué en 2014.

"La perspective d'un retour de PSA dans le CAC 40 peut être un facteur supplémentaire pour justifier un soutien du titre par le marché " estime Yohan Salleron.