Seuls 7% de Français sont tentés par une voiture électrique lors de leur prochain achat

Par latribune.fr  |   |  878  mots
Les consommateurs prêts à payer plus cher le sont uniquement pour des technologies liées à la sécurité. Et la moitié d’entre eux ne veulent pas dépasser une enveloppe de 400 euros. (Crédits : Felix Ausin Ordonez)
L'intérêt pour les voitures électriques est relatif en France, selon une étude du cabinet Deloitte. En cause, malgré le bonus écologique mis en place par l'Etat, le prix d'achat du véhicule. Au niveau mondial, en ce qui concerne l'automatisation ou l'électrification des véhicules, les consommateurs de 25 pays attendent aussi une montée en gamme, sans augmentation de prix.

Alors que les prix des voitures augmentent, une large majorité des consommateurs français mais aussi américains, allemands, japonais, ou d'Asie du Sud-Est ne sont pas prêts à payer plus de 400 euros supplémentaires pour des équipements de sécurité, de divertissement ou des nouvelles motorisations. Seuls les consommateurs chinois sont plus enclins, en moyenne, à augmenter la mise, selon une étude mondiale et annuelle du cabinet Deloitte publiée la semaine dernière.

« Une majorité de la population attend que l'on maintienne le prix de vente tout en continuant à augmenter le niveau de technologie », a souligné Guillaume Crunelle du cabinet Deloitte.

L'étude a été menée dans 25 pays entre septembre et novembre 2021, auprès de 26.000 consommateurs dont 1.000 en France, via un questionnaire auto-administré en ligne. De quoi permettre de définir les tendances en termes de technologies et leurs aspirations en matière de mobilité.

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Payer plus cher pour plus de sécurité

Certains consommateurs sont prêts à payer plus de 2.000 euros supplémentaires pour des technologies liées à l'automatisation des véhicules ou pour aller vers une électrification complète ou partielle du mode de propulsion. Mais ces consommateurs sont une minorité, respectivement 6% et 11%. La majorité de ceux qui sont d'accord pour payer plus cher (72%) le sont uniquement pour des technologies liées à la sécurité. Et la moitié d'entre eux ne veulent pas dépasser une enveloppe de 400 euros.

À noter d'ailleurs que pour faire baisser le coût d'usage de son véhicule (maintenance, assurance...), 60% des consommateurs sont désormais prêts à partager ses données avec son constructeur ou un tiers. Soit 10 points de plus par rapport à la même étude réalisée en 2017.

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L'électrique à la traîne en France

L'enquête du cabinet Deloitte révèle que l'intérêt pour les voitures électriques est relatif en France. Seuls 7% des Français des consommateurs souhaitent se tourner vers une voiture 100% électrique lors de leur prochain achat (un pourcentage stable depuis 3 ans). Pour ceux qui refusent l'électrique, le prix est l'un des principaux freins. 89% des acheteurs ne comptent pas investir plus de 50.000 euros dans un véhicule électrique et 64% pas plus de 30.000 euros. Les prix démarrent à 17.000 euros environ et peuvent grimper jusqu'à 90.000 euros. À noter en plus qu'en France, nombre de véhicules électriques sont éligibles au « bonus écologique », une prime accordée par l'État qui peut faire baisser le prix d'achat jusqu'à 5.000 euros.

La tentation de l'électrique est bien supérieure dans certains pays comme l'Allemagne (15%), la Chine (17%) ou encore la Corée du Sud (23%), notamment grâce au faible coût d'usage des véhicules électrique et à leur pollution plus limitée.

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Parmi les autres freins : l'autonomie et le manque de bornes de recharge. Le gouvernement n'a pas atteint son objectif d'atteindre 100.000 bornes de recharge fin 2021. C'est pourquoi, dès novembre, l'exécutif a annoncé consacrer 500 millions d'euros supplémentaires à leur déploiement. Car la demande est là : près de 162.000 véhicules électriques ont été vendus en France en 2021, soit une hausse de 45,6% par rapport à 2020, selon NGC-Data.

D'après l'étude du cabinet Deloitte, face à ces freins, c'est l'hybride (rechargeable ou non) qui progresse fortement dans les intentions d'achat, puisque 37 %des consommateurs veulent se tourner vers cette motorisation qu'ils jugent plus rassurante. Les véhicules thermiques séduisent encore beaucoup avec 48% des consommateurs qui comptent en reprendre un (c'est néanmoins nettement moins qu'en 2017 (73%)).

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La voiture personnelle a encore de beaux jours devant elle

Selon le cabinet Deloitte, la place des véhicules personnels reste majeure dans les modes de transport, notamment aux États-Unis. La pandémie de Covid-19 a même renforcé cette préférence dans certains pays : 45% des Indiens et 31% des habitants d'Asie du Sud-Est interrogés souhaitent acheter un véhicule pour éviter les transports publics.

Les transports en commun restent le deuxième mode de transport préféré en Allemagne ou en France, et sont particulièrement appréciés en Corée du Sud et Japon. Le vélo prend la troisième place au Japon et en Allemagne.

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LES CANDIDATS À LA PRÉSIDENTIELLE INVITÉS À PRÉSENTER LEUR PROJET POUR LE SECTEUR AUTOMOBILE

Le lundi 14 mars prochain, les candidats à l'élection présidentielle devraient présenter leurs projets pour le secteur automobile et la mobilité des Français. Cette journée sera organisée par divers acteurs de la filière - PFA (constructeurs et équipementiers), Mobilians (professions de l'automobile), FIEV (équipementiers) et CSIAM (importateurs). Elle interviendra dans un contexte où les sujets liés à l'automobile se sont multipliés ces derniers mois (fermeture de plusieurs usines, enjeux liés à l'électrification du parc français, hausse du coût de l'essence et des véhicules). Plusieurs candidats se sont déjà montrés intéressés pour y participer selon une porte-parole de la PFA.

(Avec AFP)