Matthias Müller dessine les lignes ambitieuses "d'un nouveau Volkswagen"

Par Nabil Bourassi, à Genève  |   |  454  mots
Matthias Müller vise le leadership mondial en matière de voiture connectée et autonome.
Le patron de Volkswagen veut faire de son groupe le leader mondial de la numérisation et de l'autonomie. Pour cela, il a fait la promesse d'une véritable révolution culturelle du mastodonte de l'automobile...

"Nous allons nous réinventer et réinventer l'automobile !" C'est dit ! L'ambition de Matthias Müller, le nouveau patron de Volkswagen, est de porter un projet qui n'a de mesure que le scandale des moteurs truqués qu'il tente de faire oublier.

Dans une rencontre avec les journalistes en marge du salon automobile de Genève, Matthias Müller a indiqué vouloir investir massivement dans la voiture autonome "pour des voitures plus efficaces, plus intelligentes, plus confortables et plus sûres que jamais".

Et pas question de s'allier avec un géant de l'internet. "Nous allons élargir nos compétences numériques pour devenir un acteur résolu de la numérisation de l'automobile", a-t-il lancé.

Pour ce faire, la conception des voitures prendra en compte le critère connectivité dès la conception, là où auparavant, celui-ci s'adaptait au véhicule. "Nous penserons la numérisation de la voiture en même temps que le châssis, et non plus après", a expliqué l'ancien patron de Porsche.

Le leadership, objectif assumé

Mais Volkswagen ne veut pas se contenter d'entrer dans la course, le groupe allemand veut prendre le leadership de l'autonomie et la connectivité. "Nous allons nous lancer de manière décisive parce que nous voulons être plus rapide que nos concurrents", a affirmé Matthias Müller. "L'âge d'or de l'automobile et de Volkswagen est pour demain", a lancé avec emphase celui qui proclamait encore récemment l'abandon de la course à la taille.

Johann Jungwirth, le nouveau directeur de l'innovation numérique du groupe n'en était pas moins éloquent. "Volkswagen ne sera plus seulement un constructeur automobile, ce sera un prestataire de mobilité et pour cela nous devons être aussi réactif et agile que la Silicon Valley" ambitionne-t-il. Le groupe veut ainsi en finir avec cette organisation pyramidale et rigide tant décriée depuis le scandale des moteurs truqués. Il a annoncé la création de trois centres de développement en matière numérique dans les trois plus importantes régions du monde automobile: la Chine, les États-Unis et l'Europe. "Pour prédire l'avenir, nous devons inventer l'avenir", a-t-il ajouté.

Un projet fédérateur pour un groupe encore traumatisé

Avec ce discours, Volkswagen veut se redonner une visibilité stratégique. Il ne s'agit pas seulement de convaincre les marchés, mais également de remobiliser les salariés, très ébranlés par "l'affaire".

D'ailleurs, Matthias Müller a pris un autre engagement autrement plus ambitieux : "L'année 2016 sera celle où nous allons régler cette affaire pour jeter les bases d'un nouveau Volkswagen", a-t-il promis. C'est sans compter les procédures judiciaires (notamment de la class action) qui peuvent parfois durer des années...