Avec la nouvelle Mégane, Renault poursuit le défi d'un repositionnement de masse

Par Nabil Bourassi à Francfort  |   |  776  mots
Avec sa nouvelle Mégane, Renault veut se relancer sur le segment C.
En dévoilant sa nouvelle Mégane au salon automobile de Francfort, le constructeur tricolore ajoute une corde à son arc dans le cadre de sa stratégie de renouvellement intensif de son catalogue, accompagné du repositionnement rendu nécessaire de certains produits. Il s'agit de tourner la page des errances de style des années 2000, mais également de retrouver des positions fortes sur les segments les plus profitables...

Et de cinq ! Renault boucle une année de lancements intensive avec l'arrivée de la nouvelle Mégane. La marque au losange se pare désormais d'un ambitieux catalogue capable de confirmer sa relance dans le vieux continent et au-delà dans certains cas. C'est l'arrivée de Clio (2012) et Captur (2013) qui avait donné le ton de cette nouvelle offensive commerciale : un look plus marqué, des lignes plus sensuelles, un sex-appeal plus revendiqué. La suite s'appelle Twingo, Espace, Kadjar, Talisman et désormais Mégane.

Retour aux fondamentaux

Pour la marque française, il est question de revenir sur ses fondamentaux d'une offre grand public sur le terrain abandonné des segments supérieurs. Avec Mégane et Talisman, Renault espère reprendre l'offensive sur les flottes d'entreprises qui font le gros des volumes sur ces segments. Avec Kadjar, le Français espère s'installer sur les SUV compacts, et faire oublier l'échec du Koleos.

Après cette vague de lancements intensive, reste à se demander ce que Renault peut bien réserver pour l'avenir. La marque jure qu'il ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. Jérôme Stoll, directeur commercial du groupe, estime qu'avec un catalogue de 30 modèles, et à raison d'une longévité de 5 à 6 ans par modèle, Renault a la capacité de lancer jusqu'à 4 modèles par an... dans le monde précise-t-il aussitôt. Autrement dit, si Renault a 30 modèles dans son catalogue, il n'y a pas 30 modèles disponibles dans une concession européenne. Ainsi, le Kwid n'est pas destiné (pour le moment) au marché européen. Il a pourtant été dévoilé en mai dernier en Inde.

Scénic, Koleos, grande berline... Les prochaines surprises de Renault?

Le cycle du renouvellement du catalogue européen pourrait donc reprendre en 2018 avec l'arrivée d'un successeur à la Clio. D'ici là, il reste néanmoins quelques pans du catalogue dont l'avenir est sujet à débat. Le sort du Scénic suscite de nombreuses interrogations. Ce monospace compacte fait parti des fondamentaux de la marque, mais son segment se réduit comme peau de chagrin sous la pression des SUV. Renault est tenté d'expérimenter une réinvention du concept comme il l'a fait pour l'Espace grimé en « SUV ». Mais, le futur Scenic ne suivra pas ce schéma et pourrait préfigurer ce que Renault imagine être « l'après-crossover ».

En parlant de SUV, Renault n'en a pas fini avec ce segment puisqu'il ambitionne de lancer un successeur au Koleos, qui n'a pourtant jamais trouvé son public. Il s'agit pour la marque française de s'installer durablement sur ce segment très porteur. Avec le nouveau Koleos, la marque au losange proposera un gros SUV qui complètera sa gamme faite du Kadjar, Espace et Captur.

Enfin, dernier scénario envisagé : Renault va-t-il tenter une nouvelle aventure sur les segments des grandes berlines haut-de-gamme, successeur de feux Safrane, Vel Satis et Latitude ? Le constructeur a donc de quoi continuer de nous surprendre.

Chercher les marges là où elles sont

Il faut dire que Renault revient de loin. Les dernières générations de voitures de la marque au losange n'ont pas laissé un souvenir impérissable dans les mémoires. Les dernières gammes Méganes et Scénic pêchaient par des lignes austères et pas très sexy. De l'échec des Vel Satis et Koleos, se sont succédés les déceptions Laguna ou Twingo 2.

C'est un Renault nouveau qui est donc arrivé, incarné par son designer en chef Laurens Van der Acker. L'intensité des lancements est une façon de tourner la page des errances stylistiques. Mais Renault ne se contente pas de renouveler les lignes de son catalogue, en réalité, il le réaménage complètement quitte à repositionner certains produits. Car l'offensive doit permettre d'aller chercher les marges là où elles se trouvent, c'est-à-dire sur les segments supérieurs où Renault avait quasiment disparu.

Montée en gamme de l'Espace

Jérome Stoll se félicite ainsi d'avoir atteint un mix produit très important sur l'Espace : "l'Espace c'est pratiquement 40 à 50% de ventes en finition Initiale Paris (la version la plus haut de gamme, ndlr), alors que nous étions sur une hypothèse de départ de 20 », explique le patron des ventes à La Tribune en marge du salon de Francfort. Les ventes de Kadjar suivraient la même tendance.

Pour Carlos Ghosn, il était devenu nécessaire sinon urgent de renforcer ses positions sur son marché domestique s'il voulait consolider une offensive plus solide à l'étranger à l'heure où Renault doit affronter des vents contraires sur d'importants marchés (Russie, Brésil).