Bourse : faut-il se précipiter sur les équipementiers automobiles ?

Par Nabil Bourassi  |   |  867  mots
Goldman Sachs estime que Faurecia représente une proie dans le cadre d'une consolidation du secteur. Rien n'est moins sûr...
Goldman Sachs vient de publier une note où il recommande les équipementiers automobiles, tandis que Crédit Suisse, lui, vient d'abaisser sa recommandation sur Faurecia. Si ces sociétés affichent de bons résultats, et des niveaux de trésorerie intéressants, leur potentiel de hausse en bourse semble néanmoins largement entamé...

Faut-il acheter équipementier automobile ? Les marchés sont partagés depuis qu'une note de Goldman Sachs a semé le trouble mercredi 4 mars matin. D'après la banque américaine, il existe de belles opportunités sur les équipementiers automobiles. Elle a d'ailleurs relevé ses recommandations sur Faurecia et Valeo. Son appréciation sur le titre Faurecia est ainsi passée de « neutre » à « acheter », et l'objectif de Bourse est désormais de 46,6 euros, alors que celui-ci s'échangeait à 40 euros hier en clôture.

"Les transactions récentes laissent entrevoir une possible consolidation dans le secteur automobile et Faurecia semble bien positionné pour de telles opérations", écrivent les analystes de Goldman Sachs.

Goldman Sachs estime que le spécialiste des sièges et des systèmes d'intérieur devrait également profiter du dynamisme du marché américain et profiter du redémarrage de l'activité en Europe.

En retard sur Valeo

Valeo est également  bien vu par le broker américain qui reconnaît avoir été "surpris par sa capacité à générer de la croissance ces deux dernières années et, plus encore, à donner confiance dans sa capacité à dépasser la croissance de la production automobile, avec son solide carnet de commandes". Sur ce titre, Goldman Sachs est encore plus ambitieux puisqu'il porte son objectif de croissance à 130 euros, contre 106 euros auparavant.

Mais les analystes de la banque américaine sont en retard, puisque le titre côtoyait déjà les 130 dollars mardi en fermeture, et s'échange désormais à plus de 131 dollars ce mercredi (+1,46%).

Des hausses déjà importantes

Autrement dit, la question du potentiel de hausse sur les équipementiers automobiles est loin d'être tranché. D'ailleurs, Crédit Suisse prend le contre-pied de sa rivale et annoncé jeudi 5 mars une baisse de recommandation sur Faurecia, passant de surperformance à neutre.

Il faut dire que les cours des équipementiers ont déjà beaucoup augmenté ces dernières semaines, voire ces dernières années, en dépit des soubresauts d'une industrie européenne convalescente. Ainsi, le titre Valeo est en hausse de 26% depuis le 1er janvier, mais sa progression atteint 223% sur trois ans.

Faurecia a engrangé une progression de 30% depuis le début de l'année. L'équipementier doit néanmoins se contenter d'une progression plus timide sur le long terme avec un gain de 90% sur trois ans.

Les autres acteurs du secteur ne sont pas non plus à plaindre. Plastic Omnium est en hausse de 13% depuis le 1er janvier, mais le titre progresse de 252% sur trois ans, et de 873% sur cinq ans, une véritable performance pour une industrie aux cycles longs.

"Les équipementiers sont déjà bien valorisés" estimé Yohan Salleron, gérant chez Mandarine Gestion. "Il n'y a plus grand-chose à attendre en terme de progression de leurs marges qui ont déjà atteint des niveaux historiquement hauts", poursuit l'analyste à La Tribune.

Aux équipementiers automobiles, il préfère les constructeurs, lesquels reviennent de loin. Ainsi, PSA affiche une hausse de 47% depuis le 1er janvier après avoir touché des plus bas historiques fin 2013, début 2014. Le constructeur français vient de publier des résultats de bonne facture avec une profitabilité améliorée. Les analystes attendent même un retour de PSA au CAC 40 pour cette année...

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La consolidation: oui, mais...

La question de la consolidation du secteur est toutefois un vrai sujet, mais les équipementiers ne semblent pas l'aborder dans le même sens que Goldman Sachs. Si cette dernière considère que Faurecia constitue une belle proie, le groupe dirigé par Yann Delabrière, s'estime au contraire bien protégé par son actionnaire de référence, le groupe PSA, détenteur de 52% du capital. Autant dire que le capital est verrouillé, et si la question d'une cession de Faurecia par le constructeur automobile a souvent été sur la table, celui-ci n'a manifesté aucun projet en ce sens.

En pleine déconfiture financière, il avait résisté aux appels du pied du marché l'encourageant à se débarrasser de cet actif qui lui aurait rapporté 1,8 milliard d'euros. Le successeur de Philippe Varin semble marcher sur les mêmes traces. Pour preuve, la déclaration de Carlos Tavares, lancée mardi 3 mars, excluant toute vente de cette filiale. Il s'est ainsi justifié : "Parce que c'est du cash, pas de la profitabilité."

Du cash pour quoi faire?

Mais le secteur n'est pas à l'abri d'un mouvement de consolidation. Ainsi, les équipementiers croulent sous des montagnes de cash avec des trésoreries abondantes, mais surtout avec des niveaux d'endettement très faibles.

Chez Valeo, le ratio dettes sur fonds propres est à 12%, tandis que Plastic Omnium a baissé ce ratio de 47% à 30% en l'espace de deux ans. Pourtant, aucun ne semble envisager des mariages entre mastodontes. Ils pourraient néanmoins s'intéresser à de petits acteurs pour gagner des positions géographiques, ou des spécialités de niche. Aux Echos, le patron de Plastic Omnium a déclaré : "Nous identifions des opportunités pour acquérir une technologie ou gagner des parts de marché, mais nous ne voulons rien faire de structurant", a déclaré ainsi Laurent Burelle, Pdg de Plastic Omnium.