L'épouse de Carlos Ghosn dénonce les conditions de détention de son mari

Par latribune.fr  |   |  554  mots
(Crédits : KYODO)
Carole Ghosn, la femme de Carlos Ghosn, a écrit une lettre à l'ONG de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) où elle se plaint des "rudes" conditions de détention de l'ex-président de Nissan.

Dans ce courrier de neuf pages que l'AFP a pu consulter dimanche, Mme Ghosn déplore le fait que son mari soit détenu, depuis son arrestation le 19 novembre, dans une cellule éclairée nuit et jour, et qu'il n'ait pas accès à son traitement médical quotidien.

"Pendant des heures chaque jours, les inspecteurs l'interrogent, l'intimident, le sermonnent et l'admonestent, dans l'intention de lui extirper une confession", écrit Carole Ghosn à propos de son époux.

Dans sa lettre, sa femme affirme en outre que les enquêteurs ont mis la pression sur son mari pour qu'il signe des documents en japonais, une langue qu'il ne maîtrise pas, et dont seule une traduction orale lui a été faite, sans la présence de son avocat.

"J'exhorte Human Rights Watch à mettre son cas en lumière (...), à pousser le gouvernement à réformer son système draconien de détention et d'interrogatoire", a demandé Mme Ghosn.

Les conditions de détention de l'ex-patron des constructeurs automobiles japonais Nissan et Mitsubishi Motors ont suscité des critiques.

M. Ghosn n'a eu le droit jusqu'à présent de recevoir que ses conseils et des représentants des pays dont il détient un passeport (Brésil, France et Liban). Mais une décision de justice la semaine dernière l'a autorisé à recevoir dorénavant des visites de famille. L'avocat principal de M. Ghosn, Motonari Otsuru, a nié la semaine dernière que son client ait été contraint de signer des documents écrits en japonais.

"M. Ghosn ne nous a pas dit une seule fois qu'il ait dû signer quoi que ce soit dans une langue qu'il ne comprend pas", avait-il dit à des journalistes.

Il avait aussi précisé que son client avait été transféré dans une cellule plus spacieuse, munie d'un lit à l'occidentale, et assuré que M. Ghosn ne s'était jamais plaint auprès de lui de ses conditions de détention.

7 millions reçus d'une coentreprise, un nouveau chef inculpation

Le parquet japonais envisage de nouvelles accusations de malversations contre Carlos Ghosn, liées à sa rémunération à hauteur de sept millions d'euros par une structure conjointe à Nissan et Mitsubishi aux Pays-Bas, rapporte dimanche le quotidien Les Echos.

L'ancien président de Nissan Carlos Ghosn, détenu depuis le 19 novembre au Japon pour des soupçons de malversations financières à la tête de Nissan, a été inculpé vendredi de deux chefs d'accusation supplémentaires.

Selon les Echos, une nouvelle affaire pourrait éclater autour d'une structure Nissan Mitsubishi BV (NMBV), fondée en juin 2017 aux Pays-Bas par Nissan et Mitsubishi afin notamment de distribuer des bonus aux employés et managers des constructeurs.

Les trois directeurs ne devaient initialement pas recevoir de bonus de la nouvelle entité, mais en février 2018, Carlos Ghosn aurait réussi, sans en informer les autres directeurs, à se faire engager en tant que salarié de NMBV, lui permettant d'être éligible à ses rémunérations.

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Par ce biais, il aurait reçu "un bonus d'embauche de 1,46 million d'euros avant de se programmer un salaire annuel de 5,82 millions d'euros", indiquent Les Echos. Le journal précise en outre que le contrat de travail de Carlos Ghosn au sein de NMBV aurait été signé par "l'un de ses lieutenants".

(avec agences)