"La décote du titre Valeo est justifiée" Xavier de Buhren (Mirabaud AM)

Par Propos recueillis par Nabil Bourassi  |   |  469  mots
Xavier de Buhren, responsable actions françaises chez Mirabaud AM (Crédits : Droits réservés)
Pour Xavier de Buhren, responsable actions françaises chez Mirabaud AM, la vertigineuse chute du titre Valeo en Bourse (-65% depuis janvier) n'est pas seulement conjoncturelle, elle révèle également des faiblesses structurelles qui sont propres au secteur, mais également à l'entreprise elle-même.

LA TRIBUNE - L'action Valeo a encore dévissé vendredi dernier, perdant 21% en une seule séance portant sa perte à 65% sur l'ensemble de l'année... On pensait pourtant que le titre avait touché son plus bas et certains brokers étaient même repassés à l'achat en septembre.

XAVIER DE BUHREN - Structurellement, la performance des équipementiers automobiles était jusqu'ici orientée par les volumes des constructeurs. Sauf que le marché semble s'inquiéter de ce qui ressemble de plus en plus à un retournement du marché. Les trois plus grands marchés du monde donnent des signes de faiblesse. D'un côté, les constructeurs automobiles ont acquis une importante flexibilité de leur production en confiant une partie de la R&D (Recherches & développement), et donc de la valeur ajoutée, aux équipementiers qui en ont largement profité ces dernières années.

Mais ce faisant, les équipementiers ont également pris en charge le risque lié à cette valeur ajoutée à travers des engagements en investissements R&D conséquents. Par exemple, dans le cas de Valeo, la joint-venture avec Siemens engrange certes des milliards d'euros de commandes, mais en attendant, elle nécessite beaucoup d'investissements qui pèseront sur les marges du groupe.

Cette coentreprise avec Siemens est positionnée sur un segment extrêmement porteur qui est la propulsion électrique... Pourquoi le marché ne le voit-il pas comme un investissement sur le long terme.

Dans le contexte actuel, les conditions ne sont pas réunies pour avoir une visibilité sur le potentiel de cette joint-venture. Il faut prendre en considération le risque d'exécution : exécution des contrats, exécution opérationnelle, des volumes de production du marché...

La baisse de 65% de l'action Valeo depuis le début de l'année est donc justifiée ?

L'ampleur de l'avertissement sur résultat est extrêmement important. Il est désormais question d'une marge opérationnelle de moins de 5%, soit son niveau de 2009. Pour un titre qui se payait il y a peu avec une prime par rapport au secteur, la décote est justifiée. Il y a également un contexte de marché très particulier avec une averse au risque très accentuée. Sans parler des questions sur les échanges commerciaux internationaux qui ne sont toujours pas réglés.

Ces aspects sont très conjoncturels...

Valeo est mal orienté depuis le début de l'année, tandis que l'aversion au risque est apparue sur les marchés plutôt depuis début septembre. Au contraire, la publication a mis en lumière les problèmes structurels de Valeo comme l'absence de génération de free cash flow (trésorerie disponible, NDLR) en 2018 et 2019 ainsi que ses coûts, moins flexibles et moins variables que par le passé.

Propos recueillis par Nabil Bourassi