Jamais le titre de l'équipementier automobile français n'a été aussi bas en cinq ans. Ce vendredi, l'action de Valeo plonge une nouvelle fois en Bourse, et d'une manière vertigineuse: -20% à moins de 24 euros, contre 64 euros en début d'année. Sur un an, la valorisation du groupe a été amputée de 60% de sa valeur. Cette tempête semble tout emporter avec elle: Faurecia flanche de plus de 7% tandis que Plastic Omnium abandonne environ 6%.
Tous les feux sont au rouge
Cette chute survient au lendemain du chiffre d'affaires trimestriel où Valeo a dû réviser ses prévisions pour le quatrième trimestre. En juillet, Jacques Aschenbroich avait prévenu que le troisième trimestre serait compliqué pour le groupe qu'il dirige, notamment sous la pression des taux de change, du ralentissement sur plusieurs marchés majeurs comme la Chine ou les Etats-Unis, mais également avec le choc du passage à la norme WLTP en Europe qui a suscité un énorme déstockage en juillet et août.
Le troisième trimestre n'a pas été bon pour Valeo qui a accusé une baisse de son chiffre d'affaires organique de 1% (il a augmenté de 5% après consolidation d'Ichikoh au Japon, de Valeo-Kapec en Corée du Sud, et de FTE Automotive en Allemagne.
Pour Jacques Aschenbroich pourtant, Valeo résiste et surperforme le marché de 2 points, puisque celui-ci accuse un recul de 3%. Il n'empêche que ses prévisions ont été revues à la baisse, pour la seconde fois en trois mois. Jusqu'ici, les analystes se demandaient si la baisse serait circonscrite au seul troisième trimestre, cette fois, Valeo confirme que le quatrième trimestre sera également impacté. Désormais, le groupe table sur une croissance du chiffre d'affaires de l'ordre de 6% à taux de change constants, contre une prévision précédente d'environ +9%.
"Pour nous, l'abaissement des prévisions est une importante surprise négative qui entraînera probablement une baisse du consensus sur le bénéfice", écrivent les analystes de Credit Suisse dans une note et cité par Reuters.
"Valeo n'a toujours pas répondu aux attentes de croissance du chiffre d'affaires, ce qui soulève des questions sur la qualité du carnet de commandes", ajoutent les analystes de la banque suisse.
Un secteur déprimé
La déprime du secteur des équipementiers automobile s'est accentué en août lorsque Continental a publié en août un profit warning, quelques semaines seulement après avoir publié ses résultats semestriels, illustrant la décorrélation entre la baisse du marché et les prévisions.
"Si la baisse de Valeo et de Faurecia est très liée, son amplitude reflète également l'aversion persistante depuis juin, du marché au secteur automobile. Pourtant, ce secteur (à l'exception des 'profits warning') gère plutôt bien un ralentissement connu et reconnu de la croissance du marché automobile pour les prochaines années," commente pour Reuters Grégoire Laverne, gérant des actions européennes et directeur général adjoint chez Roche-Brune Asset Management.
"On parle d'une croissance du marché automobile de l'ordre de 3% par ans pour les trois prochaines années," ajoute-t-il.
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