Automobile : la situation sanitaire en Asie affecte la production française

Par latribune.fr  |   |  763  mots
La production de l'usine Stellantis (PSA) de Rennes-La Janais sera à l'arrêt à partir de vendredi soir en raison d'un problème d'approvisionnement auprès d'un fournisseur en Malaisie touché par le Covid-19. (Crédits : PASCAL ROSSIGNOL)
Déjà pénalisé par la pénurie de semi-conducteurs, Stellantis est obligé d'arrêter la production de l'usine de Rennes à cause d'un cluster chez un sous-traitant malaisien. Le groupe Toyota est lui aussi affecté au sein de ses usines françaises, les restrictions sanitaires en Asie aggravant les tensions sur les chaînes d'approvisionnement.

Alors que le variant Delta frappe une partie de l'Asie, la reprise économique du continent est fragilisée, et l'effet ricochet arrive sur l'industrie automobile française. Ainsi, Stellantis - né de la fusion entre PSA et FCA -  et Toyota ont annoncé que la dégradation de la situation sanitaire en Asie du Sud-Est allait affecter leur production en France la semaine prochaine.

Cluster dans une usine en Malaisie

L'un des fournisseurs malaisien de Stellantis fait en effet face à une flambée épidémique au sein de ses équipes, ce qui l'oblige à fermer. Résultat, la production de l'usine Stellantis (PSA) de Rennes-La Janais, qui emploie 2.000 personnes, sera à l'arrêt pour cinq jours à partir de vendredi soir en raison de ce problème d'approvisionnement. Construit en 1961, il s'étend sur 138 hectares et est l'une des principales usines françaises du groupe. De plus, l'usine de Sochaux dans le Doubs sera de son côté partiellement arrêtée pendant trois jours.

La direction n'est pour l'instant pas en mesure de confirmer que la production puisse reprendre à l'issue de la semaine d'arrêt. Les salariés de cette usine PSA La Janais - qui produisent habituellement 400 véhicules/jour - sont ainsi placés en activité partielle. Situé au sud de Rennes, le site produit notamment le Citroën C5 Aircross et Sochaux le Peugeot 3008, deux SUV qui figurent parmi les meilleures ventes du groupe.

La direction assure avoir "pris rendez-vous" avec les salariés le 27 août "pour la reprise ou pas (de l'activité) la semaine d'après". Mais pour Christine Virassamy, représentante de la CFDT, "c'est un peu la douche froide, on se retrouve à nouveau dans une situation de 'stop and go' avec une visibilité très réduite".

Une pénurie qui n'en finit pas

La production chez PSA La Janais a en effet déjà été stoppée plusieurs fois depuis le début 2021 en raison de la pénurie mondiale de semi-conducteurs, en mars, en avril puis entre fin mai et début juin. Le syndicat s'inquiète de la durée de cette crise qui pourrait avoir un "impact financier pour les salariés". La CFDT estime que "la tension sur les approvisionnements des pièces notamment en provenance de Malaisie pour la BSI est importante au niveau du groupe".

Les constructeurs automobiles mondiaux pâtissent en effet depuis plusieurs mois de la pénurie de semi-conducteurs imputable au boom de la demande de produits d'électronique. Cette pénurie des circuits-intégrés grippe de nombreuses chaînes de production, d'autant plus que dans l'automobile, les puces sont utilisées partout : direction assistée, gestion du moteur, contrôle de freinage... et sont ainsi essentielles.

Stellantis n'attend pas d'amélioration avant le quatrième trimestre, et estime que l'impact de cette crise devrait être de l'ordre de 1,4 million de véhicules perdus sur l'année, pour moitié sur chaque semestre.

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Inquiétude du gouvernement japonais

Du côté de Toyota, le goulet d'étranglement de l'offre de puces va contraindre le géant automobile japonais à réduire de 40% sa production à travers le monde. Il en est de même pour son concurrent allemand Volkswagen qui a prévenu qu'il pourrait devoir encore réduire sa production en raison de cette pénurie.

Cette crise préoccupe aussi le gouvernement nippon qui craint que les projets américains visant à injecter des milliards de dollars dans la fabrication de puces pour contrer la Chine ne mettent fin à ce qu'il reste de l'industrie japonaise des semi-conducteurs autrefois dominante.

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D'autre part, le groupe automobile japonais est également affecté par la dégradation de la situation sanitaire au Vietnam et en Malaisie. Les nouvelles restrictions sanitaires en Asie aggravent les tensions sur les chaînes d'approvisionnement. Le site Toyota de Valenciennes (Nord), qui produit la citadine Yaris, a dû reporter de deux semaines la reprise de la production, prévue désormais le 6 septembre, a précisé à Reuters un porte-parole du groupe japonais.

Toyota avait déjà interrompu les chaînes de montage de certaines de ses usines entre la fin juillet et le début du mois d'août en raison d'une recrudescence des infections au Vietnam, qui avait limité l'approvisionnement en pièces. Le mois dernier, le groupe avait aussi suspendu la production dans plusieurs usines en Thaïlande en raison, là aussi, de la pénurie.

(Avec agences)