Valeo : l'inexorable plongeon boursier d'une valeur sûre !

Depuis le début de l'année, l'action Valeo a chuté de 43% faisant de l'équipementier automobile française la plus petite valorisation du CAC 40. Malgré son potentiel de croissance et alors que les brokers repassent petit à petit à l'achat, le titre ne parvient pas à enrayer sa chute qui s'est accentuée après l'avertissement sur résultat de Continental.
Nabil Bourassi
Valeo reste le numéro un mondial des capteurs, indispensables pour la voiture autonome.
Valeo reste le numéro un mondial des capteurs, indispensables pour la voiture autonome. (Crédits : Benoit Tessier)

Rien ne semble arrêter la chute... Le mardi 11 septembre, le titre Valeo enregistrait une nouvelle séance en baisse à la Bourse de Paris. Cette dixième séance dans le rouge - sur onze - s'est terminée sur un retrait de 4,88% à 35,29 euros. À ce prix, l'action de l'équipementier automobile français a été amputée de près de 43% de sa valeur depuis le début de l'année, voire même de 50% par rapport à son plus haut de l'année.

Le comité scientifique du CAC 40 se réunit prochainement pour décider ou non de son éviction de l'indice phare de la Bourse de Paris, et ce, quatre ans après l'avoir retrouvé.

Star déchue de la Bourse de Paris

À l'époque, l'entreprise emmenée par Jacques Aschenbroich était la star de la Bourse de Paris. Son action avait flambé de près de 630% en cinq ans. Cette performance reflétait autant le spectaculaire redressement de l'entreprise que les perspectives qu'elle représentait à long terme. Ce rallye semble définitivement derrière le groupe. Et pourtant, le potentiel de croissance n'en est pas moins important, sinon supérieur.

"Valeo, comme Faurecia, fait parti des équipementiers automobiles mondiaux les mieux positionnés sur des segments très porteurs comme les assistants à la conduite, ou l'électrification. Sur le fonds, je ne vois aucune raison structurelle pour expliquer une telle baisse de l'action. La raison est probablement conjoncturelle et déclenchée par l'avertissement de résultat de Continental survenu cet été", nous explique un expert du secteur, bon connaisseur de l'entreprise.

En outre, Valeo a su se retirer à temps d'activités devenues compliquées notamment sur les motorisations thermiques traditionnelles, très attaquées. D'ailleurs, l'un des principaux leviers de croissance du français à long terme est une coentreprise fondée avec Siemens autour des chaînes de traction électrique. Elle pourrait représenter plus de 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires autour de 2022, soit presque la moitié du chiffre d'affaire actuel. Sans oublier que Valeo reste le numéro un mondial des capteurs, indispensables pour la voiture autonome.

Les effets pervers de la norme WLTP

Sauf que Valeo a paradoxalement souffert de son succès. D'abord, sa survalorisation en Bourse se justifiait notamment par ces perspectives, mais également par le retard pris par les autres équipementiers français notamment Faurecia. On estimait la prime de Valeo à 11%. Mais le repositionnement de Faurecia (sur un modèle industriel proche de celui de Valeo) lui a redonné de l'attrait d'autant que la marge de rattrapage était bien supérieure à ce que pouvait offrir Valeo déjà bien valorisé.

En juillet, Jacques Aschenbroich a émis des doutes sur le troisième trimestre alors qu'approche l'entrée en vigueur de la norme WLTP. Cette prudence a été interprétée "comme un avertissement sur résultat, ce qui a mis le titre Valeo sous pression", explique Invest Securities.

"Cette fébrilité s'est accentuée par l'avertissement sur résultat de Continental quelques semaines seulement après avoir publié ses résultats semestriels", poursuit le broker.

Il semblerait que l'entrée en vigueur de la norme WLTP au 1er septembre a produit des effets très pervers pour la production automobile. Les constructeurs ont dû déstocker massivement des voitures qui n'étaient pas conformes. Tant et si bien qu'on estime à 300.000 voitures, le manque à gagner dans les usines européennes. Soit autant de ventes en moins pour les équipementiers. La rapidité à laquelle Continental a été contraint de publier son avertissement montre à quel point les prévisions ont été mal calibrées... Désormais, les investisseurs craignent que Valeo ait été durement impacté.

"On saura à l'occasion de la publication des chiffres du troisième trimestre si les craintes de Valeo sur ses marges sont confirmées et si l'exercice 2019 sera impacté. L'autre possibilité, c'est que Valeo soit contraint à un avertissement sur résultat avant le rendez-vous du T3", indique-t-on chez Invest Securities.

Les brokers arrêtent de "vendre"

L'autre enjeu est de savoir à quel point la situation du titre Valeo est structurel ou conjoncturel car les perspectives de croissance restent intactes. Seules quelques incertitudes pèsent comme les effets des guerres commerciales ou les effets des matières premières. Il faut également noter que les résultats du premier semestre n'avaient pas été à la hauteur des attentes. Le chiffre d'affaires avait augmenté de 9%, mais à périmètre constant, la progression n'est que de 5%. Le résultat net, lui, s'est carrément inscrit en baisse de 10%. Il existe une crainte que la machine à croissance rentable Valeo soit en plein ralentissement. Mais en attendant, les ratios de rentabilité restent élevés (autour de 8%).

Chez Invest Securities, on parie d'ailleurs sur une reprise de l'action :

"La baisse nous paraît excessive. Il y a six mois nous étions neutre sur le titre, nous sommes repassés à l'achat après avoir constaté la forte baisse du titre".

Et d'ajouter :

"Ce qui est frappant, c'est la vitesse à laquelle les multiples se sont dégradés. En quelques mois seulement, le PE (ratio cours sur bénéfice, ndlr) du titre est passé à fois pour une moyenne historique de 12 fois".

Fin août, les analystes de Goldman Sachs envoyaient un message similaire en passant de vendre à neutre sur le titre.

En pariant sur un trou d'air de nature conjoncturelle, les investisseurs peuvent alors parier sur un retour vers les ratios historiques du cours de Valeo. Le drame boursier de l'entreprise française pourrait alors devenir un jackpot avec peu de risques de pertes : "Il y a très peu de chances que le titre continue sa dégringolade", juge un analyste de marché.

Nabil Bourassi

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Commentaires 8
à écrit le 13/09/2018 à 17:03
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Faurecia et Valeo sont complémentaires, il faut un mariage pour devenir un groupe mondial !

à écrit le 13/09/2018 à 14:58
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tout dépend du moment de l achat:-)))))

à écrit le 13/09/2018 à 13:20
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Si l'action a pris 630% en cinq ans, cette baisse de 40% en 2018 est somme toute relative.

à écrit le 13/09/2018 à 12:58
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Vous m'avez convaincu : j'ai acheté. D'autant que le support à 5 ans est de l'ordre de 34.8 et qu'il a été effleuré. Le rendement actuel, compte tenu des dividendes prévues (donc toutes choses égales par ailleurs ( ;o) ), est de l'ordre de 3,4%.

le 14/09/2018 à 16:15
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Pour l'instant ça va : + 4% en une journée. Sacrée tempête les enfants ! ;o)

à écrit le 13/09/2018 à 8:37
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Il manque la fi de l’article

à écrit le 13/09/2018 à 8:20
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ca valait 3.30 en octobre 2008 ....

le 13/09/2018 à 11:12
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Et voila l’explication

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